Régionales : Carole Delga et Dominique Reynié dévoilent leur jeu

Lors de deux points presse consécutifs, le 21 octobre à Montpellier, les têtes de liste PS et LR ont fait le point ou dévoilé leur programme. Entre autres mesures phares, la première préconise un plan Marshall pour le BTP, et le deuxième la création d'un fonds régional de 200 M€ annuels.
Carole Delga et Dominique Reynié ont dévoilé la totalité de leurs propositions en vue des régionales

S'exprimant la première dans la matinée, Carole Delga, tête de liste du Parti socialise aux élections régionales, s'est surtout employée à dissiper les craintes sur l'autonomie financière de la Région dans les années à venir, et donc sur sa capacité d'action.

Pour les infrastructures, elle propose, comme elle l'avait fait la veille lors d'un débat organisé par la FRTP L-R, le lancement d'un "plan Marshall", consistant à mobiliser des enveloppes déjà fixées (350 M€, avec le concours de l'État et de l'Europe) afin "de continuer à investir" : sur le rail avec des priorités comme les axes Castelnaudary-Carcassonne, Narbonne-Montpellier, ou Toulouse-Tarbes, et sur la route, avec les travaux sur la RN88. Elle veut aussi favoriser l'accès des TPE à ces marchés publics, en leur réservant une part de la commande régionale au moyen d'allotissements ciblés, et en mettant en place un système d'avances forfaitaires de 15 % sans garantie.

Une taxe sur le trafic poids lourds international

S'agissant de la mobilité, Carole Delga évoque aussi la création d'un "RER métropolitain", qui relierait Narbonne et Nîmes, et le lancement d'un titre unique dans tous les transports publics de la région. Pour financer en partie ces dossiers, elle formule une proposition inédite.

"Je veux lancer le débat autour d'une taxe sur les poids lourds en transit international, déclare-t-elle. Ils utilisent nos routes, les abiment, sans parler de la pollution, aussi il me semble nécessaire de les taxer pour financer nos infrastructures. C'est un débat qu'il faudra porter devant le gouvernement, car cette taxe nécessitera l'adoption d'une loi."

Deux Cités des start-ups

Sur le développement économique, Carole Delga souhaite mettre l'accent sur le numérique, avec la généralisation de la téléphonie mobile et du Très Haut Débit en territoire rural (10 Mb/s), et la création de deux Cités des start-ups, à Toulouse et à Montpellier. Celles-ci agrègeraient les accélérateurs, incubateurs et sociétés de capital-risque du territoire, et seraient complétées par des lieux-tiers dans les autres villes moyennes de la future région.

Plus globalement, le développement économique s'appuierait sur un nouveau fonds d'investissement régional, afin d'aider les start-ups à évoluer en PME, et les PME en entreprises de taille intermédiaire (ETI), qui s'ajouterait au système de subventions existant. Sans en préciser la dotation.

"Ce serait un fonds de fonds, qui s'appuierait sur diverses structures financières, indique-t-elle. Il s'agit de permettre à la Région de devenir actionnaire de sociétés en croissance, que les banques n'aident pas à changer d'échelle, et de les consolider sur les fonds propres - pas la trésorerie. Je veux m'inspirer du Fonds Impact Coopératif, que j'avais mis en place pour investir dans les entreprises de l'économie sociale et solidaire lorsque j'étais secrétaire d'État."

L'urgence budgétaire

De son côté, Dominique Reynié, tête de liste Les Républicains, ne manque pas d'alerter sur le niveau d'endettement national ("100 % du PIB") et régional ("80 % du budget des deux régions"). Sur la base de constat, il envisage néanmoins de créer "un choc d'investissement" dont les effets devront se faire sentir dès la 1e année de mandat.

Le politologue propose notamment un plan d'aide pour la route (200 M€ annuels), un plan en faveur du BTP, en déployant 10 000 aides de 10 000 €, ciblant les primo-accédants, pour élargir l'accession à la propriété.

Sur le développement économique, Dominique Reynié annonce son intention de créer un fonds d'investissement territorial, doté également de 200 M€ par an, caractérisé par un effet levier le portant à 1 Md€ par an, en associant divers investisseurs public ou privés.

"Cette politique d'investissement s'appuiera sur de nouveaux outils que seront deux bourses de cotation, créées à Toulouse et à Montpellier, poursuit-il. Nous mettrons l'accent sur les sociétés d'accélération de transferts de technologies (SATT) : il faut relier les investisseurs, qui sont en recherche de projets, et les inventeurs, qui sont en recherche de fonds."

Selon les calculs du candidat LR, en décomptant les 650 M€ par an qu'il propose, et les 450 M€ par an déjà engagés par la majorité actuelle, il resterait 150 M€ à investir, pour lesquels Dominique Reynié détermine plusieurs cibles : la formation professionnelle, l'encouragement à la filière de la voiture propre, la création d'un fonds de garantie contre les aléas climatiques (visant les agriculteurs), un nouveau programme d'aménagement et de rénovation de l'habitat sur le littoral, ou encore une politique de soutien à la filière du cinéma d'animation ("un pôle technique à fort rayonnement international").

Une "nouvelle puissance publique"

Rappelant son souci d'orthodoxie budgétaire, Dominique Reynié a chiffré à 40 M€ annuels les économies à réaliser à plusieurs niveaux : cabinet de la présidence, indemnité des élus, marché de la communication institutionnelle, etc. Surtout, il annonce un audit sur l'ensemble des dépenses de la Région, estimant que "10 % des subventions peuvent être remises en cause, soit 25 M€ par an" (la généralisation de l'ordinateur dans les lycées, LoRdi, serait notamment abandonnée). Et il promet des arbitrages plus lourds encore, sur la question de la LGV notamment.

"Les lignes Toulouse-Narbonne et Montpellier-Perpignan me semblent être des chantiers très importants pour souder les deux régions et avoir des axes stratégiques au sein de l'Eurorégion, pointe-t-il. S'agissant de la ligne Bordeaux-Toulouse, il y aura des choix à faire. Si on réunissait les investisseurs de cette ligne, estimée à 8,4 Mds €, autour d'une table aujourd'hui, personne ne viendrait. Si cela persiste, elle ne pourra pas se faire."

Globalement, Dominique Reynié insiste sur la notion de "nouvelle puissance publique régionale" vers laquelle l'institution, selon lui, doit évoluer. Cela l'amènerait à capter de nouvelles compétences, comme la sécurité des biens et des personnes, déjà citée lors d'un meeting de campagne antérieur. "Sans quoi, la fusion des régions sera compliquée, la métropolisation sera non gouvernée, et tout cela se fera au détriment des villes moyennes et de la ruralité, alors menacée de désertification".

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Commentaires 2
à écrit le 22/10/2015 à 17:12
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Finalement la candidate PS propose surtout une nouvelle taxe ! On ne se refait pas !

à écrit le 21/10/2015 à 21:37
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Un côté des choses sans fonds ni fond, avec des fonds de fonds et des écotaxes remises à l'ordre du jour.... Ah si j'oublie, ré appliquer un modèle de son mandat de secrétaire d'état (quelle est la trace laissée?) pour l'échelle régionale... Donc d...

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