Damien Alary et Martin Malvy se sont enfin vus

Présent à Toulouse le 9 octobre pour le Congrès de l'ARF, le président de Région a enfin vu son homologue de Midi-Pyrénées, Martin Malvy. Réunis le temps d'une photo, ils n'ont pu que constater, à nouveau, leurs divergences sur le projet de fusion des deux régions.

Au matin du 9 octobre, Damien Alary, le nouveau président PS de la Région Languedoc-Roussillon, paraissait un peu seul dans les locaux du Centre de congrès Pierre Baudis à Toulouse, pour l'ouverture du Congrès de l'Association des régions de France (ARF).

Pendant que Martin Malvy, le président de la région Midi-Pyrénées, montait à la tribune pour accueillir les participants au 10e congrès de l'Association des Régions de France, Damien Alary se glissait dans la salle déjà comble, jusqu'à sa place au premier rang. Tous deux assis de part et d'autre de l'allée centrale, les deux hommes n'ont pas échangé un regard. Et, trente minutes avant la fin de la première table ronde, le président languedocien s'éclipsait vers la sortie. Sollicités par les journalistes devant le centre de congrès, les deux socialistes se sont frôlés quand l'assistance attendait une accolade. Il aura donc fallu attendre la toute fin de la conférence de presse pour qu'ils "partagent un sourire", comme le dit alors Martin Malvy.

"On se connait bien avec M. Malvy, nous a confié, quelques minutes avant, son homologue montpelliérain. Mais je reste toujours le défenseur de l'identité et de l'intégrité du Languedoc-Roussillon. J'ai été élu pour cela. La quasi totalité des conseillers régionaux a signé un manifeste de Christian Bourquin pour la défense de notre région. J'attends de voir comment se comportera le nouveau Sénat, qui est à droite. On verra s'ils auront la même cohérence qu'il y a quelques mois. Je le souhaite."

"Le Languedoc-Roussillon ne perdra pas son identité si nos deux régions fusionnent, tente de rassurer Martin Malvy. Dans un nouvel ensemble administratif, les territoires garderont leurs autonomies et leurs spécificités. Les identités vont demeurer. Nous allons travailler ensemble. Toulouse est une place forte sur la recherche sur le cancer. Montpellier aussi. Nous avons chacun une dimension nationale. Réunis, nous aurons une dimension européenne."

Que craint le président du Languedoc-Roussillon dans le projet de fusion entre les deux régions ?


"Je n'ai rien à craindre de la fusion, affirme Damien Alary, mais pour l'instant nous sommes sur une carte - que le Premier ministre viendra annoncer demain - avec en deuxième, un volet incluant les compétences et le pouvoir des Régions. Je pense que nous aurions dû commencer par cela. Je n'ai pas peur de travailler avec Midi-Pyrénées ou d'autres régions, mais cette réforme va trop vite. Elle a été faite dans la précipitation. J'ai déjà attiré l'attention de Manuel Valls sur le fait que nous étions contre la méthode employée."

"On aurait pu le faire avec davantage de consultation et en discuter pendant 5 ou 10 ans, concède Martin Malvy, mais il y aurait fallu à la fin l'arbitrage du pouvoir central." Et de poursuivre : "Aucune carte ne s'impose. Quand les régions ont été créées, le découpage a fait débat. Je trouve intéressant que la reconnaissance de certaines régions soit révélée par le fait qu'on pourrait changer de périmètre. Cela montre qu'il y a dans nos têtes une certaine dose de conservatisme : c'est la peur d'aller ailleurs."

Le président du Languedoc-Roussillon se défend pourtant de toute tentation conservatrice.

"Je ne suis pas anti réformiste, affirme Damien Alary. Je suis vent debout pour défendre le Languedoc-Roussilon parce qu'il faut donner plus de pouvoirs aux régions. Ce n'est pas la taille qui fait l'efficacité des régions mais ce qu'elles font en matière d'innovation, de recherche, et de pouvoir réglementaire. Qu'on nous laisse le vrai pouvoir. Il faudrait envisager une redistribution de la fiscalité sur les régions. On ne peut pas avoir les compétences sans les moyens. Si la fusion ne fait qu'ajouter deux petits budgets, ce n'est pas la peine."

Un point sur lequel Martin Malvy rejoint son collègue :

"Nous sommes en train de vivre quelques semaines qui sont essentielles. Si cette réforme n'aboutit pas. Si ce pouvoir économique de pilotage n'est pas accordé aux régions, alors nous allons continuer à nous enfoncer dans la crise et voir les PME et TPE reculer. Les régions ont un rôle à jouer dans l'économie des PME et des TPE qui doivent davantage exporter. Nous devons redresser cette situation. Qui le fera, si ce ne sont pas les régions ?"

Interrogé sur la probabilité de fusion, le président de la Région Midi-Pyrénées ne semble pas inquiet.

"Je n'ai pas de craintes pour le futur, assure-t-il. Nous ne travaillons pas encore ensemble car il y a des réticences chez nos voisins du Languedoc-Roussillon. Mais elles sont limitées. Je crois qu'il n'y a que trois parlementaires du Languedoc-Roussillon qui ont voté contre. Les autres ont voté pour ou se sont abstenus. Je rencontre des responsables de cette région qui me disent leur souhait de travailler ensemble. Il y a eu des prises de position, il ne faut pas les brusquer. Il faudra discuter de la place de Montpellier et de Nîmes dans ce nouveau dispositif. Nous ne bâtissons l'avenir ni pour moi, ni pour Damien, mais pour nos concitoyens."

Gael Cérez (Objectif News)

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Crédit photo : Rémi Benoit

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