Le Mas Numérique, un nouveau site de démonstration pour l’agritech

Porté par Montpellier SupAgro, le projet du Mas Numérique rassemblera, cet automne, les dernières technologies numériques dédiées à l'agriculture et développées par une quinzaine d’entreprises régionales sur une exploitation viticole, à Villeneuve-lès-Maguelone (34). Objectif : observer leur interaction dans un contexte de production.
Cécile Chaigneau
Le projet du Mas Numérique se déploiera sur l'exploitation viticole du Domaine du Chapitre à Villeneuve-lès-Maguelone (34).

Démontrer concrètement la valeur ajoutée des outils et services numériques disponibles aujourd'hui pour l'agriculture, illustrer leur plus-value en conditions réelles dans un contexte optimal d'interopérabilité, sensibiliser les utilisateurs aux fonctionnalités apportées par ces solutions numériques. Telles sont les ambitions du projet du Mas Numérique, dont la mise en œuvre a démarré et qui sera officiellement lancé à l'automne prochain dans l'Hérault.

Ce projet vise en effet à mettre en place un site de démonstration des solutions innovantes et commercialisées proposées par des entreprises de l'agriculture numérique.

Porté par Montpellier SupAgro, il est soutenu par quatre entreprises héraultaises - SMAG (systèmes d'information et les logiciels pour l'agriculture), Vivelys (conseil en stratégie et gestion de production viti-vinicole), ITK (outils d'aide à la décision pour l'agriculture) et Pera-Pellenc (machinisme viticole) - via du mécénat financier à hauteur de 350 000 € pour trois ans, pour un budget global de 740 000 €.

Dix autres entreprises (basées en Occitanie, pour la majorité) sont également partenaires en mettant à disposition leurs solutions sur le domaine. Leurs noms n'ont pas été communiqués pour le moment.

Pas de R&D mais de la démonstration

Le Mas Numérique prendra corps au Domaine du Chapitre, propriété de Montpellier SupAgro, à Villeneuve-lès-Maguelone (34), pour sa qualité d'exploitation méditerranéenne. Le domaine cultive en effet vignes et oliviers : 35 ha de vignes pour 900 hl de vin vinifiés sur place, 50 ha de grandes cultures (non concernées par le démonstrateur), 5 ha d'olives, une cave de vinification et un caveau de vente.

« Il ne s'agit pas d'une démarche d'expérimentation ou de R&D, mais de se donner les moyens d'observer la compatibilité fonctionnelle des solutions numériques dans le temps sur une exploitation en production, insiste Thomas Crestey, ingénieur de recherche à Montpellier SupAgro et responsable du Mas Numérique. L'idée est de mettre les solutions en interaction pour identifier les liens à faire, les frontières fonctionnelles des outils numériques les uns par rapport aux autres, les processus d'amélioration à apporter. »

« Cette exploitation-pilote nous intéresse car la filière viti-vinicole est très traditionnelle et même si le secteur foisonne de technologies diverses, l'intégration des outils numériques est complexe, déclare de son côté Nicolas Bernard, responsable Solutions vignes chez Vivelys. Nous arrivons à travailler sur une voire deux étapes de la chaîne de production, mais aucun client n'utilise des outil technologiques sur l'ensemble de cette chaîne. Le Mas Numérique va nous permettre de montrer la cohérence à utiliser la totalité des outils. C'est l'occasion de travailler sur les complémentarités. »

La théorie et la pratique

Outre l'opérabilité combinée des solutions numériques, il existe bien sûr, pour les entreprises, un objectif commercial derrière le projet puisque la preuve de concept qui sera réalisée au Mas Numérique sera un argument pour mieux vendre leurs outils. Ainsi, le site sera-t-il ouvert aux visites pour les clients ou prospects des entreprises, ainsi que pour les étudiants et les chercheurs de la filière agricole, et viticole en particulier.

« Nous serons très attentifs aux retours terrain que nous ferons nos utilisateurs finaux, souligne Anthony Clenet, directeur Marketing produit et innovation chez SMAG.  D'autant qu'avec le Studio Agro Digital que nous avons lancé, l'objectif est de combiner la théorie en salle et la pratique in situ au Mas Numérique afin de faire naître des idées. Il est toujours intéressant de plonger les gens dans un contexte réel. La visite terrain a cette vocation de mettre en immersion. »

« Avec l'option de 3e année AgroTIC à SupAgro (dirigée par Bruno Tisseyre, NDLR), notre challenge est de garder la formation à jour dans un environnement qui évolue très vite, ajoute Thomas Crestey. Le Mas Numérique est l'occasion d'avoir, à proximité de l'école, un site équipé à jour, une exploitation qui présente un exemple et permettra aux étudiants de connaître les structures, les solutions, les enjeux. »

Pratiques culturales

Trois axes thématiques ont été choisis : le pilotage de la qualité des produits vin, l'optimisation des pratiques culturales (par exemple en matière d'utilisation de produits phytosanitaires) et la gestion de l'irrigation, notamment dans les oliviers.

« Tout évolue tellement vite qu'il y aura probablement de nouveaux projets, observe Anthony Clenet. Travailler sur d'autres maillons de la chaîne de production par exemple... Pour le moment, nous nous limitons volontairement sur le nombre d'entreprises partenaires, mais c'est évolutif. D'autres pourront nous rejoindre dès l'année prochaine. »

Une précaution sera cependant de rigueur : un cadre de non-concurrence fonctionnelle.

« Nous ne prendrons pas deux solutions qui font la même chose », assure Thomas Crestey.

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.