« Le projet de loi sur la Sécu est un casus belli »

La Fédération régionale de l'hospitalisation privée tiendra son colloque annuel à La Grande Motte (34), le 7 novembre. Au programme : les démarches environnementales de la profession, et le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale, vivement contesté par Lamine Gharbi, président de la FHP LR.

Comment vos adhérents progressent-ils dans le respect des objectifs fixés par le Grenelle de l'environnement ?
Lamine Gharbi :
Nous avons signé une charte prévoyant une baisse de 20 % des émissions de gaz à effet de serre sur dix ans. Au-delà, nous progressons avec nos petits moyens, qui ne sont pas ceux de grands groupes davantage concernés, notamment dans le secteur productif : co-voiturage, réduction de nos consommations, matériaux isolants, élimination des déchets, etc. Certaines problématiques nous tiennent à cœur, telles que la mesure de nos déchets, ou le traitement des eaux usées, pour éviter de les remettre telles quelles en circulation. C'est une volonté spécifique des établissements de la région. Il s'agit de ne pas nuire aux patients que nous accueillons, mais aussi aux centaines de salariés qui travaillent chez nous, parfois sur de longues durées. Nous ne sommes pas forcément aidés par les gouvernements successifs qui, souvent, se contentent de promettre. Quand nous faisons des audits, nous trouvons des financements. Mais quand nous faisons de la rénovation, ou changeons une chaudière, nous aimerions bien être aidés comme le sont les hôpitaux publics. À défaut, nous devons financer ces démarches sur nos résultats.

Comment convaincre les professionnels de supporter les coûts inhérents à ces mesures ?
Lamine Gharbi :
En France, on ne progresse que sous la contrainte. C'est un fait. Je dis aux professionnels que s'ils ne font rien, s'ils continuent à polluer, ils s'exposeront fatalement à de nouveaux impôts. Au delà de cet argument, il y a aussi notre propre sensibilité de praticiens. Par définition, on « produit » sain. La notion de durable est au cœur de notre démarche. 250 personnes sont attendues à ce colloque, c'est bien la preuve qu'elles sont impliquées. La seule difficulté réside donc dans l'absence de moyens. Le coût du travail augmente, tout comme les salaires ou le prix des matières premières, alors que nos tarifs baissent. Le développement durable est un combat qui se situe à moyen et à long terme.


Vous contestez, par ailleurs, le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale (PLFSS) en 2014. Pourquoi ?
Lamine Gharbi :
Tous les ans, le Parlement vote un objectif national de dépenses, établi à 175 Md €. Si on dépasse ce seuil, on doit rembourser via une baisse de nos tarifs. Or depuis deux ans, nous restons en-deçà de l'objectif donné. Nous parvenons à ce résultat car il y a un large transfert de la chirurgie classique vers les pratiques ambulatoires. Résultat : nous coûtons moins cher. Mais la nouveauté du PLFSS, c'est qu'on pourra réduire les tarifs d'un établissement s'il venait à dépasser un certain volume d'activité de quelques pourcents. Nous demandons le retrait de cette disposition. C'est un casus belli. Nous sommes là pour soigner tout le monde, et non pas refuser du monde, à l'heure où nous observons une hausse du nombre de cancers. Nous sommes favorables à une enveloppe nationale, mais pas à la dégressivité tarifaire. Laissez-nous vivre !

Propos recueillis par Anthony Rey

Crédit photo: FHP

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