Vendanges : vers une récolte encore plus basse que prévue en Occitanie

Marquée par la précocité, la vendange 2017 a été lourdement pénalisée par un climat atypique, dont des gelées aux dégâts conséquents. Avec des prévisions revues à la baisse le 25 août, les rendements marqueraient ainsi un net recul en Occitanie tandis que l’état des raisins présage d’un beau potentiel qualitatif.
Le volume de récolte s'établirait ainsi à 11,4 Mhl dans le bassin Languedoc-Roussillon (- 220 000 hl)

C'est l'année de tous les records. D'abord en terme de précocité puisque les premiers coups de sécateur ont été donnés le 24 juillet par le Château de Jau dans les Pyrénées-Orientales, sur du muscat petit grain, cueilli il est vrai, à moindre degré d'alcool pour la production d'un effervescent. Même scénario à Frontignan où la récolte des muscats secs a débuté le 31 juillet.

« Les vendanges enregistrent quatorze jours d'avance par rapport à 2016. En trente ans de métier, je n'ai jamais vu ça », témoigne Jean-Christophe Bourquin, président de la cave coopérative Château de Péna - S.C.V l'Agly à Cases de Pene (66).

Pour les cépages rouges, « certains domaines de l'Est héraultais ont même commencé à vendanger après le 15 août » constate Christel Chevrier, chef de service à la Chambre régionale d'agriculture Occitanie.

Maudit printemps

Confirmant une tendance observée depuis plusieurs années, ces vendanges précoces ne constituent pas l'aspect le plus saillant du millésime selon Laurent Mayoux, adjoint du chef de service FranceAgriMer-Draaf Occitanie, pour lequel « 2017 a surtout été marquée par des aléas climatiques multiples ». En avril, plusieurs épisodes de gel aussi tardifs que sévères ont impacté 50 000 ha de vignes et de vergers en région, à des degrés divers.

« Sur l'Hérault et l'Aude, les pertes vont à priori de 50 % à 100 % sur respectivement 15 000 et 20 000 ha de vignes et 5 500 ha ont été frappés dans les Pyrénées-Orientales dont 230 ha à plus de 80 % », détaille Christel Chevrier.

Sans oublier les vignobles AOC d'Estaing et d'Entraygues-Le Fel (gelés à 100 %) Cahors (80 %), Fronton (30 à 40 %). « La grêle a également touché plusieurs zones ajoute Laurent Mayoux. Puis, des pointes de forte chaleur alliées à un manque de pluie et du vent ont conduit à une situation de stress hydrique dans l'Hérault et le Gard. D'où une sortie de grappes moyenne globale. » Se sont ajoutés des phénomènes de « coulure » sur le grenache dans le Gard, c'est-à-dire la chute des fleurs au moment de la floraison et de la fécondation.

Faibles volumes

Annoncé comme historiquement bas par le ministère de l'Agriculture, le volume de récolte s'établirait ainsi à 11,4 Mhl dans le bassin Languedoc-Roussillon selon les prévisions Agreste du 25 août (soit 200 000 hl de moins qu'annoncé en juillet).

La récolte devrait être inférieure de 7,8 % à celle de 2016, et de 11,5 % à la moyenne des cinq dernières années, beaucoup moins toutefois que sur le plan national. Les volumes seraient en retrait dans l'Aude (3,1 Mhl contre 3,6 Mhl en 2016), l'Hérault (4,4 Mhl contre 4,6 Mhl) et le Gard (3,1 Mhl contre 3,5 Mhl) tandis qu'ils seraient en hausse en Roussillon (+ 0,1Mhl), du fait de réserves hydriques correctes.

Avec une perte de 460 000 hl cette année, le bassin Midi-Pyrénées est un peu moins touché mais n'est pas épargné, comme le souligne Michel Defrances, président de l'Interprofession des Vins du Sud Ouest.

« Les vendanges qui commenceront en milieu de semaine prochaine pour les blancs de Gascogne avec là aussi, deux semaines d'avance, s'annoncent très belles en qualité mais les pertes sont particulièrement élevées sur les vignobles d'appellation en rouge, touchés par le gel et la grêle, avec de fortes disparités puisque certains domaines ne vont rien récolter. »

Tel est le cas de l'aire AOC Cahors, où « d'après les estimations sur pied, les vignerons tablaient sur 30 000 hectolitres au lieu de 140 000 en 2016 » souligne Christel Chevrier.

Gestion compliquée

Seule consolation : « un état sanitaire bon, voire très bon, sur tout le bassin du fait de conditions estivales sèches ». La qualité devrait ainsi être au rendez-vous mais reste suspendue à la météo : « Sur ces raisins très sains, de faibles pluies auraient un effet bénéfique sur la baisse des degrés et la quantité de jus », estime Laurent Mayoux.

S'il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, « les premiers échos relatifs à la composition des baies évoquent de bons équilibres, avec un potentiel aromatique assez intéressant et des raisins colorés ». En attendant, la récolte donne du fil à retordre aux vignerons.

« Entre la chaleur et la tramontane qui fait gagner un degré sur quatre à cinq jours, tous les raisins sont en train de mûrir en même temps, ce qui rend difficile la gestion des apports », explique Jean-Christophe Bourquin.

Sur les parcelles impactées par le gel mais qui ont pu repartir, les raisins vont eux, arriver à maturité de façon plus tardive, d'où une hétérogénéité également compliquée à gérer. Au final, « l'année a été globalement complexe en France et en Europe, voire dans certains pays de l'hémisphère Sud, analyse Michel Defrances. Une certaine tension est donc à prévoir en termes de disponibilités et de prix ».

Les viticulteurs d'Occitanie comptent ainsi sur leurs stocks pour faire face à la demande, d'autant que la région enregistre un retard de commercialisation de 10 % en vins IGP et SIG. Reste à savoir dans quelle mesure cette petite récolte va dynamiser les cours, en retrait de 10,5 % sur les SIG et de 5,2 % sur les IGP*.

* Bilan du marché pour la campagne 2016/2017 au 1er août-Draaf Occitanie

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