La Métropole crée une Direction numérique et une Mission Ville Intelligente

Pour son projet Ville Intelligente, la Métropole de Montpellier opère sa mutation et réorganise sa Direction des systèmes d'information (DSI). Véritable pôle d'innovation, elle se dote d'une infrastructure et va gérer le hub datas qu'utiliseront tous les services internes. Le point avec Chantal Marion, vice-présidente de la Métropole, en charge du développement économique.

Vous intégrez le projet ÉcoCité à votre démarche Ville Intelligente. Comment avez-vous recomposé votre pôle DSI en conséquence ?

La particularité de Montpellier est bien d'avoir hérité de l'organisation déployée lors de l'appel à projets ÉcoCité. La Ville Intelligente s'appuie, à ce jour, sur l'organisation suivante : une équipe projet dédiée, des référents dans toutes les directions métiers et désormais nos propres serveurs. Les données ont été rapatriées depuis la plate-forme IBM et nous avons mis en place un « hub datas ». Pour installer un « réflexe données » dans toutes les directions de la Métropole (inciter les services à consulter les datas, NDLR) et atteindre les objectifs de notre deuxième feuille de route (la première était lancée en 2011, NDLR), nous allons faire évoluer notre organisation interne. Au premier janvier 2018, nous aurons une Direction des infrastructures numériques et une Mission Ville Intelligente.

En 2017, vous avez déployé les premières antennes d'un réseau privé de communication IoT sous technologie LoRa...

La nouvelle direction pilote déjà le réseau LoRa. Il couvrira toute la Métropole à la fin de l'année. Philippe Saurel travaille aussi sur des conventions avec les intercommunalités voisines, comme celle du Grand Pic Saint-Loup. Nous sommes le premier territoire à avoir un réseau LoRa privé à l'échelle métropolitaine. Trois antennes sont déjà en place, elles seront 15 à la fin de l'année. L'idée est d'optimiser les emplacements avec la fibre et l'alimentation électrique. Une antenne « indoor » sera installée dans l'Hôtel French Tech, pour permettre aux entreprises de tester leurs technologies sous réseau LoRa. Tous les capteurs devront être lus par trois antennes : si jamais l'une tombe en panne, une autre peut prendre le relais.

Quel cahier des charges aviez-vous défini sur le réseau IoT de la Métropole ?

Pas cher (rires) ! Quand nous avons débuté nos réflexions, les technologies LoRa et Sigfox n'existaient pas. C'était des réseaux comme M2OCity, avec des coûts en centimes par remontées de données. Ce système nous rendait dépendants, d'autant plus que les volumes étaient amenés à augmenter. Avoir notre propre réseau était plus rentable, nous pouvons traiter toutes les données sans surcoût. Sur la régie de l'eau, par exemple, il s'agit de 90 000 compteurs en cours d'installation.

Vous parlez du prix : quel est le montant global de l'investissement sur la Ville Intelligente ?

En recherche et développement, c'est un investissement de départ de 4 M€, ensuite le budget est de 2,4 M€ par an. Peu de Métropoles se donnent de tels moyens et nous bénéficions de co-financements de l'État et du contrat État-Région.

Les datas sont recensées sur une plate-forme open data. Quels sont les enjeux de cette initiative ?

Nous avons pratiquement 900 jeux de données sur l'open data, il faut les utiliser de manière intelligente et avec l'éthique nécessaire. Elles sont sous licence ODbL (permettant de copier et d'utiliser commercialement des sets de données, à condition de citer la source et de redistribuer identiquement les modifications, NDLR). L'idée est de les mettre à disposition, tout en gardant une traçabilité. Citoyens et entreprises peuvent s'en servir pour proposer des services. Nous avons déjà lancé plusieurs appels à projets en direction des entreprises, et des challenges Big Data et numériques, dont un dernier avec Toulouse Métropole.

Vous réfléchissez aussi à un projet de Blockchain. Où en êtes-vous ?

C'est un sujet très innovant, et la Métropole se questionne sur la façon dont nous pourrions l'intégrer. On l'aborde avec notre écosystème et avec des idées concernant ses possibles utilisations. Ce ne sont pas des éléments visibles par le citoyen mais qui visent à renforcer la sécurité de nos infrastructures.

Quelles sont les solutions issues de ces expérimentations ?

La Ville Intelligente vient répondre aux différents objectifs des politiques publiques. Lors de la phase de R&D, nous avons travaillé sur la mobilité et un calculateur multimodal prédictif : Smart Moove (ses fonctionnalités se retrouvent dans EMMA, le calculateur de la TAM, NDLR), mais aussi sur la gestion des risques avec Predict Services, qui a abouti à un outil géré par la direction de l'eau et de l'assainissement. Toutes les solutions ne sont pas forcément portées par la Métropole, même si elles utilisent nos données. Idealys, lauréat du challenge Big Data en 2014, a intégré un grand groupe, c'est notre rôle de développement économique. Le réseau est aussi un terrain d'expérimentation pour les chercheurs, qui ne peuvent pas utiliser les réseaux des télécoms. Nous bénéficions aussi du label DIVD (Démonstrateur Industriel pour la ville durable, NDLR), du ministère de l'Environnement, pour la constitution de la plate-forme My Eurêka et le pôle autonomie santé. Enfin, le bâtiment de La Mantilla, intègre de l'intelligence avec des capteurs pour la consommation énergétique ou l'affichage des horaires de tramway. Ces différents cas d'usage paraissent simples mais ils correspondent finalement aux besoins.

Vous avez un projet important sur un futur appartement connecté, le HUman at home projecT (HUT), afin d'étudier le rapport aux objets connectés...

C'est un projet transversal, que la Métropole finance à hauteur de 10 %, soit 700 000 €. Nous sommes les premiers à faire ce genre d'expérimentation, avec l'ensemble de l'écosystème autour de la table (universités, Métropole, entreprises, NDLR), et l'humain au milieu des objets connectés. L'opération va durer trois ans sur deux appartements, dont un secret. Les habitants seront des étudiants, car il nous paraît important d'étudier le rapport aux objets connectés d'une population qui a 20 ans aujourd'hui.

Quelles sont les prochaines étapes ?

On veut continuer et se faire connaître et reconnaître à l'international, mais aussi au national. Montpellier est un laboratoire vivant depuis le début, et la désigner comme "cité intelligente" n'est d'ailleurs pas le bon terme, il faut parler de "cité intelligible" pour les citoyens qui y vivent. Les Montpelliérains ne sont jamais contents, c'est dans les gènes. Pourtant, il suffit d'aller voir ailleurs pour se rendre compte de nos avancées. Parfois, dans les salons et conférences où je me rends avec Hélène Roussel (coordinatrice du programme Ville Intelligente, NDLR), nous faisons le tour des initiatives et bien souvent, nous constatons que nous l'avons déjà fait à Montpellier. Chengdu nous en parle, et à Helsinki aussi le maire est intéressé.

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