Enseignement supérieur : « Le système actuel montre ses limites »

Selon Anne-Lucie Wack , présidente de la Conférence des Grandes Écoles (CGE), l’enseignement supérieur, grand oublié de 2012, doit revenir au centre des débats à l’occasion de la présidentielle de 2017. Et la CGE n’entend pas en rester à une vision idéologique du sujet. Elle avance de multiples propositions, sans tabous.

En vue de l'élection présidentielle 2017, la Conférence des Grandes écoles (CGE), regroupement des 222 grandes écoles françaises (ingénieur, management, architecture, normales sup, sciences po, art, design, santé... ) a présenté ses 24 propositions pour l'enseignement supérieur au Palais du Luxembourg à Paris, le 29 septembre 2016, en présence de sénateurs et sénatrices de toutes tendances et de nombreux journalistes.

En 2012,  l'enseignement supérieur était le grand absent dans les programmes des candidats à l'élection présidentielle. Pour 2017, il faut que les politiques s'en saisissent ! Car le défi est de taille. On comptait 300 000 étudiants dans l'enseignement supérieur dans les années 60, et on en compte plus de 2,5 millions aujourd'hui, et 3,3 millions à l'horizon 2027, sous l'effet conjugué de la démographie et de l'élévation souhaitée du niveau d'éducation - avec l'objectif fixé par le gouvernement de 60 % d'une classe d'âge diplômée de l'enseignement supérieur, soit 800 000 jeunes en plus sur les dix prochaines années.

Faire réussir la jeunesse

La vraie question est bien là. Comment faire réussir cette jeunesse, quand le système actuel montre ses limites : taux massif d'échec en 1er cycle ; jeunes qui décrochent ou se précipitent en masse dans des filières sans débouchés ; écart social de diplomation qui perdure, voire s'aggrave, avec moins de 30 % d'enfants d'ouvriers et employés diplômés de l'enseignement supérieur, alors que 65 % d'enfants de cadre le sont ; pyramide des diplômées inversée, avec moins de diplômés en formation courte qu'en formation longue - particularité française qui ne répond pas aux besoins des entreprises ni aux aspirations de la jeunesse.

Trop souvent on a le sentiment que la parole est confisquée par un petit nombre dont les préoccupations sont en décalage avec la réalité et figent le système, comme en témoigne l'hypocrisie du débat sur la sélection, quand 65 % des étudiants suivent d'ores et déjà des parcours sélectifs (BTS, IUT, grandes écoles, filières santé, etc. ), et que les autres sont sélectionnés de façon officieuse, ou pire, par tirage au sort ou par l'échec - majoritairement les jeunes de milieux modestes, moins bien informés et accompagnés . Ou le tabou sur les frais d'inscription, quand le système actuel largement gratuit, en universités et grandes écoles publiques, s'avère de fait fortement anti-redistributif puisque ce sont les enfants des classes favorisées qui en tirent le meilleur bénéfice. Ou les comparaisons biaisées sur le coût des cursus, ne prenant pas en compte le coût de l'échec.

Soyons pragmatiques !

On ne peut pas se contenter de dire que l'enseignement supérieur doit accueillir tous les bacheliers. Encore faut-il les faire réussir et les amener à l'emploi. Pour cela, il faut mettre en place des dispositifs efficaces pour les orienter et les accompagner, développer les formations professionalisantes courtes et l'apprentissage, gommer les biais liés à l'origine sociale par des programmes massifs d'inclusion sociale, faire jouer l'agilité des établissements pour innover et anticiper.

Telles sont quelques-unes des propositions faites par la CGE, pour que grandes écoles et universités, entreprises et territoires se mobilisent, ensemble, pour l'avenir de notre jeunesse et de notre pays.

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