2es Rencontres LRMP : un nom, deux capitales, des opportunités économiques

Les 2e Rencontres de la Nouvelle Région organisées par La Tribune Toulouse et Objectif Languedoc-Roussillon ont réuni, le 24 mai, 250 acteurs économiques à Narbonne pour une journée de réflexion sur le nom de la nouvelle entité. Outre une intervention de Carole Delga, présidente de Région, un bilan économique et prospectif du territoire a été dressé.
Emmanuel Durand-Rodriguez (rédactrice en chef La Tribune Toulouse), André Joffre (pôle DERBI), Gilles Capy (EDF LRMP), Nicolas Cristi (SUNibrain), Pierre Deniset (French South Digital), Jean-Jacques Labadie (Air France - KLM), Bertin Nahum (Medtech).

Les 2e Rencontres de la nouvelle région, qui se tenaient à Narbonne le 24 mai, s'interrogeaient sur le futur nom de baptême de la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

Mais la question du nom ne sera qu'une étape dans la construction de la nouvelle entité régionale. Une identité sur laquelle pourront s'appuyer toutes les initiatives en matière d'économie pour favoriser la croissance du territoire.

« Un nom ne se suffit pas à lui même, c'est un étendard mais ce qui compte aussi, c'est le projet porté par ma majorité, confirme à cette occasion Carole Delga, présidente de la Région. Il faut vraiment créer une dynamique. »

Parmi les axes majeurs à développer, l'élue cite une politique éducative forte, un soutien aux entreprises, la question des transports, des liaisons aériennes et ferroviaires, et des infrastructures numériques, ou encore la création d'un parcours de formations d'excellence.

Entre polarisation et polycentrisme

La fusion réalisée au 31 décembre 2015 est aujourd'hui confrontée aux difficultés de migration des lignes administratives. Et « les formes de résilience des processus économiques territoriaux resteront fortes », prédit le géographe Jean-Paul Laborie. Mais le mariage de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon peut déjà tirer profit des spécificités des deux territoires.

« Au-delà des ressemblances et différences, les opportunités de travailler ensemble restent identiques », insiste ce professeur émérite d'aménagement du territoire et d'urbanisme à l'Université de Toulouse Jean-Jaurès, invité à dresser un bilan de santé économique de la nouvelle région.

Jean-Paul Laborie

Jean-Paul Laborie, géographe à l'Université Toulouse Jean-Jaurès.

Au chapitre des différences, ce bilan met en évidence d'un côté une forte polarisation de la capitale toulousaine autour d'une activité industrielle dominante (l'aéronautique) entraînant « une organisation pyramidale et un centre économique très concentré ». À l'opposé sur le littoral languedocien, on observe une économie présentielle des villes près de la mer.

« On parle alors de polycentrisme, avec une région organisée en réseaux le long de l'axe littoral entraînant une structure économique très diffuse », définit Jean-Paul Laborie.

Ainsi, deux systèmes économiques se côtoient-ils, pour un bilan prospectif encourageant, si l'on sait tirer avantage des atouts communs aux deux anciennes entités administratives.

Parmi ces atouts, on observe un dynamisme démographique très fort, couplé à une accumulation de nouveaux arrivants (45 % en Languedoc-Roussillon).

« Ces facteurs auront demain un effet sur la consommation pour devenir le moteur du dynamisme économique de cette région », explique Jean-Paul Laborie.

L'image à l'international

Certaines filières «pépites» portent déjà la région à l'international et ont expérimenté le processus de la construction d'une image hors des frontières.

« Quand on crée des filiales, la question du nom est essentielle : il faut fédérer en interne comme en externe, commente Gilbert Ganivenq, président du Groupe Proméo, à Sète (34). C'est pareil pour la Région. Il faut que les habitants s'approprient cette marque, mais aussi qu'elle reflète les valeurs que l'on met derrière, notamment ses atouts économiques : la gastronomie et la viticulture, l'industrie sous toutes ses formes, le tourisme, l'économie numérique et la santé. »

Nom Région table 2

Gilbert Ganivenq (Promeo), Jacques Gravegeal (Pays d'Oc), Michel Defrancès (vin du Sud-Ouest), Éric Rumeau (Mapaéro).

Parmi les filières fortes, la viticulture a déjà décroché ses lettres de noblesse à l'international avec les vins du Languedoc d'un côté, ceux du Sud-Ouest de l'autre. Un processus qui peut inspirer la réflexion sur les démarches à conduire pour renforcer l'attractivité de la nouvelle région.

Jacques Gravegeal, président du Syndicat des producteurs de l'IGP Pays d'Oc, a vécu de l'intérieur la naissance de la marque ombrelle Sud de France, initialement dédiée aux produits viti-vinicoles.

« À l'époque, nous avions pensé à Cépages Méditerranée, or les étrangers disaient que la Méditerranée n'évoquait pas la France mais plutôt l'Italie ou l'Espagne, met-il en garde. Il a donc fallu trouver autre chose. J'ai proposé Sud de France à Georges Frêche qui a immédiatement abandonné Septimanie... Aujourd'hui, j'ai une préférence pour "Occitanie" qui va très bien avec Pays d'Oc, mais je suis dubitatif. Quel que soit le nom, il faudra beaucoup de moyens pour que cela serve l'économie régionale. »

Côté Midi-Pyrénées, Michel Defrancès, président de l'interprofession des vins du Sud-Ouest rappelle la genèse des Vins du Sud-Ouest : « Nous avons construit les choses sur le périmètre économique et non administratif de Midi-Pyrénées et de l'Aquitaine. Il faut aujourd'hui voir ce qui nous rassemble. Le nom doit nous différencier, porter des valeurs distinctes, être lisible dans le monde. Notre premier identifiant, c'est le terroir, le territoire, qui nous définit auprès du consommateur. Nous sommes complémentaires... C'est par l'addition de ces images que l'on pourra construire. »

Dans l'aéronautique, l'autre secteur clef de la grande région, il est permis d'espérer des retombées positives pour l'ex-Languedoc-Roussillon, par extension de l'effet de marque autour de Toulouse.

« J'y crois beaucoup, affirme Éric Rumeau, directeur général de Mapaero, une entreprise spécialisée dans la peinture à l'eau pour l'aéronautique et située à Pamiers (09). La filière de maintenance, qui fait appel à des sous-traitants, est très importante. C'est par cette voie que nous sommes entrés dans le secteur. »

Des secteurs à conforter

Outre ces filières déjà reconnues, le nouvel espace régional compte des secteurs forts à conforter : transition énergétique, transport, numérique.

« L'économie du vent constitue un levier de développement pour notre territoire, avec deux systèmes très complémentaires, orienté biomasse pour Midi Pyrénées, et solaire-éolien pour Languedoc-Roussillon, qui font de notre région la première d'Europe en matière de potentiel d'énergies renouvelables », déclare ainsi André Joffre, le président du pôle de compétitivité DERBI.

Propos étayés par Gilles Capy, délégué régional EDF LRMP, qui met l'accent sur le mixte énergétique très diversifié de notre territoire : « Avec un parc hydraulique représentant 45 % de l'énergie régionale, des acteurs très importants qui favorisent le développement de l'éolien et du solaire, notre région est quasi autarcique, avec 92 % de ce qui est produit qui est consommé localement. L'économie de l'énergie est à 60 % résidentielle. Or les experts nous disent qu'on va concentrer le quart de la croissance démographique dans les années à venir. La région LRMP a une histoire à fabriquer et à réaliser en matière d'énergie, d'innovation, de transfert énergétique ».

Dans les secteurs numérique et énergétique, les acteurs économiques n'ont pas attendu la fusion administrative pour travailler ensemble.

« Notre start-up développant des panneaux solaires intelligents, aidée à sa création par la région Midi-Pyrénées, a bénéficié dès 2012 de l'aide du pôle de compétitivité DERBI basé à Perpignan, témoigne Nicolas Cristi, CEO de SUNibrain à Toulouse. Cette ouverture vers Languedoc-Roussillon, qui plus est dans le solaire, représente pour nous une réelle opportunité. »

Cette stratégie commune est aussi celle des clusters French South Digital à Montpellier et Digital Place à Toulouse.

 « Nous nous sommes créés avant que les deux régions ne se rapprochent et avons tout de suite travaillé ensemble en vertu d'un constat : les entrepreneurs numériques sont aujourd'hui incontournables, la Région a besoin de tout le potentiel de ses entreprises. Il n'y a pas d'autres voies si nous voulons créer la French California dans cette grande région, pour en faire la première région numérique en France », conclut Pierre Deniset, président du cluster montpelliérain.

Carole Delga, Présidente de Région.

18 ateliers en région

« Oui, la démarche devra associer les chefs d'entreprises, ajoute Carole Delga. La stratégie pour la croissance et l'emploi se traduira par la mise en œuvre de différents schémas : un schéma régional de développement économique, un schéma sur les formations professionnelles, et un schéma sur l'enseignement supérieur et la recherche. Nous allons les mener de front car ils sont complémentaires, et nous associerons les forces économiques et universitaires sur ces sujets. »

Pour stimuler cette synergie, la présidente de Région annonce l'organisation de 18 ateliers un peu partout dans la région, « par bassin d'emploi ». Ce cycle démarrera les 6 et 7 juin à Toulouse et les 14 et 15 juin à Montpellier.

« C'est le début d'un chemin de concertation, souligne Carole Delga. Nous voulons travailler au plus près des besoins des territoires. »

Retrouver le résumé en images de la journée sur ce lien.

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