Les viticulteurs gardois créent un syndicat pour des « actions dures »

Nouveau né, le Syndicat des Vignerons Gardois veut mobiliser les viticulteurs sur des actions fortes afin de créer un rapport de force avec la grande distribution. Objectif : faire diminuer les importations espagnoles et redynamiser la production régionale en perte de vitesse. Les premières réunions de terrain se tiennent tout au long du mois de février.

Plus de cent viticulteurs étaient présents au rendez-vous donné par le tout nouveau Syndicat des vignerons gardois, le 7 février, à la cave coopérative de Bourdic. Le mouvement avait été lancé lors d'une réunion d'information dans les locaux de la Chambre d'agriculture du Gard, à Nîmes, quelques jours plus tôt, le 1er février.

Une troisième réunion est prévue le 13 février, à Remoulins. Puis trois autres rencontres sont programmées avant la fin du mois, toujours dans le Gard.

« Nous faisons le tour du département pour aller à la rencontre des vignerons, explique Xavier Fabre, un des vignerons à l'origine de ce mouvement. La participation va au-delà de nos espérances et témoigne de l'attente des viticulteurs en matière de mobilisation. C'est pour répondre à cela que nous créons ce syndicat dont l'assemblée générale constitutive devrait avoir lieu courant mars. »

Cette volonté de « mobilisation » fait écho aux difficultés économiques rencontrées par la filière depuis quelques mois. « Sur le terrain, ce n'est pas la joie », constate Xavier Fabre. En cause, des vins qui ne se vendent pas ou qui s'écoulent trop lentement.

Trésorerie fragilisée

« Les retiraisons accusent un retard de trois à quatre mois, indique le vigneron. Nous sommes bientôt début mars et de nombreuses caves sont aux trois quarts pleines. Les deux tiers de ce vin sont vendus mais n'étant pas retiré, il n'est pas payé. De plus, sachant que la majorité des paiements se fait à 60 jours, un vin retiré début mars ne sera payé que début mai. Résultat : les problèmes de trésorerie s'accumulent. »

Récusant l'idée d'une nouvelle « crise viticole », Xavier Fabre estime que les difficultés rencontrées par la production sont s'expliquent par des facteurs externes et non internes à la filière.

« Aujourd'hui, nous ne sommes pas dans une crise de surproduction, analyse-t-il. La hiérarchisation de l'offre régionale est claire et fonctionne avec des vins adaptés aux marchés. Les vignerons ont investi pour réaliser le tournant qualitatif et le vignoble est flambant neuf. Les démarches environnementales se multiplient. Bref, il est difficile de demander à la production de se remettre en cause. »

Les GMS en ligne de mire

Par contre, la grande distribution (GD) est invitée à reconsidérer ses pratiques. Accusées de « spéculer sur le prix des vins » et de « duperie » à l'encontre des consommateurs, les enseignes de grande consommation auraient accru leurs achats de vins étrangers (notamment espagnol) au détriment des vins régionaux (notamment des Pays d'Oc IGP) et « sans afficher clairement leur provenance ».

« Une étude de FranceAgriMer vient de révéler qu'en matière de Bag-in-box, les GMS (grandes et moyennes surfaces, NDLR) ont accru de 25 % leur offre en vin d'importation quand  celle de vin Pays d'Oc IGP diminuait de 25 %, précise le vigneron syndicaliste. »

Transfert non visible

Ce « transfert de marché » ne serait qu'à peine visible pour les consommateurs. Et ce à deux titre. Tout d'abord, les vins espagnols seraient commercialisés sous des noms « francisés » sous des marques de distributeurs et l'origine ne serait mentionnée qu' « en tout petit à l'arrière du bag-in-box ».

Ensuite, le prix ne vente de ces produits ne serait grandement inférieur aux vins régionaux.

« La GD achète les vins Pays d'Oc IGP entre 0,80 et 1 € le litre aux producteurs quand le vin espagnol est acheté 0,30 € aux viticulteurs, indique Xavier Fabre. Par contre, les premiers sont en rayon avec un prix consommateur situé entre 19 et 21 € le Bib et les seconds entre 17 et 19 €. Il y a un acteur qui prospère sur le dos des producteurs et des consommateurs et on sait qui c'est. »

Rapport de force

Le rôle du nouveau Syndicat des Vignerons Gardois sera de « dénoncer le double langage de la GD par un discours dur et des actions mobilisatrices ». Le choix des cibles se fera « par la base ». Des modes opératoires violents ou similaires au ceux employés par le Comité d'action viticole audois ou régional (CAV ou CRAV) ne sont pas envisagés.

« Nous ne sommes pas un syndicat à vocation violente, indique Xavier Fabre. Nous rassemblons des gens de tout horizon et de toute sensibilité. Notre volonté est de taper du poing sur la table pour que les syndicats déjà existants gagnent en légitimité pour échanger avec la GD. L'enjeu est de faire évoluer les rapports de force. »

Cantonné au département du Gard, ce syndicat pourrait faire des émules. Une structure militante existe déjà dans l'Aude avec le Syndicat des Vignerons de l'Aude et « il n'y a pas de raison que le mouvement ne prenne pas dans l'Hérault ». L'idée de porter ce mouvement à l'échelle régionale est évoquée afin de « parler d'une même voix », précise le vigneron.

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