Le nouveau DigiWorld Summit se base sur une étude de l'Idate (Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe, basé à Montpellier), entité organisatrice, qui a identifié la confiance comme l'un des sujets majeurs à l'horizon 2025 pour l'écosystème numérique mondial. Le salon phare de l'innovation dans les télécoms et le numérique dans le Grand Sud, pour sa 38e édition, réunit 400 participants et décline l'analyse de cet enjeu au travers de plusieurs tables-rondes et keynotes (réseaux mobiles, IoT, cloud, adblocks, blockchain, hacking, etc.).

Un climat paradoxal

L'un des conférenciers, Ramon Fernandez, directeur général adjoint du groupe Orange en charge de la stratégie et des finances, souligne un paradoxe de l'époque actuelle, marquée par une multiplication des possibilités de connexion d'un côté (cellulaires, réseaux sociaux, domotique, etc.), et par une tentation de retrait de plus en plus vive chez les utilisateurs de l'autre. Et ce phénomène de défiance généralisée impacte durement l'industrie et l'économie numérique, comme l'ont montré la crise automobile de 2015 ou les fréquentes affaires de data hacking.

"La première responsabilité des opérateurs telcom est de résoudre ce paradoxe, affirme Ramon Fernandez. Ils sont en position de donner les outils permettant à leurs clients de reprendre le contrôle de leur vie digitale. Car la confiance est devenue une cible mouvante. Celle qu'on accordait aux entreprises et aux marques traditionnelles est passée à des nouveaux acteurs tels qu'Uber. Nous sommes dans l'ère de la confiance distribuée."

Alors qu'Orange prépare le lancement d'une banque en ligne pour 2017, Ramon Fernandez a livré les "six clefs" sur la base desquelles le groupe structure son approche du sujet de la confiance numérique. La première d'entre elles serait la qualité du réseau, "et donc sa fiabilité", ce qui implique un niveau d'investissement conséquent sur le fixe et le cellulaire, "pour autant que la règlementation l'encourage".

"Il faut aussi veiller à la qualité du service, ce qui passe de plus en plus aujourd'hui par la proximité et une relation de face à face, poursuit-il. La nouvelle génération de boutiques d'Orange, comme celle ouverte la semaine dernière place de l'Opéra à Paris, incarne ce concept. Ensuite, il faut mieux protéger les datas des usagers, une tendance dans laquelle Orange s'inscrit de longue date en tant que premier opérateur ayant nommé un référent sur le sujet auprès de la CNIL. Enfin, il faut renouer un lien moral avec l'usager, comme l'illustre le Digital Society Forum, une nouvelle plate-forme collaborative qui rassemble sociologues, universitaires et acteurs de la société civile autour de grands thèmes de la vie quotidienne."

Deux notions supplémentaires complètent ce modus operandi : une tolérance zéro pour la corruption, et une nouvelle responsabilité envers les salariés du groupe, concrétisé par un accord signé avec les syndicats sur les enjeux et les outils de la transition numérique.

Axelle Lemaire attendue en clôture

Le restant du panel assemblé par l'Idate pour cette 38e édition, où sont attendus près de mille conférenciers sur les trois jours, fait apparaître des groupes et acteurs majeurs de l'économie numérique : PwC, Nokia, Safran, IBM, Microsoft, AXA, Veritas, Telefonica, Google, CNIL, ARCEP, etc. Le volet DigiWorld Week, qui vise "à entraîner l'ensemble de l'écosystème numérique du territoire régional" selon l'Idate, se déroule du 12 au 20 novembre.

Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du Numérique et de l'Innovation, interviendra pour sa part en clôture du DigiWorld Summit, où elle reviendra "sur les enjeux de la loi pour une République numérique, qui favorise cette confiance numérique".