Industrie du démantèlement : une 1ère collaboration entre le Gard et Toulouse

Le Pôle de valorisation des sites industriels (PVSI) concrétise une première collaboration entre le CEA et une start-up toulousaine. L’industrie de l’aéronautique et l’industrie du démantèlement nucléaire ont des relais de croissance à trouver l’une chez l’autre.
Cécile Chaigneau
Parmi les procédés innovants mis au point et développés par le CEA pour ses chantiers de démantèlement, figure le robot téléopéré MAESTRO qui offre la possibilité d’accéder en milieu hostile où le niveau de radioactivité interdit l’accès aux travailleurs.

Avec le Pôle de valorisation des sites industriels (PVSI), l'industrie dessine un pont entre les deux extrémités géographiques de la région : deux membres de ce regroupement d'entreprises, le CEA Marcoule et la start-up toulousaine Éléments, ont entamé une collaboration visant à permettre l'émergence de standards technologiques de conception d'équipements robotisés au profit de l'industrie de l'assainissement et du démantèlement nucléaire.

Né en 2014 autour des chantiers majeurs du site nucléaire de Marcoule, dans le Gard rhodanien, le PVSI rassemble des acteurs issus de la recherche, de l'industrie, de la formation et du développement économique, avec comme objectif d'être le pivot d'une filière industrielle française d'excellence dans le démantèlement et la dépollution.

La start-up Éléments, créée à Toulouse en 2014 (cinq salariés, 200 000 € de chiffre d'affaires), a été la première entreprise toulousaine à entrer au PVSI, en 2015. Elle propose au secteur du démantèlement nucléaire des technologies issues du secteur spatial. Son premier produit étant un dispositif de communication sans fil résistant aux radiations et destiné aux robots de démantèlement.

« Comme l'aéronautique, le démantèlement nucléaire fait appel à la technologie, les chantiers sont importants, et on exige que les personnels soient de moins en moins exposés aux radiations, ce qui crée un mouvement favorable à la robotisation », explique Stéphane Galinier, cofondateur et directeur général d'Éléments.

Machines volantes

Cette nouvelle collaboration s'inscrit dans un enjeu de taille : la normalisation des procédés face à la diversité et la complexité des projets de démantèlement, des chantiers qui requièrent des méthodes pour la conception et la qualification d'outils spécifiques.

« On est fasciné par ces machines volantes !, admet Philippe Girones, expert sénior en instrumentation nucléaire appliquée à l'assainissement-démantèlement au CEA Marcoule. La logique qui nous a rapprochés de Toulouse, c'est la curiosité : nous souhaitions comprendre comment les gens réagissaient dans la conception de machines dans l'avionique, notamment sur l'irradiation des satellites qui abîme l'électronique. L'objectif de cette collaboration, c'est d'éviter de faire deux fois la même chose, ce qu'a très bien établi le secteur aéronautique et spatial. »

La start-up toulousaine dispose en effet d'un savoir-faire dans la spécification, le développement, l'industrialisation et la qualification de systèmes technologiques intelligents destinés aux environnements sévères (agressifs vis à vis des dispositifs complexes, pouvant conduire à la destruction d'une de leurs fonctions), particulièrement dans les domaines de l'électronique, de l'informatique, de la mécanique et des radiations.

Un référentiel pour robots en milieux sévères

Les études engagées depuis quelques mois visent à structurer un référentiel d'exigences pour des systèmes robotisés adaptés aux milieux sévères tels que ceux existants sur les chantiers d'assainissement et de démantèlement nucléaire. Une première version de ce référentiel est attendue pour la fin de l'année 2016. Elle doit conduire, à terme, à une logique de labellisation des systèmes, voire des acteurs.

« Il s'agit d'abord d'observer si nous sommes loin de leurs pratiques, et ensuite de définir les moyens pour qualifier les équipements, précise Philippe Girones. Par exemple disposer d'une halle technologique pour réaliser des tests sur des scènes concrètes. »

« Il existe énormément de types de robots de démantèlement, chacun développé pour une application particulière, souligne Stéphane Galinier. Ce qu'on peut apporter dans cette collaboration, c'est du savoir-faire et des retours d'expérience pour définir ce fameux référentiel qui permettra de mutualiser les technologies et de les appliquer potentiellement à d'autres environnements. »

Relais de croissance

Cette première passerelle devrait en appeler d'autres.

« L'industrie de l'aéronautique nous intéresse, confirme Laurence Boisset, chef de projet dans le domaine de l'assainissement-démantèlement au CEA Marcoule et animatrice de la cellule opérationnelle du PVSI. On fait souvent des parallèles entre industrie nucléaire et industrie aéronautique. Ce sont des modèles que l'on compare... La fusion des régions fait que l'on regardera plus encore les apports respectifs des uns et des autres, même si on le faisait déjà au travers des pôles de compétitivité, comme Optitec par exemple. Mais cela permettra de renforcer des liens, de répondre à des appels à manifestation d'intérêt, d'avoir accès à des guichets communs de financement, etc. La problématique à Toulouse, c'est d'avoir un tissu industriel très dépendant de l'aérospatial. Or c'est un secteur cyclique. Les entreprises qui sont sur des niches technologiques sont donc intéressées par la possibilité de travailler dans d'autres secteurs. Il y a matière à trouver des relais de croissance respectifs. »

Cécile Chaigneau

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