Pourquoi le Pôle Mer pousse l'innovation

Dix ans après sa naissance, le pôle dédié à l'économie maritime et littorale, dont le siège est à Marseille, possède une feuille de route à l'horizon 2018 fortement axée sur l'innovation. Car en filigrane, des ressources biologiques à la protection de la biodiversité en passant par le transport, il est question de nouveaux marchés qui émergent. Et sur lesquels positionner les PME.

Comme ses "confrères", le Pôle Mer est né en 2005 et les dix bougies soufflées l'an dernier ont signifié le passage à une nouvelle ère, comme souhaité par Bercy. Installé à Marseille mais rayonnant en PACA et dans la partie Languedoc-Roussillon de la nouvelle région LRMP, le pôle Mer est forcément très observé au regard de ce représente l'économie bleue, de par ses ressources certes, mais aussi de tout le potentiel qu'elle représente pour des applications allant au-delà du maritime. D'ailleurs, la feuille de route 2013-2018 du pôle est entièrement tournée vers un axe, celui de "favoriser l'innovation", précise son directeur Patrick Baraona.

L'éolien, pas du vent

La mer, cette ressource qui n'a pas toujours été suffisamment prise en considération, est aujourd'hui au carrefour de bien des sujets allant de la sécurité à l'environnement en passant par les infrastructures, les ressources biologiques ou le nautisme. Rien que pour ce qui concerne l'énergie, l'éolien est devenu un sujet à lui tout seul, notamment l'éolien offshore flottant, que "nous poussons", précise Patrick Baraona. D'ailleurs "l'État a identifié des zones propices où pourraient être implantées des fermes pilotes afin de prouver que cela est viable dans le temps. Un appel d'offres a été lancé - il est clôt depuis avril dernier - nous espérons que certains sites dont celui de Fos-sur-mer, sera retenu".

Écosystème complet

De la faune et la flore marines naissent les biotechnologies bleues, qui adressent les secteurs de la santé et de la cosmétique afin de développer notamment des molécules intéressantes. Les travaux des chercheurs sont très regardés pour des applications industrielles, un regard qui se fait avec la SATT sud-est, maillon essentiel pour ce qui est du transfert de technologie. Côté aménagement du littoral et protection de la biodiversité, l'entrée en application en 2018 de la directive européenne (pour le milieu marin qui fixe comme objectif aux pays européens de réaliser ou maintenir un bon état écologique des eaux marines européennes au plus tard en 2020, NLDR) "va conduire à de nouveaux marchés pour ce qui est de l'observation et de la préservation du milieu marin", estime Patrick Baraona. En Languedoc-Roussillon, le grand cordon lagunaire davantage soumis à l'érosion côtière qu'en PACA, fait émerger une nouvelle filière, celle du génie écologique côtier. "Cela va permettre de concevoir des équipements intégrant des fonctions écologiques, explique Patrick Baraona. D'ailleurs quelques entreprises commencent à se spécialiser sur ce segment".

Prévoir le futur

Les ports sont également un sujet d'innovation. "Les grands ports commerciaux comme Toulon, Marseille ou Sète sont aussi confrontés au sujet de l'avitaillement qui, en privilégiant le gaz naturel liquéfié (GNL), doit permettre de réduire les émissions d'oxyde de souffre". Très attendu est le Navire du futur. L'appel à projet qui a été lancé par l'Ademe (et se conclut en octobre prochain) fait partie du programme d'investissements d'avenir et vise à financer de la R&D débouchant sur des réalisations industriables capables d'être commercialisées. Il sera question de développer des technologies innovantes qui équiperont nouveaux comme anciens navires.

Déception pour GreenStars

Décevante, en revanche a été la culture des micro-algues en vue d'en faire du bio carburant. Le programme GreenStars qui regroupait notamment l'Inria, l'Inra, les Universités Montpellier, Pierre et Marie Curie et le CNRS n'a pas été, in fine, financée, les industriels de l'énergie considérant que la rentabilité ne serait pas au rendez-vous. Innover, c'est bien mais ce n'est pas toujours suffisant. Car se pose toujours la question du modèle économique.

Orientation et enjeu

De fait, "nous sommes davantage orientés non plus tant sur des projets collaboratifs mais sur des projets orientés marchés. Le fait que ces projets soient labellisés par le pôle Mer leur permet d'être auditionnés rapidement". En tout, 294 projets ont été labellisés pour un montant de 776 M€. Une trentaine de projets l'est chaque année, "une bonne production qui ne faiblit pas", se réjouit Patrick Baraona.

Simultanément, "nous accompagnons les PME sur des prospections à l'international". Une mission à San Diego a par exemple été organisée ce mois de juin, une autre est prévue vers la Corée en juillet. Quant au financement, "on nous demande d'avoir un modèle qui s'appuie à 50 % sur le privé et à 50 % sur le public. Si on veut que les pôles jouent leur rôle, il faudra toujours une partie de financement public puisqu'on nous demande d'être le relais des politiques régionales et nationales", estime Patrick Baraona.

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