VIIA (SNCF) lance deux autoroutes ferroviaires entre le port de Sète et le Nord de l’Europe

Le port de Sète poursuit sa stratégie du multimodal et renforce ses capacités à assurer le transport des semi-remorques qui arrivent par bateau via le ferroviaire. L’infrastructure annonce ainsi le lancement de deux autoroutes ferroviaires en direction de Calais et Bettembourg. S’il s’agit pour le moment d’accompagner le développement du chargeur turc Ekol, le projet est bien d’augmenter progressivement ce transit par les trains en direction du nord de l’Europe.
Cécile Chaigneau
Le port de Sète vise les 40.000 remorques par an qui seraient expédiées via des autoroutes ferroviaires en 2022.
Le port de Sète vise les 40.000 remorques par an qui seraient expédiées via des autoroutes ferroviaires en 2022. (Crédits : Laurent Boutonnet)

VIIA, opérateur d'autoroutes ferroviaires du groupe SNCF, a lancé le 22 octobre deux nouveaux services d'autoroutes ferroviaires au départ du port de Sète (géré par l'établissement public régional Port Sud de France) : une ligne Sète-Calais (18 heures de transit) et une ligne Sète-Bettembourg (au Luxembourg, 12 heures de transit). Les trains transporteront au démarrage 42 unités dans les deux sens, constitués essentiellement de pièces détachées pour l'industrie automobile à destination du Royaume-Uni et de l'Allemagne.

Il s'agit en priorité d'accompagner le développement du groupe turc EKOL, qui souhaite déplacer une partie de ses volumes de Trieste vers le port de Sète-Frontignan.

« EKOL est un chargeur turc majeur qui transporte électroménager, pièces automobiles, du vestimentaire, etc., explique Olivier Carmès, le directeur général du Port de Sète. En 2015, il avait affrété un navire puis deux pour transporter ses remorques de la Turquie vers Sète. En 2019, souhaitant se reconcentrer sur son métier d'origine et donc ne plus gérer le transport maritime, cette activité de transport maritime a été reprise par le danois DFDS. »

Les services sont, pour l'heure, ouverts aux semi-remorques préhensibles (permettant un chargement horizontal) et aux conteneurs. Ce lancement est impulsé par le développement de la ligne maritime opérée à Sète par depuis juillet 2019, afin de répondre à une demande croissante des clients transporteurs.

« Passer de 10.000 à 40.000 remorques par an »

« Depuis 2015, Ekol, par souci d'optimiser le transport de ses remorques, a progressivement intégré le ferroviaire dans son développement en alternative à la route, et sur les 30.000 remorques qui venaient de Turquie, 10.000 remorques partaient sur l'autoroute ferroviaire vers Noisy-le-Sec, Bettembourg puis Calais, précise Olivier Carmès. Quand DFDS a repris le transport maritime, il a regroupé à Sète ses activités du port de Sète et ses activités de Toulon, soit 80.000 remorques par an, avec l'objectif d'utiliser le ferroviaire pour ses différents chargeurs que sont Ekol, Mars, Arès, Vip et Sunlog. Avec la crise, le transport ferroviaire de remorques s'est arrêté mais aujourd'hui, il a repris et Ekol a décidé de transférer vers Sète des flux qui partaient de la Turquie vers Trieste, à condition que le ferroviaire reprenne. La Société Ekol a repris contact avec l'opérateur historique à Sète, VIIA, qui a réussi à relancer ces deux destinations vers Calais et Bettembourg à raison d'un aller-retour par semaine chacune pour le moment, mais on devrait monter à trois. »

Car l'objectif du port de Sète est d'aller au-delà, afin de répondre à une demande grandissante des chargeurs, comme l'explique Olivier Carmès, qui espère attirer une 4e escale maritime de l'armateur DFDS en 2022 : « Sur ces deux nouvelles lignes ferroviaires, 100% des capacités sont utilisés, il n'y a donc pas de place pour d'autres chargeurs, mais avec la livraison de la nouvelle plateforme, l'objectif est de faire plus et ainsi de passer de 10.000 à 40.000 remorques par an vers Calais et Bettembourg, mais aussi Gennevilliers, et donc de l'ouvrir à tous les transporteurs... Le gouvernement a décidé d'ouvrir et d'accompagner financièrement trois autoroutes ferroviaires : Cherbourg-Bayonne, Le Boulou-Genevilliers (annoncé vendredi 22 octobre par le Premier ministre depuis Perpignan, NDLR) et donc Sète-Calais. L'ouverture de ces deux autoroutes ferroviaires est un signal important. Habituellement, il faut un délai de six mois pour obtenir des sillons ferroviaires. Une telle réactivité démontre la volonté de relancer le ferroviaire en France ».

Plus de 18 millions d'euros sur la nouvelle plateforme

Le port de Sète, très actif dans le transport multimodal, vient en effet de livrer une plateforme ferroviaire de 6 hectares dédiée à accompagner le développement des autoroutes ferroviaires et la mise en place d'une technologie de manutention horizontale et verticale. Un investissement de 9,4 millions d'euros répartis entre la Région Occitanie, propriétaire du Port (5,7 millions d'euros pour les aménagements ferroviaires) et Port Sud de France (3,7 millions d'euros pour l'aménagement de la plateforme).

Le projet a été financé à hauteur de 725.000 euros par la Dotation de Soutien à l'Investissement Local et de 5,14 millions d'euros de crédit européen du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER).

« Pour élargir les possibilités de chargement à tous types de remorques et pas seulement les remorques préhensibles sur la ligne Sète-Calais, il faut mettre en place la technologie du chargement horizontal, indique Olivier Carmès. On vient de livrer les travaux de la 1e phase et cette technologie fera partie de la 2e phase de la plateforme multimodale, ce qui sera l'objet d'un investissement privé de 9 millions d'euros. L'appel à projet a été clôturé et nous allons l'attribuer à un opérateur d'ici la fin novembre. »

Ces deux nouvelles autoroutes ferroviaires depuis le port de Sète s'inscrivent dans la stratégie environnementale de l'infrastructure portuaire qui ambitionne de faire passer sa part modale ferroviaire de 10% aujourd'hui à plus de 25% en 2022.

Cécile Chaigneau

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