Loic Soubeyrand, haut débit version calme

À 28 ans, il est à l'origine d'une success-story. Son entreprise Teads, fondée avec deux amis, est, après avoir fusionné avec E-Buzzing en avril, en passe de devenir le leader mondial de son secteur : la monétisation de contenus web par la vidéo. Entre sérénité et obstination, Loïc Soubeyrand est la force tranquille de l'entrepreneuriat.
Loic Soubeyrand, Teads

Il a une attitude trompeuse de nonchalance. Les cheveux longs, en tenue décontractée, Loïc Soubeyrand représente, à 28 ans, une nouvelle génération d'entrepreneurs. Cofondateur et dirigeant de l'entreprise montpelliéraine Teads, spécialisée dans la monétisation de tous types de contenus sur le web par la vidéo, il discute business en employant les mots « collaboratif », « ouverture » ou « partage ». L'air un brin insouciant, il est, en réalité, un redoutable homme d'affaires qui ne lâche rien.

« C'est quelqu'un de très posé, de calme et très clair dans ce qu'il transmet, confie son ami et collègue, Olivier Reynaud, cofondateur de Teads. En terme de business, il fixe un horizon et n'en démord pas. C'est une qualité qui nous fait avancer. »

Et en effet, au fil de l'interview, le jeune chef d'entreprise se révèle sensible, curieux des autres, mais extrêmement lucide : « Diriger, c'est gouverner », assène-t-il entre deux confidences.

En bonne santé

Il a d'ailleurs bien conscience de ses atouts : « Dans la tempête, je reste calme. Je prends du recul, j'analyse, je réfléchis ». Une qualité bien utile face à la croissance exponentielle que connaît son entreprise : en moins de deux ans, Teads a atteint une cinquantaine de salariés et vise une entrée en bourse en 2015.

Pourtant, rien ne prédestinait Loïc Soubeyrand à se lancer dans l'entre preneuriat. Une mère urgentiste, un père obstétricien, une tante infirmière, une sœur en fac de médecine... « Je crois que j'ai fait une aversion à la santé ! », sourit-il, s'amusant de ce statut de « mouton noir » de la famille. « Le monde de l'entreprise et celui du web leur sont inconnus », poursuit-il. La veille encore, par téléphone, son père lui signifiait sa fierté tout en lui avouant ne pas comprendre grand chose à « tout ça ».

Entrepreneur dans l'âme

Un « tout ça » qui devrait peser, d'ici à la fin de l'année 2014, quelque cent millions de dollars... Un objectif de chiffre d'affaires ambitieux, porté notamment par une fusion opérée en avril dernier avec la société parisienne E-Buzzing, dont le but est d'être leader mondial sur le marché. Spécialisée dans l'activité commerciale de régies publicitaires, ce groupe parisien possède un portefeuille clients de plus de 40 000 sites internet et compte 250 salariés.

« Nous nous croisions sur le marché, Plutôt que de se faire la guerre, nous avons privilégié l'union. Nos business models sont complémentaires et portent la holding vers le haut. » indique Loïc Soubeyrand avant d'affirmer avoir gardé la main sur son business.

 Si son appétence pour l'entrepreneuriat n'est donc pas héréditaire, elle est probablement le résultat d'une grande curiosité. Petit, Loïc Soubeyrand ne résistait jamais à l'envie de démonter ses jouets pour en comprendre leur fonctionnement de l'intérieur. Sorti du lycée avec une année d'avance, il n'a pas attendu la fin de ses études pour oser entreprendre. Après avoir échoué en première année de Maths Sup, il rebondit et entre, en 2006, en DUT Informatique à l'Université Montpellier 2.

Durant cette année-là, il lance une première société, Flash2night. Une petite entreprise dotée d'une batterie de photographes qui arpentent les soirées... « C'était mon premier projet en tant que gestionnaire, dévoile-t-il. Cela m'a confronté aux questions essentielles : qu'est ce qu'un business model ? Comment en vivre ? Je me suis rendu compte que j'étais un entrepreneur dans l'âme. » Alors qu'il cherche un stage dans le cadre des ses études, il intègre l'entreprise montpelliéraine Airtist, spécialisée dans le téléchargement de musique sur internet, fondée par Olivier Reynaud, futur cofondateur de Teads, et Loïc Jaures. Une expérience décisive qui nourrira sa réflexion sur les modèles économiques, alimentée par une année d'étude supplémentaire à l'IAE en contrôle de gestion. Fin prêt pour transformer l'essai de l'entrepreneuriat, il cogite avec ses deux amis et propose à la pépinière nîmoise Innov'Up un panel de cinq projets sur le web, dont un dans la réservation de restaurants en ligne, qui sera incubé.

Un coup à jouer

C'est durant cette période-là que germe finalement l'idée du business model de Teads.

« Nous étions dans un bar, se souvient Olivier Reynaud. Nous étions chacun à la croisée des chemins. Nous avons décidé de mutualiser nos forces. Loïc Jaures au développement, Loïc Soubeyrand à la stratégie et moi-même à la créativité. Autour d'une bonne bière, nous nous sommes dit : "Il y a un coup à jouer" ».

Réussir à monétiser tous types de contenus d'un site avec de la vidéo, telle est la raison d'être de Teads, créée en juin 2011 à Montpellier, après quasiment une année d'élaboration du concept.

Style de management

Lorsqu'en 2012, l'entreprise déménage de Cap Omega dans un bâtiment situé juste en face, dans le quartier Millénaire, les fondateurs choisissent un agencement des locaux qui favorise l'échange d'informations. De grandes baies vitrées séparent bureaux en open-space et petites pièces confortables plus intimistes. Un baby-foot, un bar, des salles de réunion lumineuses témoignent d'un style de management qui rompt avec les entreprises traditionnelles et s'inspire sans ambiguïté des start-ups américaines.

Dans le fonctionnement, les méthodes de travail instaurées contribuent elles aussi à une bonne communication interne. À titre d'exemple, des « stand-up » ponctuent la journée des employés : en moins de dix minutes, le salarié, debout face à ses interlocuteurs, doit faire un point sur les tâches accomplies pour partager l'information et atteindre avec efficacité les objectifs.

Sur le modèle danois, les développeurs informatiques sont encouragés à travailler debout... Des séminaires sont régulièrement organisés et deux mardis par mois, une soirée « plancha » sur le parking - qui fait râler les voisins - rassemble les salariés. Mais le clou de cet aménagement, ce sont ces énormes coussins et ce confortable lapin dans lesquels chacun peut se vautrer à sa guise. Entre travail et bien-être, Loïc Soubeyrand n'a pas oublié de prendre soin de ses salariés. La décoration des bureaux, « ça ne rapporte rien au business, mais ça fait du bien à tout le monde ».

Autoportrait

  • MON DÉFAUT

La ponctualité. Je crois que c'est le fameux quart d'heure montpelliérain qui est, pour ma part, dû à une surcharge de travail ! Cependant, à Paris, ils parlent également du quart d'heure parisien...

  • MA QUALITÉ

Le calme dans la tempête. Si j'étais aussi excité que  ceux qui m'entourent, ce serait infernal ! J'ai une prise de recul, une analyse sur les événements. Cela nous aide beaucoup. Je ne prends jamais de décisions hâtives, ce qui, parfois, peut paraître un peu long pour mes collaborateurs...

  • MA DEVISE

Let's get StarTeads !

  • MON ÉCHEC

J'ai raté Maths Sup. J'avais 17 ans, j'étais trop jeune. Je crois que je manquais de maturité.

  • MA RÉUSSITE

Avoir surmonté cet échec. Je me suis remis en question. J'ai ensuite réussi à monter des projets à succès. J'ai donc transformé cet échec en force.

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