« Ne pas rajouter des angoisses à la crise »

Les missions premières des commissaires au comptes sont de protéger les actionnaires et de prévenir les difficultés des entreprises. En déplacement à Rodez vendredi dernier, le président de la Compagnie nationale analyse les enjeux de la profession.

La Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) a fêté son 40e anniversaire en 2010. Claude Cazes, montpelliérain d'origine, préside l'organisme depuis février 2009.

De passage à la CCIT de Rodez (12) vendredi 16 septembre 2011 pour une réunion de travail, il revient pour Objectif Languedoc-Roussillon sur les nouvelles missions de cette profession, confrontée à un contexte financier local et national de plus en plus incertain.

Objectif : Parmi les missions des commissaires aux comptes figure la protection des actionnaires. En pleine tempête boursière, quelle est votre responsabilité vis à vis d'eux ?
Claude Cazes : De grâce, ne faisons pas de lien entre rôle du commissaire aux comptes et la tempête boursière liée à la spéculation de certains ! Aujourd'hui, la crise boursière est à la fois une crise de confiance dans les États qui ont additionné des dettes souveraines et une crise liée aux spéculations engagées sur les marchés financiers. Pour ce qui nous concerne, j'ai, dès fin juillet, prévenu les professionnels sur leur rôle d'alerte dans le cadre des provisions devant être prises sur les comptes des banques liées à leurs créances sur les dettes souveraines. J'observe, d'ailleurs, que j'ai été le seul à le faire. Notre rôle, à présent, est de persévérer cette vigilance au bénéfice des actionnaires, mais ne comptez pas sur moi pour additionner des angoisses à une crise déjà suffisamment importante.

Objectif : Autre action d'importance : la prévention des difficultés des entreprises. En tant que montpelliérain, comment concevez-vous cette mission auprès du tissu économique local, peut-être plus fragile car composé d'une majorité de PME ?
Claude Cazes : Le modèle du commissariat aux comptes en France est original car il nous demande une mission économique d'alerte sur les difficultés des entreprises. Alerter tôt, c'est multiplier les chances de sauver l'économie et les emplois d'une entreprise qui connaît des difficultés. Notre mission est majeure, car, auprès des tribunaux de commerce et des experts comptables, nous sommes résolument au chevet de ceux qui entreprennent. Mon attachement profond à ma région m'incite à promouvoir cette démarche. Je l'ai vu fonctionner localement : sa proximité est évidente, ces résultats efficaces.

Objectif : Comment la mission des commissaires aux comptes doit-elle évoluer ?
Claude Cazes : Depuis que je suis élu à la présidence nationale, c'est-à-dire depuis trois ans, j'ai engagé un travail considérable pour inciter mes confrères et mes consœurs à aller à la rencontre des entrepreneurs. Ils doivent faire valoir nos missions, les expliquer et surtout montrer à quel point leur valeur ajoutée est importante. Nous sommes une profession de proximité et nous ne le faisons sans doute pas assez savoir. Au cours de l'Assemblée générale de ma compagnie, comme auprès des 32 autres compagnies régionales, je délivre ce message fort. Notre métier a de l'avenir, faisons connaître notre savoir-faire. Il en va de la confiance dans l'économie.

Propos recueillis par Anthony Rey

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Légende : Claude Cazes, président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes
Crédit photo : CNCC

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