In Situ élargit son parcours d’art contemporain

La manifestation, dont la 5e édition (du 18 juin au 18 septembre 2016) était présentée le 2 juin, étend son offre en faisant dialoguer art contemporain et patrimoine sur 4 départements de la nouvelle région. Entre radicalité et propositions vraiment inspirées.
De gauche à droite : Lamentaciones (2007-2009) de Javier Pérez,Barque-miroir (2002) de Marc Couturier.

Si les colonnes du Prieuré de Serrabona (66) ont été épargnées par les spéculateurs (d'autres chapiteaux catalans comme ceux de Saint-Michel de Cuxa, habillent le musée des cloîtres de New York), certains crieront au sacrilège en arrivant au seuil de cette merveille préservée de l'art préroman : créée in situ spécifiquement pour la manifestation d'art contemporain du même nom, « Fausse porte » de Daniel Dezeuze - une fausse porte de bois teinté au brou de noix -, interroge quant à la radicalité des choix de cet artiste, co-fondateur du mouvement Supports/Surfaces.

Serrabona compte parmi les onze sites du parcours d'art contemporain In Situ, dont la proposition s'élargit désormais à quatre départements, au regard du succès des précédentes éditions (450 000 visiteurs en 2015).

« Je ne crois pas aller vers des choses faciles qui auraient pour conséquence, côté public, d'éviter les propositions. Le choix est d'aller vers des artistes très professionnels, reconnus, dont la qualité du travail n'est plus à prouver, ce qui laisse aussi la place à de jeunes artistes de la scène internationale », explique Marie-Caroline Allaire-Matte, responsable artistique de la manifestation portée par l'association Le Passe Muraille.

Des artistes de renommée internationale

Et que de choix remarquables, en effet, pour cette nouvelle édition : l'abbaye de Lagrasse, nouvel écrin d'In Situ situé au cœur des Corbières, accueille une installation sonore rare de l'artiste espagnol Javier Pérez. Lamentaciones (2007-2009), 17 cloches de verre noires produisant 8 sons de voix et 9 autres émanant de la percussion des battants en résine (représentant des bras), pour une partition vocale sublime, de trente minutes, inspirée par le livre des Lamentations du prophète Jérémie. L'oeuvre sonore, co-réalisée avec le compositeur Joan Sanmarti, a nécessité une semaine d'installation « pour que tous les mécanismes soient parfaitement ajustés ».

« Il y a des œuvres qui arrêtent le visiteur, par leur beauté, leur sur-dimensionnement, les dispositifs insolites ou vraiment spectaculaires qu'elles convoquent, des oeuvres qui rentrent véritablement en résonance avec ces lieux eux aussi spectaculaires », insiste Marie-Caroline Allaire-Matte.

Des œuvres dont la puissance évocatrice crée un choc durable chez le visiteur, comme Retable II, production in situ de Renato Nicolidi à l'abbaye de Gellone, ou Barque-miroir (2002) de Marc Couturier, figurant une demi-barque suspendue devant un miroir déformant. Installée dans la salle capitulaire de l'abbaye de Fontfroide, cette pièce monumentale crée un vide, allant jusqu'à dématérialiser ce petit espace constitué de dentelles de pierres qui se déforment à leur tour au contact de l'oeuvre.

D'autres ont besoin d'être expliquées, par l'un des médiateurs présents sur chacun des onze sites d'In Situ 2016.

« L'art contemporain n'est pas chose acquise, d'où l'importance des médiateurs », conclut Marie-Caroline Allaire-Matte.

L'an passé, 90 000 visiteurs ont été en contact avec ces « passeurs » d'art contemporain... Avant que le public ne reçoive, dans le silence de ces sites remarquables, la beauté nue de ces œuvres.

In situ, patrimoine et art contemporain, du 18 juin au 18 septembre en région LRMP. Toutes les infos ici

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