Les cabinets radiologiques se disent menacés de "mort programmée"

La majorité des radiologues libéraux héraultais ont répondu positivement à l'appel à la grève de la Fédération nationale des médecins radiologues, le 23 mars. Objet de leur courroux : deux mesures prises par l'Assurance Maladie qui réduisent leur capacité d'investissement. Ils dénoncent une mise en péril des cabinets périphériques.

Les médecins radiologues héraultais ont répondu à l'appel national de grève du jeudi 23 mars, lancé par la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR).

« Environ 70 à 80 % des cabinets de radiologie sont fermés pour cette journée de grève, indique Jérôme Bénis, le président de la FNMR 34. Cela permet d'avoir une idée de ce à quoi ressemblera l'offre radiologique de l'Hérault dans cinq ans. »

La prévision s'appuie sur l'observation d'un phénomène déjà bien installé :

« Douze cabinets ont fermé en cinq ans dans l'Hérault dont ceux du Grau du Roi, Mauguio, Mende, Saint-Jean-de-Védas, Pérols, Vauvert, Vergèze, la Devèze à Béziers et plusieurs cabinets montpelliérains, détaille Thierry Blanc, vice-président régional et national de la FNMR. Résultat : il ne reste plus qu'un seul cabinet en centre-ville à Montpellier. Il n'y a plus qu'un seul cabinet en Lozère. »

Secteur attractif en disparition

Paradoxe : cette spécialité est victime d'une hémorragie alors que « le secteur est attractif », observe Patrick Souteyrand, vice-président national de la FNMR. En effet, le diagnostic ne pointe pas du doigt un défaut de rentabilité mais une capacité d'investissement mise à mal par les mesures de restriction budgétaires prises par l'Assurance Maladie.

« Nous sommes dans une impasse, explique Thierry Blanc. D'un côté, l'imagerie est de plus en plus sollicitée dans le diagnostic et traitement de nombreuses pathologies. Nous devons accueillir davantage de patients avec du matériel de plus en plus performant et cher qui nous demande des investissements. De l'autre, il faut que tout cela coûte le moins possible à la société et l'Assurance Maladie réduit notre capacité d'investissement. »

Deux mesures de rigueur

Dans les faits, l'Union nationale des Caisses d'Assurance Maladie (UNCAM) a acté, le 13 février, une baisse des forfaits techniques pour tous les examens de radiologie (scanner, IRM et TEP-Scanner). Lors de chaque acte d'imagerie en coupe, la Sécurité sociale verse une somme correspondant au forfait technique destiné à financer le fonctionnement (y compris les frais de personnel), l'entretien et l'achat d'appareils

« Les baisses vont de 2,5 % à 9,5 % pour l'IRM et de 4% à 5 % pour le scanner, précise François Klein, le secrétaire général de la FNMR 34. Elles entraînent directement une baisse de nos capacités d'investissement et de modernisation de l'imagerie. Or, dans le même temps, on nous demande de nous équiper d'appareils plus modernes car moins irradiants. »

La seconde mesure prise par l'UNCAM est la baisse du taux de majoration applicable aux actes de radiographie standard (radios et scannes mais par IRM), appelé modificateur Z.

« Avec cette mesure, l'acte de radiologie subit une baisse de 6 %, dénonce Jérôme Bénis. Elle met directement en péril les cabinets de radiologie périphériques qui dépendent beaucoup de l'activité de radiologie pure et qui n'ont souvent pas l'autorisation d'accéder au scanner. Si ce n'est pas une mort programmée, je ne sais pas ce que c'est. »

Vers un modèle centralisé

« Décisions unilatérales prises sans concertation», « injustes » et « contre-productives », les mesures prises par l'UNCAM sont critiquées tant sur la forme que sur le fond par les représentants syndicaux. Leur objectif est de générer une économie globale annuelle de 49,9 M€ pour l'Assurance Maladie. Mais pour la FNMR, ce plan d'économies pourrait avoir des effets contraires à terme.

« Les mesures prises vont avoir pour effet de fragiliser les cabinets radiologiques périphériques et de concentrer l'activité, explique Jérôme Bénis. Les radiologues vont se regrouper au sein de plateaux techniques localisés dans les plus grands centres urbains et abandonner une bonne partie du territoire. »

Ce phénomène de concentration a un coût, estiment les professionnels : des charges de transport qui vont s'accroître, des délais de rendez-vous allongés, des dépistages (notamment du cancer du sein) qui seront reportés puis oubliés par la population excentrée, etc. Ce sont également les traitements qui pourraient pâtir de ces mesures puisque « dans l'avenir, 40 % des actes de traitement cancérologie seront fait grâce à l'imagerie », précise Jérôme Bénis.

Nécessaires économies

Le principe de réduction des dépenses n'est pas contesté par ces spécialistes.  « Mais nous ne voulons pas être l'unique variable d'ajustement », expliquent-ils. Enfin, des propositions ont été faites par les professionnels, notamment pour réduire les actes non pertinents.

« En Europe, environ 20 % des actes médicaux pratiqués ne sont pas pertinents et occasionnent des dépenses inutiles, indique Patrick Souteyrand. Nous avons engagé une réflexion sur ce sujet. Aujourd'hui, la région Occitanie est en pointe sur puisqu'elle fait partie des trois régions pilotes depuis septembre 2016 pour travailler sur cette problématique. »

La région, côté Languedoc-Roussillon, compte entre 220 et 230 radiologues libéraux. « Chacun conduit à la création de 8 à 10 emplois », précise François Klein. Ils sont 5 000 à l'échelle nationale, avec 40 000 emplois associés.

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