Départementales 2015 : le grand chelem de la gauche

À contre-courant de résultats très défavorables à la majorité présidentielle dans le reste du pays, le 2nd tour des élections départementales, le 29 mars, a vu la gauche l’emporter dans les cinq départements de la région. Elle rafle même la Lozère, ancrée à droite depuis 1945.
La gauche s'impose dans tous les départements

Victoire historique de la gauche en Lozère

Il n'est pas certain que le résultat suffise à consoler Manuel Valls, chef de la majorité présidentielle, au terme d'une soirée cauchemardesque (31 département perdus), mais avec la Lozère, le PS et ses alliés réalisent le seul basculement de la droite vers la gauche enregistré au plan national lors de ce scrutin. La légère chute de participation (63,2 %, contre 66 % le 23 mars) n'empêche pas le rapport de force, légèrement favorable à la gauche au 1er tour, de se concrétiser. Les divers gauche décrochent sept cantons, contre six à la droite. Sur le canton de Chirac, le tandem Boyer-Malige obtient 54,7 %, face à l'union de la droite (45,2 %), pourtant emmenée par le député Pierre Morel à L'Huissier. À Mende, le binôme Suau-Bourgade, pour l'union de la gauche, surpasse également celui de l'UMP, Henry-Brunel, avec 52,6 % contre 47,3 % des voix. Autre prise notable : le canton de Florac, où le duel à l'intérieur de la gauche voit le PS (60,9 %) s'imposer face aux divers gauche (39 %). Maigre consolation pour l'UMP, le président sortant, Jean-Paul Pourquier, obtient 55 % des voix à La Canourgue, aux côtés de Valérie Fabre, face au duo du Modem Rochoux-Aulas (45 %). Un score insuffisant pour éviter une défaite majeure à la droite lozérienne, qui contrôlait le Département depuis 1945.

Hérault : la gauche redresse la barre

En capacité de se maintenir sur 22 des 25 cantons de l'Hérault, le Front national ne parvient pas à transformer l'essai, faute d'alliance politique et de réserve de voix disponibles. À l'exception notable de son fief biterrois, où les candidats de Robert Ménard font encore mieux qu'au 1er tour sur les trois cantons de la ville (54,6 %, 54,1 % et 59,1 %) et confirment l'enracinement de l'extrême droite. Ailleurs, la gauche parvient à redresser la barre de façon assez spectaculaire. À Lunel, où le FN avait obtenu 41,1 % des voix le 23 mars, le duo Barral-Vignon (PS) profite du front républicain et s'impose de justesse, avec un score de 50,3 %. De même, la gauche parvient à l'emporter, avec parfois seulement quelques centaines de voix, à Frontignan avec le socialiste Pierre Bouldoire (51,8 %), à Cazouls-les-Béziers avec Philippe Vidal (50,1 %) ou à Sète avec le communiste François Liberti (52,1 %). À Agde, c'est le duo UMP Frey-Fabre de Roussac qui triomphe du FN, avec 54,7 %. Sur le canton de Saint-Pons, Kleber Mesquida (PS), qui vient de confirmer qu'il sera candidat à l'élection à la présidence du Conseil départemental jeudi prochain, obtient 59,24 % des voix. Enfin, à Montpellier, les candidats issus de la mouvance "citoyens-divers gauche-écologistes" du maire Philippe Saurel, triomphateurs de l'UMP et des candidats investis par le PS, confirment leurs percées du 1er tour en s'imposant au second, sur les cantons I (70,2 %), II (73,8 %) et IV (66,2 %). Sur le 3e canton, Michaël Delafosse (58,9 %) sauve l'honneur des socialistes et prolonge lui aussi son succès du 1er tour. Les candidats du FN échouent donc assez largement face à la gauche, mais avec des scores entre 29 % et 41 %, ils progressent sensiblement par rapport à leur historique sur cette ville (9,1 % aux municipales de 2014). Interrogé par Objectif Languedoc-Roussillon sur le vote de ses troupes pour l'élection à la présidence du Département, Philippe Saurel confirme qu'il est prêt à collaborer avec la gauche, mais prévient : "Nous ne soutiendrons pas un Montpelliérain. Montpellier a déjà la Ville et la Métropole, il nous faut donc un candidat issu des autres villes ou du péri-urbain pour l'équilibre des territoires". Au final, la gauche obtient 36 sièges, le FN six, et l'union de la droite huit, en légère progression (deux sièges lors du scrutin de 2011), à l'image d'un score très faible sur l'Hérault.

Pyrénées-Orientales : la gauche maîtresse chez elle

Les héritiers de Christian Bourquin ont finalement tenu leur rang. Après un 1er tour qui avait vu le Front national virer en tête dans le département des Pyrénées-Orientales (66) et mis à mal la majorité socialiste sortante, c'est finalement cette dernière qui sort vainqueur du second tour, et qui présidera aux destinées des P-O durant ce mandant comme durant les 17 années précédentes. Dans le canton Perpignan 6, la présidente sortante Hermeline Malherbe (associée à Jean Roque), est réélue avec 56,34 % des voix contre la liste FN menée par Anne-Marie Bousquet et Philippe Symphorien. Au final, le Front national perd tous ses duels ainsi que toutes ses triangulaires et n'aura aucun représentant à l'assemblée départementale malgré les 16 cantons (sur 17) où le parti de Marine Le Pen s'était maintenu au second tour. Et ce en dépit d'une nette progression, le FN arrivant en 2e position, notamment, sur le canton de la Côte Salanquaise avec 34,31 % (contre 35,29 % pour la gauche et 30,40 % pour la droite). Face aux 11 cantons obtenus par le PS et ses alliés de gauche, les six cantons arrachés par l'UMP, l'UDI et les divers droite ne seront pas suffisants. Désormais leader de l'opposition, Jean Castex (avec son binôme Hélène Josende) est élu avec 58,30 % des suffrages exprimés dans le canton des Pyrénées Catalanes. Siègeront à la nouvelle assemblée 14 socialistes, cinq communistes, un radical de gauche ainsi que huit UMP, quatre UDI et deux divers droite. La participation, en hausse par rapport au premier tour (55,72 %), s'est élevée à 58,65 %.

L'Aude, plus que jamais à gauche

Avec 54,95 % de participation au second tour, l'Aude est plus que jamais à gauche, le Parti socialiste s'imposant dans 18 cantons (sur 19), à l'image de la victoire dès le premier tour (50,9 % des voix) du président socialiste sortant André Viola (canton de Bram). La droite perd même du terrain, avec deux sièges seulement à Sigean pour l'union de droite qui s'est imposée au second tour face au Front National (tandem Henri Martin et Marie-Christine Theronchet, 58, 98 % des voix), alors qu'elle en comptait cinq dans l'assemblée sortante. Résultat : le PS obtient 44,6 % des voix et remporte 34 sièges, le reste se répartissant ainsi : 3,8 % pour les divers gauche (deux sièges), 3,1% pour l'UMP (aucun siège), 4,3 % pour l'union de la droite (deux sièges), 5,2 % pour les divers droite (aucun siège) et 39,1 % pour le Front National (aucun siège). Si le PS l'emporte avec une large avance dans plusieurs cantons comme dans ses duels avec le FN à Castelnaudary (61,59%), à Fabrezan (62,68 %) et à Sallèles-d'Aude (59,42 %), il est passé tout près de la défaite à Carcassonne 1. Dans cette triangulaire avec l'UMP et le FN, le PS remporte le canton avec seulement 5 voix de plus que l'UMP. Autre canton remporté de justesse : Carcassonne 3, où le PS sort vainqueur de son duel contre le FN, avec 51,94 % des voix.

Le Gard déjoue les pronostics et reste à gauche

Le 2e tour des élections départementales dans le Gard affichait 18 duels et quatre triangulaires. Et non six comme le voulaient les résultats du 1er tour, les candidats de la gauche à Saint-Gilles et ceux candidats sous l'étiquette "divers" à Rousson s'étant retirés du scrutin pour faire barrage au FN. Le parti d'extrême droite était présent lors de ce 2e tour sur 22 des 23 cantons (celui de La Grand Combe ayant élu au 1er tour le binôme communiste). Les voix de droite représentaient près de 61 % des votes au 1er tour, menaçant le département de basculer. Contrairement aux consignes nationales données par Nicolas Sarkozy et pronant le « ni-ni », l'UMP gardoise, par la voix du sénateur-maire de Nîmes, Jean-Paul Founier, s'était déclarée, dès 23 mars, favorable au front républicain pour barrer la route au FN. Le taux de participation au 2e tour du scrutin, 56,19 %, a été légèrement supérieur à celui du 1er tour (53,98 %). Le dernier acte de soutien du Premier ministre Manuel Valls avait été pour Jean Denat, président sortant, à l'occasion d'un meeting le 27 mars à Vauvert, canton sur lequel le président sortant du Conseil général était en ballottage défavorable face au FN. Il n'aura pas porté ses fruits puisque Jean Denat a été battu par le binôme FN de 250 voix. "Je suis triste pour les habitants de ce canton qui ont fait le choix de la supercherie du FN, a-t-il déclaré à l'annonce des résultats dimanche soir. Il semblerait que nous puissions conserver la majorité absolue départementale, ce qui est une bonne nouvelle pour les républicains. La droite républicaine est morte ici, désormais la droite c'est le FN qui a siphonné les voix de l'UMP... Le paysage politique a durablement changé. Il exprime une souffrance populaire à laquelle vraisemblablement nous n'avons pas su répondre." Le FN obtient 41,89 % des voix et siègera pour la première fois à l'assemblée départementale avec quatre sièges, obtenus à Vauvert (51,4 %) et à Beaucaire (55,1 % ). L'union de la droite obtient 27 % des voix et 18 sièges, le PS 11,85 % et huit sièges, les divers gauche 10 % et six sièges, le Parti communiste 4,12 % et six sièges, les divers droite 2,89 % et deux sièges, et l'Union de la gauche 2,23 % et deux sièges. La gauche conserve donc le Gard, mais avec une majorité relative. Le socialiste Denis Bouad (Uzès), premier vice-président, pourrait être candidat à la succession de Jean Denat, de même que le DVG Alexandre Pissas (Bagnols-sur-Cèze).

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Commentaires 9
à écrit le 30/03/2015 à 18:14
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l'Hérault est un des départements où il y a le plus d'assistés , le plus de gens qui travaillent au black , le plus de gens qui ne payent pas d'impôts ! pour eux , le système Hollande c'est super , ils ne craignent qu'une chose , c'est que l'UMP ou l...

à écrit le 30/03/2015 à 16:27
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Aude et Pyrénées orientales départements les plus pauvres et au plus fort taux de chômage de France, champions du clientélisme du RSA du RMI et du CMU, sans doute l'explication....en plus ils en redemandent !

le 30/03/2015 à 16:51
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+1000 vous ajoutez au cocktail ci-dessus les bobos hedonistes et et les étudiants Montpellieriens et vous avez le cœur de cible du PS, on est loin de billancourt!

à écrit le 30/03/2015 à 14:39
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C'est marrant ce mode de scrutin : Avec 42% des voix le FN récupère 4 sièges, et avec 4% des voix les communistes ont 6 sièges... Jolie!

à écrit le 30/03/2015 à 13:07
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Vivier de millions de fonctionnaires, ceci expliquant cela !

à écrit le 30/03/2015 à 13:03
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Chapeau, vous êtes les champions ! Recommencez ce grand chelem et on n'entendra plus parler du parti qui n'écoute pas le peuple Français et s'est fixé pour mission de l'envoyer au FMI. Et merci pour la rigolade.

à écrit le 30/03/2015 à 12:52
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le titre ne serait -il pas réducteur?

à écrit le 30/03/2015 à 12:47
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Départementales 2015 : le grand chelem de la gauche ?!! c'est pas la droite ?!!

à écrit le 30/03/2015 à 11:43
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le FN =000000000000000000

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