L'Université de Montpellier, classée n° 2 sur la thématique Écologie par le classement de Shanghai 2020 (palmarès mondial des établissements d'enseignement supérieur), crée le premier diplôme universitaire (DU) de finance verte en France. Il ouvre dès cette rentrée universitaire 2020.
L'initiative est portée par deux enseignants-chercheurs, Sébastien Duchêne (expert en finance de marché et en économie et finance expérimentale) et Adrien Nguyen-Huu (spécialiste de mathématiques financières et de macroéconomie écologique), tous les deux maîtres de conférences en sciences économiques et finance de l'université de Montpellier.
« Ce diplôme universitaire en finance verte sera le 1e en France et il en existe peu en Europe et même dans le monde, observe Sébastien Duchêne. L'université de Montpellier a une compétence forte en écologie mais il nous semblait intéressant d'avoir aussi une dimension sociale pour contribuer à faire évoluer les financements vers des enjeux environnementaux. Personne n'est très acteur de ce changement dans le secteur financier, et nous souhaitons créer de la pédagogie auprès des étudiants pour participer à l'évolution des mentalités. Sans finance verte, sans financiers avec une appétence pour la transition écologique, pas de transition écologique dans un système capitaliste ! Il faut un changement de paradigme dans le secteur de l'activité financière pour développer une économie bas carbone. »
Financer des projets écologiquement responsables
Ce cursus ambitionne donc de répondre à l'immense défi de l'économie responsable. Dans tous les secteurs, l'adaptation et l'atténuation du changement climatique exigent le déploiement d'importants volumes de capitaux vers des projets écologiquement responsables. Si le dérèglement climatique représente un risque important pour les économies et les systèmes financiers, il offre aussi des opportunités de financer la transformation verte et d'aligner les investissements et les financements sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
« Avec ce nouveau DU, nous voulons permettre une bonne compréhension des concepts-clés de la finance climatique et durable, expliquer où sont les défis et quelles sont les solutions, travailler sur le rôle des différents acteurs, permettre de saisir les enjeux politiques et les impacts des décisions réglementaires ou financières prises par les gouvernements, les banques centrales, les banques privées, etc., précise Sébastien Duchêne. Et bien sûr apporter une vision exhaustive des instruments financiers au service de la transition écologique. »
Un changement de paradigme impérieux
Selon les deux enseignants-chercheurs, les attentes du secteur bancaire en matière de finance verte sont réelles. Reconnaissant les enjeux mais disposant de peu de moyens pour y répondre, les banques sont en quête de compétences pour faire évoluer leur métier. Sébastien Duchêne l'affirme, « il y a dix ans, on commençait à parler de comment intégrer une dimension environnementale dans la gestion d'actifs, aujourd'hui les banques ne peuvent plus passer à côté ! ».
« Les banques de marché ont bien saisi, après le secteur de l'assurance, la dimension risque du changement climatique, illustre Adrien Nguyen-Huu. Les portefeuilles d'actifs sont très éprouvés par les phénomènes climatiques nouveaux comme les inondations par exemple, et il faut comprendre ce qu'est une zone sensible. Les banques ont compris que ce risque est difficile à mesurer et qu'il faut provisionner en vue de différent scenarii possibles... Ce changement de paradigme dans la banque est impérieux aujourd'hui. La notion de finance verte est sur le devant de la scène depuis 3 ou 4 ans pour faire face à 2 défis : trouver des financements pour des projets verts et faire la transition des énormes quantités d'épargne disponibles vers des actifs décarbonés, les actifs carbonés risquant d'être dépréciés. »
Un partenariat avec le CIC Sud Ouest
L'université de Montpellier a signé un partenariat avec le CIC Sud Ouest (filiale du Crédit Mutuel Alliance Fédérale) pour la création de ce DU.
« Ce partenariat nous garantit une autonomie qui nous permettra de faire intervenir des enseignants mais aussi des professionnels, souligne Sébastien Duchêne. Cette formation se veut au contact du milieu professionnel afin de mieux comprendre les besoins du secteur. Nous ne sommes pas dans la critique de la banque qui ferait mal son métier, mais nous voulons participer à la construction des nouveaux métiers. Le CIC a été très réactif, dans une démarche de mécénat et de dynamique non commerciale. Et nous souhaitions aussi nous engager avec une banque qui serait intéressée pour recruter nos étudiants diplômés. »
Le DU, qui propose 139 heures de formation auxquelles s'ajouteront les interventions de professionnels extérieurs, s'adresse aux étudiants en formation initiale, possiblement en complément d'une 3e année de licence ou d'un master « de droit, de gestion ou même pourquoi pas, de disciplines plus littéraires », précise Sébastien Duchêne. Mais le DU s'adresse également aux professionnels du secteur bancaire en formation continue.
La première promotion 2020, volontairement restreinte, devrait accueillir une vingtaine d'étudiants. Des dossiers ont déjà été sélectionnés, mais les inscriptions sont encore ouvertes.
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