L’AOP Pêches et abricots de France fêtera ses 15 ans au MedFEL : quel bilan ?

Dans un mois, du 26 au 28 avril, se tiendra le salon MedFEL, grande messe des fruits et légumes à Perpignan. L’association d’’organisations de producteurs (AOP) Pêches et abricots de France y célèbrera ses 15 ans d’existence. Quinze années pour quel bilan ? Réhabiliter les productions du sud de la France (majoritairement par des entreprises du Roussillon) et apporter des réponses aux enjeux de la filière, notamment sur les questions environnementales.
L'AOP Pêches et abricots de France regroupe aujourd'hui 80 % de la production française de pêches, majoritairement dans le Roussillon et la plaine de la Crau.
L'AOP Pêches et abricots de France regroupe aujourd'hui 80 % de la production française de pêches, majoritairement dans le Roussillon et la plaine de la Crau. (Crédits : Yann Kerveno)

Il aura fallu quinze années et beaucoup de travail pour remettre la production de pêches et de nectarines françaises en bonne place dans les rayons des grandes surfaces. Pour bien comprendre ce qui s'est passé, il faut remonter un peu dans le temps...

Les associations d'organisations de producteurs (AOP) sont nées peu avant la fin des années 2010 quand une vaste réforme envoie à la casse l'organisation économique de la filière fruits et légumes prévalant alors et segmentée en bassins de production.

« C'est une réforme majeure parce que de quelque chose d'obligatoire qui permettait d'aller chercher des financements, nous sommes passés à une organisation de type volontaire où il n'y avait pas de budget à aller chercher », résume Bruno Darnaud, producteur de pêches dans la Drôme et président de l'AOP Pêches et abricots de France.

C'est aussi un des moments culminant de la concurrence avec l'Espagne qui chamboule les marchés avec des volumes et des prix bas : « Ce que l'AOP a été chargée de faire, c'est de parvenir à repositionner nos pêches et nectarines face aux produits espagnols et malgré un coût plus élevé », explique Bruno Darnaud.

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« Cela évite des visites de producteurs dans les magasins ! »

La clé sera de rejoindre la démarche "vergers écoresponsables", lancée quelques années auparavant en France par l'AOP Pommes poires, pour entamer un travail de différenciation, qui a, depuis, porté ses fruits. Aujourd'hui, l'essentiel de la production de pêches et nectarines françaises est déployée dans deux bassins : le Roussillon qui produit la majeure partie des volumes de l'ancienne région Languedoc-Roussillon (potentiel de 80.000 tonnes) et la Crau (Bouches-du-Rhône) qui réalise une bonne partie des productions de la région PACA (potentiel de 60.000 tonnes). Des volumes d'ailleurs réalisés pour partie par des entreprises du Roussillon qui y ont développé ou racheté des vergers.

Quinze ans après, Bruno Darnaud se félicite du chemin parcouru : « Nous sommes parvenus à rassembler une grande partie des entreprises, coopératives ou privées, puisque l'AOP regroupe 80 % de la production française de pêches aujourd'hui, et 67 % de la production d'abricots. Mais surtout, nous avons tissé des liens étroits avec la grande distribution qui nous permettent, même si cela reste souvent complexe, de préparer et d'assurer les saisons en bonne intelligence. Cela permet à tout le monde d'anticiper sur la base des prévisions de récolte, de placer correctement les actions de promotion. Et cela évite des visites de producteurs dans les magasins ! » poursuit-il.

Epées de Damoclès

Mais les enjeux restent importants... Si le taux de renouvellement des vergers permet d'espérer un maintien du potentiel de production à moyen terme, les producteurs restent attentifs aux innovations, comme la nectarine plate (puisque les Espagnols ont mis la main sur les pêches plates).

Et des épées de Damoclès pèsent sur les produits phytosanitaires : « On espère surtout qu'on ne nous laissera pas sans solution, même si nous faisons évoluer le cahier des charges des vergers écoresponsables vers l'agroécologie ».

Du côté de l'abricot, qui a rejoint l'AOP en 2015, la problématique est un peu différente comme le résume Bruno Darnaud : « Il y a un problème de renouvellement du verger qui fait craindre pour le maintien du potentiel de production, avec le risque, à terme, que nous ne produisions plus suffisamment pour intéresser la grande distribution, mais c'est un peu plus compliqué à mettre en œuvre. Et nous avons aussi encore un gros travail à fournir sur les variétés pour gagner en qualité ».

De quoi occuper les quinze prochaines années.

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