Régionales : la gauche à nouveau aux manettes pour six ans

La nouvelle région restera finalement à gauche pour les six prochaines années. Carole Delga a remporté l’élection avec un score net de 44,81 % des voix, laissant le candidat frontiste Louis Aliot loin derrière (33,87 %).
Carole Delga à la Gazette Café de Montpellier, dimanche 13 décembre 2015

Au soir du second tour des élections régionales, la liste PS-PRG-EELV-FG conduite par la socialiste Carole Delga est arrivée en tête en Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, avec 44,81 % des voix contre 33,87 % pour Louis Aliot (FN) et 21,32 % pour Dominique Reynié (Les Républicains, UDI, MoDem, CPNT).

La candidate socialiste, qui avait remporté 24,41 % des voix au premier tour, aura donc bénéficié d'un bon report des voix de gauche, notamment du fait de la fusion de sa liste avec celle de Gérard Onesta (EELV-FDG), qui avait obtenu 10,26 % des voix. Au premier tour du scrutin, le candidat du Front National avait remporté 31,83 % des voix, et Dominique Reynié, 18,84 %.

La triangulaire régionale aura mobilisé un peu plus les électeurs qu'au premier tour (51,22 %), le taux de participation s'élevant à 60,94 %.

Sur les 158 sièges de la nouvelle assemblée régionale, la liste PS-PRG-EELV-FG en occupera donc 93, la liste Front National 40 et la liste LR-UDI 25.

Les scores dans les départements...

Dans le Languedoc-Roussillon, Carole Delga l'emporte dans trois départements sur cinq (Hérault, Aude, Lozère), tandis que le frontiste Louis Aliot arrive en tête dans les Pyrénées-Orientales et le Gard.

Dans l'Hérault, la candidate socialiste obtient 41,99 % des voix, Louis Aliot 38,84 % et Dominique Reynié 19,17 %. En Lozère, Carole Delga l'emporte avec 41,78 % des voix, 32,16 % pour Dominique Reynié et 26 % pour Louis Aliot. Dans l'Aude, la candidate socialiste arrive en tête avec 43,51 % des suffrages, suivie de Louis Aliot avec 39,57 % des voix et 16,92 % pour Dominique Reynié.  Dans les Pyrénées-Orientales, c'est Louis Aliot qui arrive en tête, avec 43,97 % des voix, suivi par Carole Delga (37,02 %) et Dominique Reynié (19,01 %). Enfin dans le Gard, le candidat Front National obtient 42,62 % des voix, Carole Delga 37,43 % et Dominique Reynié 19,95 %.

En Midi-Pyrénées, terres traditionnellement de gauche, la socialiste Carole Delga fait carton plein, en l'emportant dans tous les départements sans exception.

Dans la Haute-Garonne, Carole Delga remporte 52,84 % des suffrages, Louis Aliot 26,09 % et Dominique Reynié 21,08 %. En Ariège, la socialiste arrive en tête avec 52,1 % des voix, contre 30,65 % pour Louis Aliot et 17,26 % pour Dominique Reynié. Dans l'Aveyron, Carole Delga arrive en tête avec 44,09 % des suffrages, suivie de Dominique Reynié à 32,70 % et Louis Aliot à 23,21 %. Dans le Gers, Carole Delga est en tête avec 48,05 % des suffrages, contre 28,5 % pour Louis Aliot et 23,45 % pour Dominique Reynié. Dans les Hautes-Pyrénées, elle obtient 51,90 % des voix, Louis Aliot 25,78 % et Dominique Reynié 22,32 %. Dans le Lot, Carole Delga l'emporte avec 52,69 % des suffrages, suivie de  Dominique Reynié à 24,50 % et Louis Aliot à 22,80 %. Dans le Tarn, Carole Delga obtient 43,57 % des voix, Louis Aliot 33,14 % et Dominique Reynié 23,29 %. C'est dans le Tarn-et-Garonne que le score s'est révélé le plus serré : Carole Delga arrive en tête avec 39,47 % des voix, contre 37,67 % pour Louis Aliot, et 22,86 % pour Dominique Reynié.

... et à Montpellier, Toulouse, Beaucaire, etc.

À Montpellier, où le dissident Philippe Saurel avait réalisé le score de 24,10 %, la socialiste Delga est en tête, avec 57,79 % des voix, suivie de Louis Aliot à 23,46 % et de Dominique Reynié à 18,75 %. À Toulouse, victoire sans ambiguïté non plus pour la liste d'union de la gauche qui l'emporte avec 59,12 % des suffrages (22,61 % pour Dominique Reynié et 18,27 % pour Louis Aliot).

Dans son fief à Perpignan, Louis Aliot devance Carole Delga avec 41,94 % des voix contre 36,94 % pour la socialiste et 21,12 % pour le candidat LR-UDI.

À Martres-Tolosane, où Carole Delga fut maire de mars 2008 à juillet 2014, le score est nettement en faveur de la socialiste qui y remporte 56,99 % des suffrages, contre 32,48 % pour Louis Aliot et 10,53 % pour Dominique Reynié.

Dans sa ville natale aveyronnaise Onet-le-Château, Dominique Reynié n'arrive pas en tête du scrutin, avec seulement 33,66 % des voix, contre 46,35 % pour Carole Delga et 19,98 % pour Louis Aliot.

Dans l'Hérault, Louis Aliot est en tête du suffrage dans un certain nombre de communes dont Béziers (48,01 %), Lunel (45,32 %) et Sète (41,40 %). Dans ces villes, la candidate socialiste Carole Delga réalise respectivement 35,32 %, 37,27 % et 38,44 %.

À Beaucaire, dirigé par le maire frontiste Julien Sanchez, Louis Aliot devance largement les deux autres candidats avec 57,28 % des suffrages (contre 29,56 % pour Carole Delga et 13,16 % pour Dominique Reynié). À Nîmes, c'est la candidate socialiste qui sort gagnante des urnes avec 42,01 % contre 34,94 % pour Louis Aliot et 23,05 % pour Dominique Reynié.

Réactions

Le président sortant de la Région Languedoc-Roussillon, Damien Alary, assurera la gestion des affaires courantes de la Région jusqu'à l'installation du nouvel exécutif, le 4 janvier. Dimanche soir à Montpellier, il s'est dit « fier du peuple français qui a voté à gauche et de Carole Delga, une femme de talent et de compétences ».

 « Elle a fait une belle campagne, courageuse et digne, déclare Martin Malvy, le président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, à nos confrères d'Objectif News à Toulouse. Elle n'est jamais tombée dans la polémique. Elle a respecté les citoyens et les citoyennes qui l'ont respectée eux aussi. J'espérais avant de partir que la succession soit assurée comme elle l'est aujourd'hui. Pour moi ce soir, c'est un moment de bonheur. Je suis très heureux de cette victoire. »

« La hausse de la participation enregistrée aujourd'hui témoigne d'un sentiment civique que les tragiques événements ne sont pas parvenus à affaiblir et qu'ils ont peut-être même renforcé. Soyons en fiers !, déclare le candidat LR Dominique Reynié. Cependant, ne simplifions pas le résultat. La situation est plus paradoxale et plus ambigüe qu'il n'y paraît. Ceux qui s'apprêtent à gouverner la région n'ont pas réussi à convaincre la majorité des électeurs. Chez nous, une fois de plus, comme lors des élections départementales de mars, c'est bien le vote Front National qui permet à la gauche de conserver le pouvoir tandis qu'elle a perdu la majorité des suffrages. [...] Ceux qui ont été désignés ce soir se retrouvent face à une énorme responsabilité. Dans un contexte budgétaire plus préoccupant que jamais, ils n'ont plus droit à l'erreur. »

« L'élection de Carole Delga s'est faite par défaut, réagit Stephan Rossignol, maire LR de La Grande Motte. En effet, la liste "PS-Écologiste-Front de Gauche" de second tour s'est construite sur une addition de composantes de gauche sans projet et incapable de gérer la région demain. Leur seul lien est d'agiter l'épouvantail du FN et de garder le pouvoir. Je crains qu'une telle majorité, composite et d'une légitimité fragile, conduise notre région à l'immobilisme pour 6 ans. Alors qu'elle a besoin d'être bâtie pour répondre aux enjeux de l'économie et de l'emploi. »

« Je me réjouis de cette grande victoire nationale face à l'extrême droite, déclare de son côté Philippe Saurel, le maire de Montpellier. Mme Delga que je félicite, à désormais une grande responsabilité face aux citoyens du Languedoc-Roussillon et de la Métropole de Montpellier. C'est la ville de Montpellier et les 30 communes de sa Métropole qui lui apportent le meilleur pourcentage en Languedoc-Roussillon et deviennent le seul rempart solide contre le Front National dans le département de l'Hérault. Je ne doute pas qu'elle saura défendre avec équité l'ensemble du territoire régional. »

Pour Kléber Mesquida, président du Conseil département de l'Hérault, « l'élection de Carole Delga va permettre de construire des partenariats entre le Conseil départemental et le Conseil régional. La loi NOTRe qui redéfinit les compétences des collectivités autorise l'établissement de conventions entre celles-ci. La Région pourra nous déléguer certaines actions dans des secteurs économiques. Nous serons des opérateurs régionaux sur l'espace du département, notamment en matière de politique agricole ».

« J'éprouve une joie immense ce soir, commente Henri Cabanel, sénateur de l'Hérault. Carole Delga est élue et c'est une femme ambitieuse pour notre région. Son expérience de maire d'une petite commune rurale, de vice-présidente de la Région et de secrétaire d'État devrait rassurer les citoyens. »

En 8ème position sur la liste de Carole Delga dans l'Hérault, Jean-Luc Bergeon, le maire de Saint-Christol et vice-président de la Communauté de communes du Pays de Lunel, estime qu' « il faudra apporter des réponses rapidement aux questions de l'emploi et du logement ». Invoquant la nécessité d'entamer « un réel travail de fond » pour contrer le vote FN, l'élu déclare que « si on repart dans une guerre PS contre LR pour les présidentielles, ça n'ira pas. Il faut absolument une prise de conscience du rôle clef que jouent les collectivités territoriales et les communes et il faudra donner les moyens aux élus de terrain de répondre à ces enjeux ».

En 11ème position sur la liste de l'union de la gauche dans l'Hérault, Marie-Thérèse Mercier, présidente du Medef Montpellier-Sète-Centre Hérault, se prépare à intégrer le nouvel exécutif : « Je travaillerai sur les sujets économiques. Mon rôle sera avant tout de faire le lien avec les entreprises du territoire, notamment pour construire une offre de formation qui soit en adéquation avec leurs besoins ».

Malgré tout, le FN progresse

Pour mémoire, en 2010, en Midi-Pyrénées, le socialiste Martin Malvy avait remporté les élections régionales avec 69,5 % des voix, contre 30,5 % pour la candidate UMP Brigitte Barèges. En Languedoc-Roussillon, Georges Frêche (exclu du PS) avait été élu avec 55,94 % des suffrages, contre 25,23 % pour le candidat de droite Raymond Couderc et 18,83 % pour la frontiste France Jamet.

S'il n'emporte pas les élections de la nouvelle grande région, le Front National progresse considérablement en nombre de voix. Le second tour des élections régionales 2015 lui accorde 826 023 voix, contre 208 349  lors du 1er tour des élections régionales de 2010 (le Front National ne s'étant pas maintenu en Midi-Pyrénées au 2nd tour).  Aux élections présidentielles de 2002, où le FN avait fait son score national le plus élevé, le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées comptabilisaient 537 353 voix.

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Commentaires 2
à écrit le 14/12/2015 à 16:44
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Comme les cinq présidents de région socialistes madame Delga va avoir à résoudre une équation bien complexe : Assurer à cinq régions le financement du Ps qui se faisait à 21. Hier au soir, à la télévision, B. Hamon, probablement troublé par les résu...

à écrit le 14/12/2015 à 12:30
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Il y a des aberrations que l'on ne comprend pas. Comment Madame DELGA largement minoritaire en voix peut-elle se trouver majoritaire en sièges? Il y a quelque chose qui ne va plus dans notre Démocratie. Au surplus, le vote a largement montré le cliva...

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