Municipales : triomphe de la droite, déroute du PS

À l'image de son score national, le PS encaisse une sévère défaite dans les principales villes de la région. Symbole de ce désastre : Montpellier, enlevée par le dissident Philippe Saurel. Prime au sortant, conquêtes ou reconquêtes : les candidats UMP et divers droite raflent la mise, tandis que Robert Ménard l'emporte à Béziers.

Montpellier : Philippe Saurel dynamite le PS
Le conseil municipal de Montpellier offre désormais un nouveau visage, fondamentalement rajeuni autour de Philippe Saurel et de Max Lévita, les deux seuls anciens élus. Car dans sa dynamique de campagne, Philippe Saurel a obtenu 37,54 % des voix et a entraîné derrière lui de nouveaux acteurs de la vie politique. « Nous avons prouvé que des révoltés, des écorchés vifs étaient capables de prendre une ville aussi grande que Montpellier, affirme Philippe Saurel. Pour moi, il n'est pas question de rejoindre le PS. » Philippe Saurel a attiré au second tour des électeurs soucieux d'investir leur bulletin dans le vote utile et pour empêcher Jean-Pierre Moure, président de l'Agglo et candidat officiel du PS, de prendre la mairie. Il a ainsi siphonné des voix du Front national (France Jamet termine à 9,18 %), une bonne partie des suffrages de l'UDI de Joseph Francis (4,52 %), la majorité des bulletins du Front de Gauche (7,56 %)... mais aussi les voix des déçus socialistes de la campagne de Jean-Pierre Moure. Appliquant la loi anti-cumul, le nouveau maire a décidé de quitter son siège de conseiller général et se projette déjà sur les prochaines sénatoriales, les cantonales et surtout les régionales de 2015. Au-delà de son élection, Philippe Saurel doit encore trouver une majorité qualifiée au conseil communautaire d'Agglo, dont Max Lévita pourrait prendre la présidence. En vertu de son groupe majoritaire à la Ville, Philippe Saurel dispose de 32 sièges à l'Agglo, alors que la majorité est à 46. Il devra compter avec l'entrée au conseil des représentants de l'opposition des différentes communes, ce qui rend complexe l'équation majoritaire, sauf à faire élire le président au troisième tour à la majorité relative et à gérer ensuite l'assemblée sur des projets à porter en commun. Le candidat UMP Jacques Domergue (arrivé troisième avec 25,87 % des voix) commente : « J'ai contribué à faire bouger les lignes politiques. Nous serons pragmatiques. Si des projets nous conviennent, nous les voterons sans hésiter. » Le chef de file de l'UMP vient de réintégrer son poste à l'ICM et réfléchit à la suite à donner à sa carrière politique. « Nous avons dû composer avec une candidature dissidente issue de nos propres rangs. Malgré cela, Montpellier n'a pas choisi l'UMP. Je félicite le vainqueur. Il sera jugé sur ses actes et sa capacité à élargir son parcours personnel à l'intérêt général », souligne Jean Pierre Moure (27,39 % des voix), chef de file PS-EELV d'une équipe gravement déstabilisée et qui pourrait voler en éclat dans les semaines qui viennent.

Christian Goutorbe


Béziers : Robert Ménard dans le fauteuil de Raymond Couderc
À Béziers, au soir du second tour, dimanche 30 mars, le miracle politique n'a pas eu lieu. En triangulaire, Robert Ménard a même augmenté sa collecte des suffrages par rapport au premier tour (14 867 bulletins) qui le donnait déjà gagnant. Sauf à forger face à lui une union sacrée, une fusion républicaine encouragée tout à la fois par Solferino, par la fédération du PS de l'Hérault et par Christian Bourquin, le président de la Région. Mais Jean-Michel Du Plaa, le candidat socialiste, avait finalement repoussé cette option. « Je serai le maire de tous les Biterrois, a commenté depuis son local de campagne le nouveau maire de Béziers dans l'effervescence absolue. Je veux qu'on nous juge sur les actes, pas sur nos intentions ou sur des procès d'intention. Nous mettons fin à 19 années de gestion de la droite. C'est une libération. Je salue le courage de ceux qui se sont investis à mes côtés. » Très amer, Elie Aboud, le chef de file UMP qui n'a pas réussi à combler son retard du premier tour, commente : « Aujourd'hui je constate qu'il est plus facile de faire de la démagogie que de la pédagogie, que le mensonge est une arme de campagne. » Mais une autre bataille était déjà en préparation au soir de la victoire de Robert Ménard : celle pour le contrôle de Béziers Méditerranée. Au lendemain du 30 mars, sur le papier, les opposants du nouveau maire de Béziers étaient en mesure de l'empêcher de mettre la main sur la Communauté d'agglomération. L'UMP, associé aux maires sans étiquette ou DVD, peut incarner une majorité absolue à condition de s'accorder sur un candidat à la présidence.

Christian Goutorbe


Sète : l'échec du front anti-Commeinhes
François Commeinhes (UMP) a vu se dresser face à lui, lors d'un premier tour encombré de huit listes, deux très vieux rivaux : Yves Marchand (sans étiquette) et François Liberti (PCF), tous deux anciens maires. Le premier, avec 10,35 % des voix, s'est retiré dès le 23 mars. Le deuxième a constitué un front « anti-Commeinhes » inédit, constitué par François Liberti avec le socialiste Sébastien Denaja et le centriste Philippe Sans. En vain : cette coalition n'a obtenu que 39,67 %, face à François Commeinhes, réélu avec 47,64 %. La candidate du Front national Marie-Claire Aubert a accusé un léger repli de 14,38 % à 12,69 %. « Je pense que les électeurs ont saisi l'importance des enjeux du territoire sur lesquels je suis le seul à avoir insisté durant cette campagne », déclare François Commeinhes. Parmi ses priorités : la création d'un nouveau pôle ludique, un élargissement de l'offre culturelle à l'année, la baisse de la pression fiscale en jouant sur les synergies entre services de la Ville et de l'Agglo. Laquelle, toutefois, pourrait échapper à François Commeinhes : Pierre Bouldoire, facilement réélu à Frontignan (56,89 % des voix face au FN Gérard Prato), pourrait bénéficier d'une dynamique qui le maintiendrait à la présidence.

Anthony Rey


Nîmes : Un troisième mandat pour Jean-Paul Fournier
Le sénateur-maire UMP de Nîmes Jean-Paul Fournier a été réélu pour la troisième fois à la tête de la deuxième ville de la région en rassemblant 46,80 % des voix dans le cadre d'une quadrangulaire. « C'est la victoire de l'union de l'UMP et de l'UDI. Elle a été décidée un vendredi 13 en décembre dernier, ce qui nous a porté bonheur », clame Jean-Paul Fournier. Si Nîmes ne change pas de maire, elle changera en revanche de président d'Agglomération. L'alliance UMP/UDI prévoit que l'ancien député centriste Yvan Lachaud soit candidat à ce poste. Cette élection est se caractérise aussi par un bouleversement au conseil municipal : le Front national fait son entrée tonitruante dans l'opposition. Représenté par Yoann Gillet (27 ans), le FN (24,42 %) est le parti principal d'opposition à Nîmes. « Nous réalisons un score historique. Nous misons sur l'avenir, c'est très prometteur pour les élections européennes et pour les cantonales à venir », lance Yoann Gillet.

Thomas Tedesco


Alès : Réélu au 1er tour, Max Roustan entame un 4e mandat
Max Roustan (UMP) n'a pas attendu le 30 mars pour fêter sa victoire à Alès. Il est passé dès le premier tour, pour la troisième fois consécutive en quatre élections municipales. Échaudé par sa défaite aux élections législatives voilà deux ans, le score a surpris jusqu'au maire sortant lui-même : « On ne s'attendait pas à un tel résultat. C'est bien la preuve que les gens savent pour qui ils votent », a-t-il lancé. Quatre autres listes se présentaient à Alès. Elles ont été balayées. Ainsi, l'adversaire historique de Roustan, Jean-Michel Suau, du Front de gauche, ne recueille que 16,77 % des voix, et le socialiste Benjamin Mathéaud 12,29 %. « C'est un moment qui n'est pas simple », a rapidement reconnu Jean-Michel Suau qui soutient toutefois que ses équipes ont effectué « une belle campagne ». Côté projet, Max Roustan prévoit, au niveau de l'Agglomération, dont il vise à nouveau la présidence, de rénover le Fort Vauban, de mailler le territoire en fibre optique, mais aussi d'aménager de nouvelles rocades routières... Un projet à dix ans.

Thomas Tedesco


Jean-Marc Pujol conserve Perpignan
Le maire sortant UMP de Perpignan Jean-Marc Pujol enregistre un score de 55,11% au second tour des municipales 2014, face à Louis Aliot (Front National, 44,89%). « C'est la première élection d'un maire avec un score aussi important à Perpignan, commente-t-il. C'est aussi un avertissement. Il faut une autre politique ». Pour Louis Aliot, faute d'avoir décroché la mairie, le pari de la « normalisation » du FN est remporté : « Nous avons mieux que résisté, et nous étions seuls contre tous » assure-t-il. Situation inédite à Perpignan, le FN était arrivé en tête au premier tour avec 34,19 % des voix, devant Jean-Marc Pujol (30,67%), et Jacques Cresta (PS, 11,87%). Six autres listes se présentaient, dont quatre à gauche. Dans l'entre-deux tours, Jean-Marc Pujol a rapidement annoncé son refus de toute alliance pour contrer le FN et Jean-Marc Cresta s'est désisté. Le nouveau président de la Communauté d'agglomération pourrait être Romain Grau, numéro 3 de la liste Pujol et préférence du président sortant Jean-Paul Alduy. Le sénateur-maire du Soler François Calvet pourrait également candidater.

Fanny Linares


Carcassonne vire à droite
L'union sacrée Gérard Larrat (DVD)-Isabelle Chesa (UMP), négociée entre les deux tours, aura coûté la victoire au maire sortant socialiste Jean-Claude Perez : la droite reprend les rênes de la cité audoise avec 40,42 % des suffrages (8 121 voix), contre 39,24 % pour Jean-Claude Perez (7 885 voix) et 20,34 % pour le Frontiste Robert Morio (4 086 voix). Député en 1987-1988 et de 1993 à 1997, l'ancien avocat, aujourd'hui âgé de 72 ans, était devenu maire en 2005 après le décès de Raymond Chesa. Élu en 2008, il avait dû abandonner son fauteuil à Jean-Claude Perez suite à l'annulation de l'élection par le Conseil d'État pour fraude. Gérard Larrat, qui avait conduit au premier tour une liste dissidente faute d'investiture de l'UMP, a choisi de faire alliance avec celle contre laquelle il a pourtant souvent bataillé au nom d'une sorte de guerre d'héritiers. « Je ne me fais aucun souci, j'ai déjà travaillé avec Isabelle Chesa, déclare-t-il au soir de son élection. Le passé, c'est le passé. Ce qui est important, c'est ce qui rassemble. La ville a été bafouée, meurtrie... On ne se sert pas de Carcassonne, on la sert ! Nous avons un travail considérable à faire. » Le scrutin s'est clôturé sur une participation de 68,87 % (63,92 % au 1er tour), les votes blancs et nuls représentant 4,36 % des suffrages. L'Agglomération, quant à elle, devrait rester à gauche, Carcassonne ne disposant que de 33 fauteuils sur les 122 des 73 communes.

Cécile Chaigneau


Narbonne bascule : Didier Mouly est élu avec 45,19 %
À Narbonne, l'équipe sortante a échoué, à la surprise générale : c'est Didier Mouly (DVD), qui menait une liste de droite, qui a ravi la mairie et 33 sièges au conseil municipal. Avec 45,19 % des voix au total, il remporte la mairie de Narbonne et évince Jacques Bascou, le maire sortant menant une liste de gauche, avec 43,82 % des suffrages. Le dernier candidat en lice de la triangulaire narbonnaise, Jean-Marc Péréa (FN), a vu son score final atteindre 10,98 %. Au final, les 45 sièges du conseil se répartissent entre la liste du Nouveau Narbonne, emmenée par Didier Mouly et qui remporte 33 sièges, la liste « J'aime Narbonne » de Jacques Bascou qui remporte 10 sièges, et deux sièges pour les élus du Rassemblement Bleu Marine. Le candidat victorieux, Didier Mouly, s'est bien évidemment réjoui de sa victoire de la « gestion sur la politique », et a appelé l'opposition à « travailler avec la majorité pour le Narbonne de demain ». La poussée de la droite, et les 37, 73 % d'abstention, dans une ville où le leadership de gauche reste depuis une cinquantaine d'année relativement anecdotique et surtout récent (Jacques Bascou a ravi la municipalité à la droite en 2008), ont suffi à faire perdre la mairie à l'équipe sortante, qui ne disposait pas d'une réserve de voix conséquente. D'autant plus qu'après le premier tour, la liste de droite de Frédéric Pinet qui remportait 10,90% des suffrages, s'est désistée, laissant Didier Mouly bénéficier du report des voix.

Amandine Ascensio

MAIS AUSSI...
À Mende, le sénateur socialiste Alain Bertrand l'emporte au 2e tour avec 52,65 % des suffrages face à Ginette Brunel (DVD). Tout comme Cyril Meunier (DVG) à Lattes avec 50,50 % des voix, Gilles d'Ettore (UMP, 47,90 %) à Agde, René Revol (PG, 56,47 %) à Grabels, Yvon Bourrel (DVG, 42,70 %) à Mauguio, Jean-Pierre Grand (UMP, 53,89 %) à Castelnau-le-Lez, Pierre Bouldoire (PS, 56,89 %) à Frontignan. Le premier tour avait déjà enregistré la victoire de Stéphan Rossignol (UMP, 54,34 %) à La Grande Motte, Didier Codorniou (PS, 76,56 %) à Gruissan, de Patrick Maugard (DVG, 50,18 %) à Castelnaudary, de Jean Castex (UMP, 70,19 %) à Prades ou de Jean-Luc Messonnier (DVD, 56,66 %) à Baillargues...

Crédit photo: Edouard Hannoteaux


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