Pilpa renait en Scop

Quelques mois après l'arrêt de la production des glaces Pilpa, les salariés déposent cette semaine les statuts d'une société coopérative de production, baptisée « La Fabrique du Sud ». La production redémarrera en mars.

C'est cette semaine que seront déposés les statuts de la Scop « La Fabrique du Sud ». Quatre mois après la fermeture définitive de l'usine Pilpa, le 12 juillet dernier à Carcassonne (11), 27 salariés ont choisi de faire perdurer l'activité de fabrication de glaces et de sorbets en créant leur propre société.

Dépôt des statuts de la Scop en décembre, lancement officiel de la prospection commerciale en janvier, démarrage de la production en mars et intégration de la totalité des salariés, au mieux, en fin d'année 2014. Tels sont les objectifs fixés par les salariés avec, à leur tête, Christophe Barbier, fraichement élu président par les membres de la Scop.

Les 27 salariés se sont répartis le travail en fonction de leurs compétences, pas toujours identiques au poste qu'ils occupaient auparavant. Si ce sont les salariés eux-mêmes qui commercialiseront les glaces dans le département de l'Aude, un pool de commerciaux professionnels est prévu pour intervenir sur le Grand Sud.

  • « Nos clients seront en majorité les GMS (grandes et moyennes surfaces, NDLR), précise Christophe Barbier. Nous visons les centrales d'achat, les coopératives comme Super U, Leclerc ou Intermarché. Certains sont d'ores et déjà prêts à discuter avec nous pour mettre nos produits dans leurs rayons. »

Positionnés sur les GMS, ils consacreront une petite partie de la production à la restauration collective et commerciale.

« À ma connaissance, il n'existe pas, ici, de glace artisanale à connotation régionale vendue en GMS, reconnaît Serge Garcia, délégué général de LRIA (Languedoc-Roussillon Industrie Agroalimentaire) et ancien directeur général de Boncolac. Ils ont donc une chance de se placer sur ce créneau en pariant sur la valeur régionale de leur produit. En revanche, ils risquent de rencontrer une concurrence plus franche sur le marché de la restauration hors foyer. »

Pilpa, née en 1972, a changé de main plusieurs fois depuis sa création. Jusqu'en 2011, l'entreprise appartenait à la coopérative 3A. Au sein de cette coopérative, la maison Boncolac détenait trois entreprises de fabrication de pâtisseries surgelées, d'entremets salés et de glace. En septembre 2011, la coopérative 3A se séparait de Pilpa, vendue au groupe anglo-germanique R&R. Par ce rachat, R&R est devenu leader sur le marché de la crème glacée en GMS et lui a donné accès aux marques phares des glaces Pilpa : Oasis et Disney.

Mais les dépenses se sont resserrées et plusieurs services, notamment de R&D, ont été dissous... En juillet 2013, alors que les négociations entre syndicat et direction étaient au point mort, le fonds d'investissement américain Oacktree, auquel appartient R&R, a été racheté par PAI, un autre fonds d'investissement. Cette vente a permis aux salariés d'ouvrir le dialogue.

« Avec l'avocat de PAI, nous avons négocié un protocole d'accord en notre faveur, rajoute Christophe Barbier. Depuis cette date, nous nous retrouvons tous les jours pour faire avancer et naître le projet de Scop. »

Ce protocole d'accord prévoit, en plus d'« une indemnisation de licenciement des salariés », une « aide à la création et au démarrage de la Scop » avec « cession gratuite » d'une partie du matériel dont une ligne de production ainsi que le « renforcement du dispositif de formation », indique le document. La Fabrique du Sud vise un objectif de 4M€ de chiffre d'affaires d'ici trois ans.

Ysis Percq

Légende : Les vingt-sept salariés de la Scop
Crédit : YP


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