Le Labex Entreprendre présente ses propositions pour booster l'entrepreneuriat

Les échanges menés à l’occasion des 5 ans du Labex Entreprendre, le 7 avril, à Montpellier, ont abouti à la formulation de propositions en matière d’entrepreneuriat. Plus de 200 personnes ont participé à cette journée, où sont intervenus, entre autres, Thibault Lanxade (Medef) et l'ex ministre Corinne Lepage.
Table-ronde de clôture : J. Benabdillah (Leader LRMP), T. Lanxade (Medef), A. Rey (Objectif LR), C. Lepage (Cap21), D. Restino (Moovjee) et J-P. Boissin (Pépite)

Faire de l'entreprise un objet de recherche à part entière, telle est l'ambition du Labex Entreprendre qui associe 160 chercheurs issus de cinq équipes de recherche de Montpellier dans le domaine du Droit-Économie-Gestion. Au-delà de programmes de recherche ou de formation spécifiques, cette collaboration s'est traduite par l'organisation d'un colloque le 7 avril à Montpellier.

Retrouvez un diaporama dédié à l'ensemble du colloque sur ce lien.

Près de 220 chercheurs, dirigeants d'entreprise et décideurs politiques se sont rassemblés à cette occasion pour échanger sur le thème « Entrepreneuriat et innovations durables : quelles perspectives pour la France ? ».

Une table-ronde riche en échanges

Une table-ronde plénière, dédiée aux "défis de la société entrepreneuriale", a vu l'intervention de Thibault Lanxade, vice-président du Medef, enthousiasmé par l'évolution de l'acte d'entreprendre, qui se démultiplie à travers l'entrepreneuriat étudiant, le statut de l'auto-entrepreneur ou la reprise-transmission. L'ex-ministre Corinne Lepage, fondatrice du MENE (mouvement des entrepreneurs pour une nouvelle économie) a estimé que c'est la "recherche de sens" qui prime aujourd'hui dans la création d'entreprise, comme l'illustre l'appétence des étudiants pour l'économie sociale.

En écho, Jean-Pierre Boissin, coordinateur national de Pépite France, s'est félicité des progrès enregistrés depuis la mise en place du statut de l'entrepreneur étudiant, avec un bond de 646 à 1 400 projets accompagnés en dix-huit mois par les 29 pôles Pépite installés en région, tandis que Dominique Restino, président fondateur du Moovjee (Mouvement pour les Jeunes et les Etudiants Entrepreneurs) a souligné l'importance du mentorat pour entrepreneurs, permettant d'instaurer une "confrontation positive des expériences" entre le mentor (un chef d'entreprise expérimenté) et le mentoré (l'étudiant ou le jeune porteur de projet), sans que le premier ne s'impose au second.

Enfin, Jalil Benabdillah, en tant que président de LeadeR LRMP, a plaidé pour la suppression de certains freins, tels qu'un droit du travail trop contraignant, et fait cette observation : malgré l'excellence du dispositif d'accompagnement à la création d'entreprise en France et en région LRMP, l'enjeu se se situe surtout dans "la pérennisation et le développement de l'activité" : le P-dg de SDTech propose de faire du LRMP "la région des bêta testeurs", où les acteurs économiques actionnant la commande publique permettraient à ces jeunes entreprises de trouver plus vite leur marché.

Adapter le droit

En amont de ce débat, un panel de plusieurs ateliers thématiques a été organisé avec, en fin de journée, la formulation de propositions précises à l'attention des décideurs. À la question, « quel droit du travail pour les TPE ? », les congressistes ont répondu « un droit adapté à la diversité des entreprises et des métiers ».

« Le gouvernement l'avait compris dans sa future loi sur le travail mais aujourd'hui le texte a été modifié et les TPE risquent d'être le dindon de la farce », déclare l'animateur de l'atelier, Paul-Henri Antonmattei, professeur à l'Université de Montpellier.

L'agrégé en droit évoque la nécessité de « rendre plus lisible le droit du travail » même s'il concède que ce texte restera « toujours compliqué car il rend compte de la diversité ». Autre proposition : « le dialogue social doit avoir lieu même dans les petites entreprises ». Sur ce sujet, la formation des acteurs pourrait être proposé par l'université.

Sur le thème de l'« Innovation et performance durable », le second atelier a notamment abordé les pratiques de management en matière de RSE. Face à la diversité des acteurs (TPE, PME, multinationales, etc.) et de leurs objectifs, les congressistes ont évoqué la nécessité d' « une formalisation du droit mais qui ne soit pas appliquée à un modèle unique ».

La dimension RSE

Le sujet de la RSE a également été évoqué dans un troisième atelier sur le thème « Gouvernance alternative, stratégies et performances : études comparatives entre coopératives et entreprises actionnariales ».

« Les structures de type coopérative ont souvent une performance inférieure en termes de rentabilité que les entreprises capitalistiques, indique Patrick Sentis, professeur à l'Université de Montpellier. En revanche, les coopératives présentent moins de risques et une capacité de résilience supérieurs. »

Concernant plus spécifiquement la RSE, les travaux ont mis en évidence que « la dimension environnementale fonctionne bien, explique l'enseignant-chercheur. Par contre, la dimension sociale est mal perçue par les marchés, ce qui conduit à une sous-performance et une destruction de valeur ».

La souffrance des dirigeants d'entreprise a été évoquée dans un quatrième atelier. « C'est une réalité et on en parle peu », note Olivier Torrès, professeur en management à l'Université de Montpellier. D'où la nécessité de renforcer l'accompagnement des entrepreneurs mais aussi de changer de paradigme en « passant de la souffrance à la santé ». Dans ce registre, il évoque également la nécessité de recueillir des données statistiques sur la santé des salariés et des chefs d'entreprise.

Les leviers de l'innovation

« Innover, seul ou à plusieurs : quels leviers ? », s'est interrogé Frédéric Le Roy, professeur en sciences de gestion à l'université de Montpellier 1, à l'occasion d'un cinquième atelier.

« Seul ? La question ne se pose plus car il n'y a quasiment plus d'entreprises qui sont capables d'innover seules », fait-il remarquer. La question devient alors « avec qui ? ». Première piste : « il faut dépasser les frontières régionales, nationales voir continentales pour développer un projet innovant », résume-t-il. Sur la méthode à adopter, l'enseignant chercheur indique qu'aujourd'hui que « le management de partenariat devient un métier ». Résultat : « il faut se pencher sur ces nouveaux métiers et aider au développement de nouveau type de management ».

Sur le thème de « Trajectoires de croissance des jeunes entreprises innovantes », le sixième atelier s'est penché sur le cas des chercheurs, créateurs d'entreprise.

« Ces entreprises sont très prometteuses jusqu'à cinq ans, indique Karim Messeghem, directeur du Labex et professeur à l'Université de Montpellier. Mais, à 6-7 ans, le taux de pérennité chute à 60 % ».

Cette période critique appelle à davantage d'accompagnement des créateurs d'entreprises, notamment en matière de développement de nouvelles compétences. « Le porteur du projet est souvent très tourné sur la technologie mais n'a pas forcément des compétences commerciales ou financières », note Karim Messeghem. D'où la nécessité de proposer des parcours de formation spécifiques aux dirigeants.

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