La French Tech, véritable booster d’activité ?

Alors que le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, vient de lancer un nouveau label, baptisé Creative France et censé promouvoir l’industrie française, Antoine Dematté revient sur le bilan d’une précédente démarche de ce type, la tant vantée et si médiatique French Tech. Pour le fondateur des start-ups TouchMods et Dropy, à Montpellier, les retombées de ce label sont réelles… même si elles s’observent sur des critères parfois inattendus.

Le label French Tech a été lancé en 2014 par le gouvernement français. Largement porté par Fleur Pellerin puis Axelle Lemaire (ex et actuelle secrétaires d'État chargées du Numérique, NDLR), ce label a depuis largement été adopté par les entreprises « tech » et a très largement fait parler de lui, notamment à l'étranger.

La French Tech vue de l'intérieur, c'est quoi ?

Au début, il faut le dire, on ne savait pas trop à quoi servait la French Tech. Il y avait bien la communication autour plutôt sympathique avec les T-shirts roses et une charte graphique bien organisée. Mais pour quelle utilité économique ? En effet, entre le lancement et la première labellisation, il s'est passé près d'un an d'audit et de création de dossier. Au final, seules quelques Métropoles ont été retenues pour être labellisées French Tech.

Sur la région de Montpellier notamment, l'impact économique du label est à rapprocher du niveau des levées de fonds, qui ont décollé avec la labellisation. En 2015, 1,81 Md€ ont été investis dans les start-ups tricolores, plus du double qu'en 2014. Et la tendance se confirme début 2016. En revanche, très peu d'entreprises ont pu bénéficier de l'argent prévu initialement.

Les vrais avantages de la French Tech ne se mesurent pas au niveau financier mais plus sur un plan où on ne l'attendait pas vraiment au départ... En effet, les start-ups se sont vraiment appropriées ce label et en ont fait le leur. La French Tech a permis aux start-ups de faire parler d'elles, d'être découvertes comme moteur de croissance et de donner une certaine vision de l'entreprise que les Français ne connaissaient pas forcément, avec des sociétés à taille humaine emmenées par des entrepreneurs, et non par des patrons voyous comme on le voit parfois à la TV.

Dans le cadre de mon entreprise, Dropy, j'ai par exemple remarqué que mon équipe était beaucoup plus au fait de l'actualité autour des start-ups et des problématiques que je pouvais rencontrer en tant que chef d'entreprise. La French Tech a donc, en interne, permis une certaine prise de conscience et d'évangéliser l'esprit d'entreprise en Hexagone.

À l'extérieur, c'est indéniable, la French Tech a fait également parler d'elle auprès d'un public étranger qui nous a bel et bien remarqués. Avec pour conséquence l'accélération des ventes notamment dans le domaine des objets connectés et parfois même, à la clef, de belles acquisitions comme très récemment celle de Withings par Nokia.

Et c'est bien ce levier de l'internationalisation qui est le plus remarquable dans le succès de la French Tech. L'ouverture à l'international est même un axe majeur de croissance pour la French Tech. Celle-ci est passée à la vitesse supérieure en 2015 pour structurer sa dimension internationale autour de trois piliers :

  • L'émergence de French Tech Hub au sein de grandes métropoles internationales qui représentent des territoires majeurs de développement pour les start-ups de la French Tech.
  • Le lancement de la plate-forme d'attractivité internationale de la French Tech. Ce programme est doté d'un budget global de 15 M€.
  • Un « pack d'accueil », le French Tech Ticket, pour attirer des entrepreneurs étrangers à créer leur start-up en France.

Autant d'outils qui sont de vrais leviers de croissance pour les start-ups French Tech

Les déçus de la French Tech

Comme dans toute initiative, il a y a les heureux et les mécontents. Pour la French Tech, nombreux sont ses détracteurs. En effet, le label est parti sur un « mensonge » puisque la French Tech ne s'adressait au début pas uniquement aux entreprises innovantes/électroniques mais à tout type de société. Nombreuses ont été les TPE/PME déçues de ne pas avoir été véritablement incluses dans ce label qui se voulait pourtant fédérateur.

Pour d'autres, certains n'y voient qu'un large coup de com' à plusieurs millions d'euros. Idriss Aberkane (chercheur et professeur à Centrale-Supélec, NDLR) parlait en février 2016 de « l'arnaque de la French Tech » en précisant qu'aucun autre pays à part la France n'avait eu besoin d'un label particulier pour faire en sorte que ses entreprises exportent plus...

Coup de publicité ou non, il est indéniable que la French Tech a en tout cas permis une certaine prise de conscience et fait avancer les choses dans le bon sens. Mais celle-ci a été cannibalisée par les start-ups qui en ont fait leur étendard... Nul doute qu'aujourd'hui avec le label Creative France, Emmanuel Macron souhaite aller plus loin et permettre à d'autres types d'entreprises de se fédérer pour être plus fortes dans cette économie mondialisée.

On peut alors se poser la question : les entreprises françaises sont-elles à ce point tournées vers elles-mêmes, et non vers leurs clients, qu'elles ont besoin d'un label, promu par l'État, pour se regrouper ?

Antoine Dematté, fondateur de TouchMods et Dropy

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