Le G20 de la recherche agricole s'ouvre à Montpellier

Montpellier accueille lundi et mardi la conférence du G20 sur la recherche agricole pour les pays en développement. Un rendez-vous important pour la capitale héraultaise qui est depuis peu le siège du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale.

Alors que la France assure la présidence du G20 en 2011, c'est à Montpellier que cette conférence, pour sa première édition, traitera de la sécurité alimentaire et du développement. Henri de Raincourt, ministre chargé de la coopération, viendra clôturer ses travaux à Agropolis International, mardi 13 septembre 2011.

L'événement rassemble les représentants des pays membres du G20 et les pays invités du G20, les présidents des instituts nationaux de recherche (Inra, CIRAD, IRD et Cemagref), ainsi que les organisations internationales concernées, telles que le Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale (CGIAR), la Banque mondiale, et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture).

Jean-Louis Rastoin, président de la chaire UNESCO en alimentation du monde à Montpellier SupAgro, analyse le contexte mondial de cette conférence.

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« Trouver une gouvernance sur la sécurité alimentaire »


Objectif : Le G20 se propose d'améliorer la coordination de la recherche internationale sur la sécurité alimentaire. En quoi est-elle déficiente ?
Jean-Louis Rastoin : Les dispositifs de coordination existent déjà à travers un organisme tel que le CGIAR (Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale), installé à Montpellier en 2010. C'est sa fonction d'assurer cette coordination avec, par exemple, l'action du CIRAD dans la recherche tropicale. De même, il existe déjà des relations étroites entre institutions internationales sur le sujet. Ce qu'il faut faire désormais, c'est améliorer le financement de cette recherche. Il existe clairement un déficit sur l'investissement de la part des organisations internationales et des états, pour qui cette question est réduite à la portion congrue. Surtout dans le contexte actuel de pression financière sur ces acteurs.

Objectif : Qu'attendez-vous du plan d'actions qui sera adopté à l'occasion du G20 ?
Jean-Louis Rastoin : Un plan important a déjà été annoncé dans le cadre du G20 de l'Agriculture, organisé à Paris en juin dernier. Il est issu de discussions internationales, incluant même un acteur comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui est une bonne chose. Ce plan vise notamment à améliorer le système d'information sur l'état de la sécurité alimentaire mondiale. Il est bon d'améliorer la connaissance statistique de la production et de la demande alimentaires, même si on peut être sceptique sur la localisation des stocks de production alimentaires - qui, eux, conditionnent l'envolée des prix. La deuxième mesure annoncée dans ce plan portait sur la mise en place de stocks stratégiques près des zones où existent des risques de pénurie alimentaire. C'est louable, mais cela pose, à nouveau, la question des financements mobilisables. La FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, NDLR) estime qu'il faudrait 50 à 60 Md$ par an pour relever la production alimentaire des pays les plus pauvres. On peine à trouver de telles sommes.

Objectif : Le G20 sera enfin l'occasion de signer l'accord instituant le CGIAR comme organisation internationale. Cela participe-t-il de l'évolution que vous décrivez ?
Jean-Louis Rastoin : Cet accord va sous doute permettre d'améliorer la coordination entre les acteurs impliqués, même si, comme je le disais, elle existait déjà. Il est urgent de trouver de nouveaux mécaniques de gouvernance sur la sécurité alimentaire. De même, cet accord débouchera peut-être sur une plus grande capacité à mobiliser des fonds. N'oublions pas que derrière cette organisation se trouvent des programmes de recherche agronomique. On peut donc espérer que les centres de recherche se préoccuperont plus de sécurité alimentaire. C'est un enjeu élevé, avec des conséquences géopolitiques, comme l'ont montré les émeutes de la faim qui ont éclaté dans le monde au cours des dernières années.

Propos recueillis par Anthony Rey

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Légende: Un chercheur de l'IRD, institut de recherche associé aux travaux du G20.

Crédit: Edouard Hannoteaux.

Légende : Jean-Louis Rastoin, président de la chaire UNESCO en alimentations du monde
Crédit photo : SupAgro


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