LNMP : le Sommet des villes pour la Grande vitesse veut accélérer la procédure

Réussir l’union sur toute la ligne pour achever le corridor ferroviaire méditerranéen. Telles sont les conclusions du 8e Sommet des villes et agglomérations pour la Grande vitesse, le 13 octobre à Montpellier. Les élus sont unanimes : il y a urgence à sécuriser le financement du projet.
Cécile Chaigneau
Les 12 élus des Villes et Agglomérations du comitépour la Grande vitesse et l'interconnexion ferroviaire du couloir méditerranéen se sont retrouvés à Montpellier le 13 octobre.
Les 12 élus des Villes et Agglomérations du comitépour la Grande vitesse et l'interconnexion ferroviaire du couloir méditerranéen se sont retrouvés à Montpellier le 13 octobre. (Crédits : © 2009 AFP)

Mardi 13 octobre, Montpellier Méditerranée Métropole accueillait au Corum, le 8e  Sommet des villes et agglomérations pour la Grande vitesse et l'interconnexion ferroviaire du couloir méditerranéen. Ce comité rassemble douze villes, agglomérations ou métropoles espagnoles et françaises : Barcelone, Béziers, Carcassonne, Figueras, Gérone, Lleida, Montpellier, Narbonne, Nîmes, Perpignan, Tarragona et Toulouse.

Au programme de ce 8e Sommet : le soutien du projet de la Ligne Nouvelle Montpellier Perpignan (LNMP), chaînon manquant du corridor méditerranéen, et la question de son complexe financement.

La LNMP s'inscrit dans le prolongement du Contournement ferroviaire Nîmes Montpellier (CNM), une ligne à grande vitesse mixte voyageur et fret. La Commission Européenne a retenu le corridor méditerranéen comme une des lignes prioritaires voyageurs et fret du Réseau transeuropéen de transport.

Liaisons structurantes avec Barcelone

Le tour de table des élus et représentants des Villes et Agglomérations a confirmé un accord général sur l'urgence de ce projet structurant, « incontournable pour la cohésion des villes méditerranéennes », et sur la nécessaire mobilisation des États membres du comité afin de pouvoir engager les phases administratives et opérationnelles dès 2016.

« Ce n'est pas le projet de quatre maires, mais un projet européen, s'exclame le maire de Gérone, Carles Puigdemont. Vous pouvez comptez sur notre appui enthousiaste pour donner vie au besoin impérieux de ces infrastructures. »

« Il y a urgence à réaliser ce tracé qui offrira des liaisons structurantes entre Barcelone et les deux métropoles de la future grande région, Toulouse et Montpellier », renchérit Daniel Mach, vice-président de Perpignan Méditerranée Métropole.

« Nous soutenons fortement ce projet de LGV, dit également Michel Aujoulat, vice-président de la métropole toulousaine. Je ne suis pas pessimiste. La LGV de l'autre côté (LGV Paris-Bordeaux-Toulouse - NDLR) s'est faite avec tous les élus. Tous ensemble, nous pourrons avancer. »

« 20 millions d'habitants, 8,5 millions d'emplois, et on ne trouverait pas les financements ? », interroge Jean-Louis Chauzy, président du CESER Midi-Pyrénées.

Didier Mouly scandalisé

Le maire de Béziers, Robert Ménard profitait pourtant de la tribune qui lui était donné pour distiller du pessimisme.

« Ce sommet est-il celui de l'hypocrisie ? Ça ne fait aucun doute, s'insurge-t-il. Nous n'avons aucune chance de voir cette fameuse LGV avant 15 ans, 20 ans, 30 ans... Jamais peut-être ? Car il n'y a pas d'argent dans les caisses. Sans argent tout le reste n'est que théâtre, postures et mensonges. Ce sommet est-il celui de l'intérêt général ou de la "politicaillerie" ? Les appareils politiques, le PS au premier chef, ont choisi de faire les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, alors que les études étaient négatives. L'État continue de penser et d'agir comme au XIXe siècle, avec des tracés de notables !... La LGV est sacrifiée sur l'autel de la nouvelle région ! »

Il assurait néanmoins soutenir le projet, « sous réserves d'aménagements locaux ».

Une demande également relayée par Didier Mouly, le maire de Narbonne.

« La création de la nouvelle région prépare une nouvelle carte d'aménagement du territoire, explique-t-il. Nous devons revendiquer ces 150 km entre Montpellier et Perpignan, mais on ne devance pas l'arrivée de la LGV ! Cette nouvelle ligne transportera du fret jusqu'à Béziers, mais de Barcelone à Perpignan, le fret va emprunter une ligne traditionnelle. Je suis scandalisé que personne ne pense à nos ports, nos aérodromes... Aucun projet d'aménagements de liaisons n'est prévu ! Derrière la LGV, c'est le vide complet de l'aménagement du territoire. »

Le représentant du maire de Figueras rappelait également les problèmes rencontrés par la société franco-espagnole TP Ferro, concessionnaire de la ligne à grande vitesse entre Perpignan et Figueras (44,5 km dont 8,3 km de tunnel creusé à travers les Pyrénées), mise en difficulté depuis 2013 par une lourde dette, et placée en redressement judiciaire en juillet dernier par le tribunal de commerce de Gérone. À l'origine de ses problèmes : un budget de construction qui a explosé et un raccordement à la LGV avec cinq ans de retard.

« Nous constatons en effet que la faible circulation des trains par le nouveau tunnel transfrontalier du Perthus résulte principalement d'un manque de stratégie commune, stipule la déclaration commune du Sommet. Nous demandons aux gestionnaires de réseaux et autorités compétentes de concevoir au plus vite une gamme de services de proximité supplémentaires [...] afin d'optimiser et rentabiliser l'infrastructure exploitée par la ligne à grande vitesse. »

Dépasser les postures politiciennes

La veille, le président de la Région Languedoc-Roussillon, Damien Alary, avait fait savoir par communiqué son mécontentement de ne pas avoir été invité à ce 8e Sommet.

« Le maire de Montpellier n'a pas jugé utile de m'inviter à ce sommet, écrit-il. Je regrette cette inconséquence d'autant plus que la majorité des collectivités régionales, dont Montpellier, est rassemblée sous ma présidence et celle du Préfet de Région au sein des comités de pilotage du CNM et de la LNMP et que nous avançons collectivement au-delà de toute considération partisane pour tenir le calendrier des chantiers de la grande vitesse... Ce projet stratégique doit dépasser toute posture politicienne. En ce sens, j'approuverai tout acte de soutien que ce sommet pourra produire. »

Il ajoute : « J'ai obtenu, début 2015, l'accélération des études de la Ligne Nouvelle Montpellier Perpignan, ainsi qu'une augmentation des parts de financement européens. Le tracé sera arrêté par l'État en fin d'année. La mise en service doit être programmée pour 2020 ».

Cécile Chaigneau

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