Bons augures pour la sous-traitance industrielle

Lors des 1es Rencontres industrielles d'Occitanie, le 6 septembre à Béziers (34), plusieurs grands faiseurs ont confirmé l'ampleur et le cadre dans lequel s'ouvre leur marché local en sous-traitance. Le géant Airbus pointe l'enjeu du futur plan ADER pour l'extension de cette chaîne vers l'ex Languedoc-Roussillon.
La finalisation du plan ADER III, fin 2016, devrait ouvrir de nouvelles opportunités en sous-traitance dans l'aéronautique

La 1e édition d'Intersud, salon dédié aux professionnels de l'industrie et organisé par les CCI de Béziers et Toulouse le 6 septembre à Béziers, a réuni 40 grands donneurs (dont Airbus, Latécoère, Veolia, EDF, Suez, Alstom, etc.) et plus de 80 preneurs d'ordres. En marge des rendez-vous individuels, deux conférences ont permis d'aborder les nouvelles opportunités de marché pour la filière après la création de la grande région.

Des fenêtres d'opportunité

Malgré un déséquilibre entre les deux ex régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées (Toulouse concentre 30 % des emplois industriels à elle seule), l'Occitanie reste une région portée notamment par sa forte croissance démographique. Dans les activités orientées vers le service, cette impulsion nourrit toujours des besoins soutenus en sous-traitance : Veolia (CA régional : 500 M€, 2 200 salariés), par exemple, annonce qu'elle maintient un volume annuel de 70 M€ de sous-traitance sur ses deux métiers (eau et recyclage/valorisation des déchets) en Occitanie, qui se traduit par des commandes vers les sociétés du BTP, des transports (7 M€) ou des métiers de la maintenance, de l'entretien et de la modernisation des installations (10 M€).

"Il y a plusieurs critères à respecter pour cela, précise Patrick Lebertois, président délégué de Veolia LR. Notre groupe dispose de toutes les certifications ISO possible, et nous les exigeons naturellement de nos sous-traitants. Il est impératif également de veiller à la qualité des délais : sur un chantier tel qu'une usine d'incinération, ils n'ont que quelques jours pour intervenir car toute journée de retard se traduit par des pénalités parfois très lourdes pour Veolia."

Du côté d'EDF (9 300 salariés en région), le volume annuel d'achats locaux s'élève à 500 M€, permettant de maintenir environ 4 000 emplois en sous-traitance. Dernièrement, l'énergéticien a ouvert plusieurs chantiers d'importance.

"En quelques mois, nous avons livré le plan grand parc éolien de France dans les Pyrénées-Orientales, et nous avons lancé le projet de reconversion de notre site d'Aramon sur les cleantechs, cite Jean-Guy Majourel, délégué régional d'EDF. Et surtout, la centrale nucléaire de Tricastin, dans la Drôme, va être la première en France à bénéficier d'un programme visant à prolonger sa durée de fonctionnement de dix ans. L'opération représentera à elle seule pour EDF un investissement de 1 à 2 Mds € sur dix ans, et constituera de ce fait le plus grand chantier industriel de France sur la période. Or nous voulons doubler le pourcentage d'achats du site de Tricastin vers les entreprises gardoises."

L'extension de la chaîne aéronautique

Dans l'aéronautique, l'annonce en 2015 par Martin Malvy, ex-président de Midi-Pyrénées, d'un plan pour étendre le rayonnement du pôle Aerospace Valley vers le Languedoc-Roussillon a soulevé de grands espoirs, qui tardent toutefois à se concrétiser sur le volet de la sous-traitance. Le groupe Airbus, présent sur Intersud, se fait plus précis : la finalisation de la troisième mouture du plan État/Région ADER (Actions pour le Développement des Entreprises Régionales de sous-traitance), d'ici la fin 2016, pourrait ouvrir de nouvelles opportunités de marché, y compris en direction de PME hors aéronautique souhaitant se diversifier.

"Les précédentes versions du plan ADER ont permis de structurer la filière aéronautique en région Midi-Pyrénées, rappelle Didier Katzenmeyer, directeur des affaires industrielles d'Airbus. Nous avons réussi à créer des ETI (entreprises de taille intermédiaire, NDLR) dans la filière, et ce modèle fonctionne. L'Occitanie reste notre première région en sous-traitance, avec un marché de 3,7 Mds €, essentiellement autour de Toulouse. Dans le mesure où nous allons monter en puissance sur l'A350, nous aurons besoin de capacité industrielle pour honorer nos engagements et monter en cadence de production. Ceci peut intéresser tous les sous-traitants de rang 1. Mais aujourd'hui vient aussi le temps de savoir que faire pour les sociétés de rangs 2 et 3, afin de les amener à maturité et leur permettre d'aborder ces marchés, car elles peuvent nous apporter de l'agilité et du capacitaire elles aussi. La mise en place du plan ADER III, en fin d'année, va permettre d'ouvrir des sujets simples et pragmatiques, dans la performance industrielle, l'outil informatique, ou le diagnostic industriel et financier, où elles pourront se positionner."

"La sous-traitance dans l'aéronautique fonctionne un peu dans la région (l'ex L-R, NDLR), et pour certains secteurs tels que le ferroviaire, le pétrole ou le médical, il n'y aura pas de grand saut à faire pour rattraper l'aéronautique en matière de certification, témoigne Claude Patin, président d'Aéro Négoce International, à Béziers. Des passerelles existent déjà naturellement."

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