LRMP : les enjeux économiques et identitaires au-delà du nouveau nom

Les 2es Rencontres de la Nouvelle Région, organisées par Objectif Languedoc-Roussillon et La Tribune Toulouse le 24 mai au Théâtre Scène Nationale de Narbonne, permettront de brosser le profil économique de LRMP. Mais dans l'analyse des experts académique et marketing qui s'exprimeront, l'émergence d'un projet commun reste liée à des facteurs plus diffus que le seul choix d'un nouveau nom.

Les différences flagrantes entre les économies du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées ont fait couler beaucoup d'encre tout au long de l'année 2015 et du débat sur la réforme territoriale. Elles sont connues de longue date : économie très tertiarisée d'un côté (3 emplois sur 4 dans l'administration, la construction et le commerce de proximité) et très industrialisée de l'autre (144 000 emplois dans l'aéronautique et le spatial), faible niveau de vie d'une part (taux de pauvreté : 19,6 %, avant-dernier rang national) et PIB élevé d'autre part (3,9 % de la richesse nationale)...

Des oppositions trompeuses

Néanmoins, selon Jean-Paul Laborie, professeur des universités (Université de Toulouse 2), qui interviendra sur un keynote lors des 2es Rencontres de la Nouvelle Région, il serait réducteur de penser LRMP en terme de complémentarités et de différences. "On a certes des indicateurs contradictoires, relève-t-il. Le chômage est plus fort en Languedoc-Roussillon, mais cette région, dans le même temps, jouit d'une très forte mobilité. C'est là qu'on retrouve du travail le plus rapidement en France, alors qu'en Midi-Pyrénée, le taux d'emploi et la structuration de l'économie ne permettent pas la même souplesse."

"La logique économique des deux régions n'a pas changé depuis la fusion, poursuit-il. Midi-Pyrénées profite de la dynamique de l'aéronautique, avec ses milliers d'emplois, mais doit faire vivre l'ensemble de ce territoire depuis une assise située à Toulouse. C'est un projet régional de type pyramidal, proche de celui de Paris. Le Languedoc-Roussillon bénéficie d'une forte attractivité résidentielle qui, elle, favorise un partage de la croissance plus déconcentré, moins centré sur la capitale régionale. C'est un projet régional permettant un partage des initiatives, entre la Métropole et les Départements. Cette différenciation des projets peut être un atout - en plus des complémentarités qu'évoquent souvent les élus -, à la condition qu'elle débouche sur un nouveau projet régional."

Sous l'impulsion de Carole Delga, présidente de Région, des initiatives sont mises en route pour ébaucher ce nouveau projet régional : reconduction du Parlement de la Mer, création d'un Parlement de la Montagne, lancement des États généraux du rail, annonce des premières Assises de l'eau, et bien sûr consultation publique autour du nouveau nom de LRMP. Toutefois, pour Jean-Paul Laborie, le processus global est un mûrissement de la pensée politique qui, dans tous les cas, prendra du temps.

"Il est difficile de se projeter seulement à partir du choix d'un nouveau nom car l'émergence et l'appropriation d'un nouveau projet régional prendra du temps, précise-t-il. Pour l'instant, on vote un budget, on soutient les initiatives en cours, mais c'est avec le temps que ces initiatives seront amalgamées autour d'un projet commun. Cela s'est déjà vu par le passé, avec des projets tels que le canal du Bas-Rhône Languedoc, qui révélait une vraie vision prospective."

Une hétérogénéité à canaliser

En amorce et en clôture de la journée, Bénédicte Laurent, fondatrice de la société montpelliéraine Namae Concept et spécialiste de la création de marques, s'exprimera également sur la possibilité de se projeter dans un avenir commun à l'occasion cette consultation publique. Le débat est vif entre les partisans de l'approche identitaire et de l'approche marketing, mais là encore, selon la chef d'entreprise, les lignes de division sont plus diffuses.

"Ces deux régions comptent des habitants installés de génération en génération, très ancrés dans des mouvements identitaires ou des traditions, tels que les Occitanistes, la Catalanistes ou les Lozériens - mais elles attirent aussi beaucoup de personnes venues de l'extérieur, et qui doivent construire leur propre approche identitaire une fois installées, souligne Bénédicte Laurent. Il y a donc déjà, en interne, des identités fortes et des cultures très hétérogènes. Mon idée pour trancher le débat du nom serait d'identifier les valeurs communes au sein de cette hétérogénéité : quelle est notre essence d'être ? Quelles sont nos valeurs communes attractives pour l'extérieur ? Je regrette qu'à travers les cinq noms retenus pour la consultation publique, on perçoive surtout la volonté de permettre à chaque "clan" de défendre son bout de gras..."

Quid des entrepreneurs ?

"Les chefs d'entreprise sont déjà sensibilisés aux problématiques marketing, ils pourront donc faire le grand écart et rebondir dans l'hypothèse où le nom choisi serait mauvais, conclut-elle. On peut le voir dans des écosystèmes comme celui de Béziers, à l'heure où la ville a des problèmes d'image. Pour ne pas traîner ce problème comme un boulet, il faudra donc l'optimiser au travers d'un travail de communication, qui ne se limitera pas à l'achat d'espaces publicitaires..."

Les 2es Rencontres de la Nouvelles Région intégreront, en plus des interventions de ces deux experts et d'un discours de Carole Delga, les pitches d'acteurs économiques et de patrons emblématiques, deux tables rondes autour des filières porteuses et à conforter en LRMP, et une séquence interactive, avec questions/réponses et consultation électronique des 400 participants attendus sur cette journée. Les inscriptions sont toujours ouvertes sur ce lien.

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