Santé : 4,7 M€ pour 2 projets de recherche majeurs à Montpellier

Le 6 juillet, le CNRS/Institut de génétique humaine et le fonds de dotation MSDAVENIR ont signé un partenariat visant à soutenir 2 projets de recherche fondamentale - chose rare -, dans le domaine des traitements contre le virus du sida et les cancers chimiorésistants.
Cécile Chaigneau

Ce sont deux projets de recherche majeurs pour la santé, conduits par l'Institut de génétique humaine (IGH), unité de recherche fondamentale de rang mondial du CNRS à Montpellier, qui vont être soutenus par MSDAVENIR, fonds de dotation pour la recherche du laboratoire MSD.

Le 6 juillet, Dominique Blazy, président du Conseil scientifique de MSDAVENIR, et Ghislaine Gibello, déléguée régionale du CNRS en Languedoc-Roussillon, ont signé deux partenariats destinés à soutenir la recherche fondamentale contre le VIH et le cancer en France. Le fonds de dotation met sur la table une enveloppe de 4,7 M€ sur trois ans.

Chacun des deux projet a vocation à répondre à des enjeux scientifiques majeurs dans les deux pathologies : le projet HIDE INFLAMME & Seq porte sur le ciblage des réservoirs viraux et le traitement de l'inflammation chronique associés au VIH/SIDA, et le projet GnoStiC vise à mieux comprendre les mécanismes de signalisation et de réparation de l'ADN sollicités pour faire face aux traitements contre le cancer.

Une course contre la maladie

Il s'agit là d'une spécificité encore rare : le financement privé de projets de recherche fondamentale menés par des laboratoires publics. Car il n'est pas fréquent qu'un laboratoire pharmaceutique investit des millions d'euros dans la recherche médicale française, « sans attendre de retour direct », assure Dominique Blazy, président du Conseil scientifique de MSDAVENIR.

Le fonds MSDAVENIR, créé en mars 2015 par la filiale française MSD France du groupe pharmaceutique américain Merck, est doté de 75 M€ sur trois ans, avec comme objectif affiché d'accélérer la stratégie de partenariats du groupe en matière de recherche.

« En soutenant deux projets de recherche fondamentale, nous faisons converger les forces des acteurs privés et des instituts de recherche publics pour imaginer les ruptures médicales de demain sur des pathologies majeures, déclare Dominique Blazy le 6 juillet à Montpellier. Les projets HIDE INFLAMME & Seq et GnoStiC portent les espoirs de guérison des prochaines générations. Si des brevets découlent de ces projets de recherche, ils resteront la propriété de l'IGH et non de MSDAVENIR... La recherche est une course contre la maladie et entre laboratoires. Le challenge est tel qu'il faut que le privé et le public se parlent, travaillent ensemble. »

« 4,7 M€, c'est un engagement significatif, qui représente environ la moitié du coût global des deux projets, souligne Philippe Pasero, directeur de recherche INSERM, directeur de recherche à l'Institut de Génétique Humaine et porteur du projet GnoStiC. Chez MSDAVENIR, ils ont compris que la recherche fondamentale est le nerf de la guerre ! »

En avril dernier, un partenariat similaire avait été signé entre MSDAVENIR et Marseille Immunopôle pour soutenir, à hauteur de 5,4 M€, deux programmes de recherche dans le domaine de l'immuno-oncologie, l'une des aires thérapeutiques sur lesquelles est présent le groupe pharmaceutique.

Thérapies innovantes

À Montpellier, les équipes scientifiques se réjouissent de ce nouveau partenariat.

« Derrière l'argent, c'est une reconnaissance de la qualité scientifique de l'IGH et une reconnaissance de la communauté des sciences du vivant de Montpellier », souligne Ghislaine Gibello, déléguée régionale du CNRS en Languedoc-Roussillon.

Monsef Benkirane, directeur de l'IGH et porteur du projet Hide INFLAMME & Seq, rappelle que « la guérison du VIH/SIDA réclame encore un long effort de recherche ». Car bien que les traitements antirétroviraux affectent efficacement l'infection par VIH, ils ne peuvent cibler le réservoir viral persistant, empêchant l'éradication définitive du virus chez les patients, qui sont obligés de rester sous traitement à vie.

« Il nous faut trouver des pistes nouvelles, qui découleront nécessairement d'une recherche fondamentale ambitieuse et risquée, ajoute le scientifique. En nous permettant de comprendre les bases moléculaires et cellulaires de la persistance virale et de l'inflammation chronique, le projet HIDE INFLAMME & Seq constituera un pas vers de nouvelles stratégies thérapeutiques efficaces. »

« L'apparition de mécanismes de résistance dans les cellules tumorales limite encore trop souvent l'efficacité des traitements existants en chimiothérapie, explique de son côté Philippe Pasero. Le projet GnoStiC va nous permettre de progresser encore plus vite dans la lutte contre le cancer en permettant le développement de thérapies innovantes. Les travaux de recherche conduits dans le cadre de GnoStiC seront réalisés avec le soutien du SIRIC Montpellier Cancer, l'un des six sites de recherche intégrée sur le cancer en France favorisant les échanges entre recherche fondamentale et recherche appliquée. »

Cécile Chaigneau

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