Disparition de Raymond Dugrand à l’âge de 92 ans

Raymond Dugrand, ancien adjoint au maire de Montpellier Georges Frêche, est décédé dans la nuit du 12 au 13 février. Il restera l’une des figures emblématiques de la ville, pour avoir contribué à son développement et façonné son urbanisme.
Cécile Chaigneau

Raymond Dugrand, ancien adjoint à l'urbanisme de Montpellier, est décédé dans la nuit du 12 au 13 février, à l'âge de 92 ans.

Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, géographe de formation spécialisé en géographie urbaine, Raymond Dugrand a enseigné à l'université Paul-Valéry de Montpellier. En 1963 notamment, il publie aux Presses Universitaires de France (P.U.F., Paris) une thèse qui le rendra célèbre, « Villes et campagnes en Bas-Languedoc ».

« Montpellier vient de perdre cette nuit l'un de ses grands hommes, rend hommage Philippe Saurel, maire de Montpellier, président de Montpellier Méditerranée Métropole. Raymond Dugrand était un éminent spécialiste de la géographie urbaine dont le nom restera marqué dans l'histoire de Montpellier et celle de son développement urbain, pensé et maîtrisé au cours de plus de trente-cinq années consacrées à la vie publique... Il alliait le sérieux et la sagesse à de grandes compétences. Il était toujours de bon conseil et d'une grande modestie.  »

Montpellier, son laboratoire d'urbanisme

Entre 1977 et 2001, Raymond Dugrand avait été l'adjoint au maire de Montpellier, Georges Frêche, en charge de l'urbanisme. Son projet était d'arrêter l'extension de la ville vers le Nord et d'urbaniser les terres communales en direction de la Méditerranée, en utilisant le Lez comme axe principal. Il fait alors de Montpellier, jeune capitale régionale, un laboratoire d'urbanisme.

« Ensemble avec Georges Frêche, ils ont contribué à transformer Montpellier pour en faire une métropole européenne, ajoute Philippe Saurel. De la naissance d'Antigone au développement de la ville vers la mer en passant par le recalibrage du fleuve du Lez, Raymond Dugrand a écrit en lettres majuscules l'urbanité d'une ville nouvelle, régulièrement plébiscitée pour la qualité du geste architectural. »

Car c'est aussi Raymond Dugrand qui invitera de nombreux architectes à contribuer au développement de Montpellier en signant de nouveaux bâtiments. Parmi eux figurent quelques grands noms comme Ricardo Bofill, Paul Chemetov, Massimiliano Fuksas, Rob Krier, Emmanuel Nebout, Jean Nouvel, Christian De Portzamparc, Jean-Michel Wilmotte ou François Fontès.

La circulation, le social...

Le 12 juin 2009, en présence du maire de Montpellier, Hélène Mandroux, et de Georges Frêche, Président de la région Languedoc-Roussillon, l'ancienne avenue de la Mer avait été baptisée à son nom lors d'une journée célébrant « 30 ans d'urbanisme à Montpellier », en présence des architectes de renom avec lesquels il avait travaillé.

À cette époque, dans une interview donnée à Objectif Languedoc-Roussillon, Raymond Dugrand rappelait les principes qui doivent, selon lui, guider la croissance de la ville.

« D'abord la circulation. Les trois lignes de tramway convergent vers le centre avant de repartir ailleurs, un cas unique en France. C'est la possibilité pour les 500 000 habitants de l'agglo de venir dans le centre pour y trouver de la culture ou de l'activité universitaire. Ensuite le social. J'ai toujours voulu que la population d'ouvriers du tertiaire puisse vivre en cœur de ville. La réalisation d'habitat à loyers modérés, grâce à l'action de la SERM, devrait permettre d'y maintenir une population mixte. »

Cécile Chaigneau

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Commentaires 3
à écrit le 14/02/2017 à 23:12
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Raymond Dugrand fut un maitre à l'esprit brillant, toujours attentif aux parcours individuels de ses étudiants. Sa générosité était constante, le sens du service l'animait. Il travaillait pour partager son savoir. Dans les années soixante; époque o...

à écrit le 14/02/2017 à 18:13
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La liste des maitres d'oeuvre sollicités par M. Dugrand fait douter que Montpellier représente jamais une étape significative pour la création architecturale des années que vous évoquez.

à écrit le 14/02/2017 à 11:26
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Merci Cécile pour un texte sobre mais précis qui dit l'essentiel. Le rappel de cet entretien en conclusion traduit bien le cœur de sa pensée/action. J'ai eu la chance de le côtoyer dans la discrétion, à la fac (quel prof!!) et dans nos nombreux échan...

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