La coopérative Sieur d’Arques dans la tourmente

Désavoué par une partie des coopérateurs lors d’un vote de confiance, le président de Sieur d’Arques, Maurice Lautard, a donné sa démission le 21 avril. Premier producteur des vins effervescents de Limoux, la coopérative traverse une crise qui n’est pas sans conséquence pour l’économie locale.

Ce sont moins de vingt voix qui ont fait la différence mercredi 20 avril, lors d'une assemblée générale extraordinaire de la coopérative de Sieur d'Arques (Limoux, 11). Consultés pour un vote de confiance, 111 adhérents ont désavoué leur président, Maurice Lautard, tandis que 92 coopérateurs lui renouvelaient leur confiance.  Le lendemain, le viticulteur présentait sa démission du conseil d'administration.

À l'heure qu'il est, la cave coopérative de Sieur d'Arques n'a plus de conseil d'administration à sa tête. Seul reste le directeur général, Pascal Chiaroni, et ses équipes salariés. L'arrivée d'un administrateur pour gérer les affaires courantes est annoncée mais sans précision sur la date. Idem pour la tenue de la prochaine assemblée générale qui désignera un nouveau conseil d'administration. « Nous sommes dans le flou »,  constate un salarié.

Bilan positif

Le bilan de Maurice Lautard ne semble pas être à l'origine du désaveu. La Dépêche du Midi relate en effet que « le viticulteur de Villar-Saint-Anselme a été publiquement salué à l'unanimité sur sa gestion des finances depuis 2012 ».

Arrivé à la tête de la coopérative à cette date, il a mis fin à une série de pertes enregistrées au cours des années précédentes. Dès 2013, la cave coopérative a généré un résultat légèrement positif (200 000 €) grâce à « un gros travail de redressement, basé sur le sérieux, la maîtrise des coûts et la recherche d'une meilleur valorisation », expliquait-il alors. Concrètement, cela a pris la forme d'un plan social occasionnant le licenciement de 34 salariés, d'investissements industriels et d'un travail de montée en gamme des vins.

Mais les résultats de cette stratégie se seraient trop fait attendre, selon certains témoins de la crise.

« Les viticulteurs qui n'ont pas renouvelé leur confiance à l'équipe dirigeante veulent un accroissement de leur rémunération car celle-ci est inférieure aux caves voisines, notamment à celle d'Anne de Joyeuse », commente un représentant professionnel.

 Stratégies AOP et IGP

Adepte d'une politique qualitative, Maurice Lautard et son équipe avait opté pour un repositionnement de l'entreprise et de ses marques commerciales associées aux AOP de Limoux.

« La cave de Sieur d'Arques essayait de sortir du marché des premiers prix, explique un connaisseur du dossier. C'était un travail de montée en gamme à long terme qui permettait d'avoir un produit réellement différencié des IGP effervescents qui vont bientôt arriver sur le territoire. »

Les conditions de production des vins en AOP sont souvent plus restrictives qu'en IGP (ex-vins de Pays). Des rendements autorisés inférieurs ou l'interdiction de l'usage de la machine à vendanger sont inscrits dans leur cahier des charges. D'où la nécessité de mieux valoriser le produit pour asseoir sa rentabilité.

Derrière la crise de la cave coopérative limouxine se pose la question de son positionnement sur les AOP Limoux ou sur les futurs IGP effervescents. Le choix des viticulteurs ne sera pas sans conséquence pour l'appellation car plus de 60 % des volumes des AOP Limoux effervescents sont produits par cette cave.

La cave coopérative de Sieur d'Arques réalise un chiffre d'affaires de 46 M€ (2014) pour un résultat net de 357 K€. Elle rassemble 225 viticulteurs, répartis sur un vignoble de 2 000 ha. Elle produit 6,6 M de bouteilles de vins effervescents et 4,8 M de bouteilles de vins tranquilles.

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