Le paradoxe de l’Occitanie : croissance de l’emploi et chômage élevé

Une étude que l’Insee vient de publier signe une caractéristique paradoxale de l'Occitanie : bien qu’elle soit une des régions où la croissance de l’emploi est la plus dynamique, elle est aussi l’une où le taux de chômage reste le plus élevé. Explications sur ces liens complexes.
Cécile Chaigneau
(Crédits : DR)

Après l'Île-de-France, l'Occitanie est la région qui a créé le plus grand nombre d'emplois entre 2006 et 2013, et elle se place au 1er rang des régions de France métropolitaine (hors Corse) en terme de taux de croissance de l'emploi. Pourtant, dans le même temps, son taux de chômage progresse de 2,1 points, soit la plus forte hausse des régions métropolitaines.

« L'Occitanie devient, à partir de la crise économique de 2008, la 2e région après les Hauts-de-France où le chômage est le plus important, avec un taux qui atteint 11,9 % en 2013 », précise ainsi une étude de l'Insee sur le marché du travail en Occitanie, publiée le 8 février.

Entre 2013 et 2018, ce positionnement évolue peu, et le taux de chômage, qui diminuait tendanciellement depuis 2015 dans toutes les régions, s'établit à 10,7 % au 3e trimestre 2018 en Occitanie, toujours derrière les Hauts-de-France, et structurellement supérieur à la moyenne de France métropolitaine de 1,9 point.

Si de telles évolutions paradoxales de l'emploi et du chômage ne sont pas spécifiques à l'Occitanie - plus de la moitié des régions métropolitaines connaissent le même phénomène - l'Occitanie se singularise par l'ampleur de ces évolutions.

29 900 actifs supplémentaires

L'une des explications délivrées par l'étude de l'Insee réside dans la confrontation entre les évolutions de la population active (2,6 millions de personnes en 2013) et les opportunités d'emploi.

« L'Occitanie est la région où la main-d'œuvre disponible pour travailler, en emploi ou à la recherche d'un emploi, augmente le plus entre 2006 et 2013 : le nombre d'actifs s'accroît de 12,6 actifs pour 1 000 actifs par an, soit un gain annuel de 29 900 actifs supplémentaires, une hausse deux fois plus forte qu'en France métropolitaine. Au cours de cette période impactée par la crise, l'emploi en Occitanie augmente de 17 900 personnes par an et le nombre d'actifs à la recherche d'un emploi de 11 300 par an. »

L'attractivité de l'Occitanie est le principal facteur du dynamisme de sa population active, qui s'explique pour les deux tiers par l'attractivité résidentielle, soit 19 500 actifs supplémentaires... Du fait de ces migrations résidentielles, une partie de l'activité économique du territoire sert à répondre aux besoins de la population présente et contribuent ainsi à la croissance de l'emploi.

« Pour autant, cette croissance n'est pas immédiate et suffisante pour insérer rapidement tous ces nouveaux actifs dans l'emploi », note l'Insee.

Insuffisant pour endiguer le chômage

Autre phénomène pesant sur l'évolution de la population active :  l'évolution des taux d'activité qui génère un gain de 6 300 actifs par an entre 2006 et 2013.

« En particulier, l'activité des seniors augmente fortement sur la période dans la région comme sur l'ensemble de la France métropolitaine, en lien avec les mesures visant à maintenir les seniors sur le marché du travail. »

En Occitanie, l'emploi des seniors progresse ainsi de 14 500 personnes par an entre 2006 et 2013 et le chômage de 2 300 personnes par an. Au final, le poids des 55 ans ou plus dans la population active régionale passe de 11,2 % en 2006 à 14,9 % en 2013.

Dans une moindre mesure, le comportement d'activité des femmes continue à évoluer avec une participation de celles-ci au marché du travail toujours en hausse, leur taux d'activité passant de 48,9 % en 2006 à 50,8 % en 2013.

Enfin, s'il joue positivement sur la population active de la région, le renouvellement des générations en âge de travailler (départs à la retraite et entrée des jeunes dans la vie active) se révèle toutefois faible (+ 4 100 actifs par an), ne contribuant qu'à hauteur de 1,7 ‰ par an à la hausse du nombre d'actifs (2e taux le plus faible après la Nouvelle Aquitaine).

Tous comptes faits, « la croissance de la population active est telle que le nombre de créations d'emplois, bien qu'important, reste insuffisant pour endiguer le chômage », conclut l'Insee.

L'approche par département révèle, comme souvent, une diversité de situations en matière d'évolution des marchés du travail : si la hausse de l'emploi concerne surtout les départements les plus peuplés, aux économies les plus dynamiques, en particulier la Haute-Garonne et l'Hérault, le nombre d'actifs au chômage progresse dans tous les départements d'Occitanie.

Cécile Chaigneau

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