Les jeunes et l’emploi : la Direccte de l’Hérault appelle à la mobilisation

Les chefs d’entreprises savent qu’il existe des aides mais ils les connaissent mal. C’est sur la base de ce constat que la Direccte de l'Hérault veut interpeller les dirigeants pour les mobiliser sur cet enjeu de l’emploi des jeunes à l’heure où la crise Covid frappe durement cette génération. La Direccte de l’Hérault rappelle les différentes mesures déployées par le Plan "#1 jeune 1 solution". Entretien avec Richard Liger et Ève Deloffre.
Cécile Chaigneau
En août 2020 dans l'Hérault, l'évolution de la demande d'emploi a augmenté de + 6% dans toutes les catégories par rapport à août 2019, mais de + 11% pour les jeunes de moins de 26 ans
En août 2020 dans l'Hérault, l'évolution de la demande d'emploi a augmenté de + 6% dans toutes les catégories par rapport à août 2019, mais de + 11% pour les jeunes de moins de 26 ans (Crédits : Reuters)

Dans l'Hérault, 48 actions sont organisées dans l'Hérault du 23 au 27 novembre pour présenter toute la diversité des réponses pour les jeunes et les entreprises par le plan "#1 jeune 1 solution". Mais à la Dirrecte, inquiets de la mauvaise connaissance qu'ont les chefs d'entreprises des mesures favorisant l'emploi des jeunes, Richard Liger (responsable de l'unité départementale) et Eve Deloffre (directrice en charge de l'emploi) veulent souligner trois mesures fondamentales.

La Tribune : Pourquoi cette semaine dédiée à l'emploi des jeunes ?

Richard Liger : Les entreprises savent qu'il existe des aides pour l'emploi d'un jeune mais ne savent lesquelles... Nous avons fait une extraction spécifique sur des chiffres que nous n'avons pas habituellement, portant sur les moins de 26 ans (alors que les statistiques de Pôle Emploi prennent en compte les moins de 25 ans, NDLR). En août dernier, dans l'Hérault, l'évolution de la demande d'emploi a augmenté de + 6% dans toutes les catégories par rapport à août 2019, mais de + 11% pour les jeunes de moins de 26 ans. L'impact pour eux est fort car ils arrivent tous d'un coup sur le marché du travail en sortant des écoles ou universités. Il n'y a pas eu de licenciements massifs du fait de la crise Covid dans l'Hérault mais nous avons quand même perdu 7.000 emplois sur un an - alors que nous en avions créé 7.000 en 2019 - car les entreprises n'ont pas licencié mais n'ont plus proposé emplois, notamment ces courts qui permettent aux jeunes d'entrer sur le marché du travail. D'où le plan Jeunes lancé par le gouvernement, avec 3 milliards d'euros sur les offres à l'embauche.

La Tribune : Quelle mesure a-t-elle été spécifiquement créée pour répondre à la situation actuelle ?

Ève Deloffre : Il s'agit d'une aide à l'embauche de 4.000 euros. Elle est conçue pour toucher les jeunes qui sortent du système scolaire avec leur diplôme mais aussi ceux qui ont décroché et sont sortis sans diplôme. Cette mesure est donc sans critère pour un jeune de moins de 26 ans. L'entreprise reçoit une compensation de charges de 4.000 euros durant la première année pour l'embauche d'un jeune en CDI ou CDD avec une durée minimum de trois mois - auquel cas l'aide est proratisée - entre 1e aout 2020 et 31 janvier 2021. Et on applique un principe inhabituel de rétroactivité durant 4 mois. Les demandes d'aide sont à adresser par le chef d'entreprise à l'Agence de services et de paiement via une plateforme de téléservice ouverte à compter du 1er octobre 2020.

La Tribune : Le plan "#1 jeune 1 solution" acte également la revalorisation de deux primes. De quoi s'agit-il ?

Ève Deloffre : Il s'agit de primes exceptionnelles à l'embauche. La première est une aide pour le recrutement entre le 1e juillet 2020 et le 28 février 2021, d'alternants en contrat d'apprentissage ou en contrat de professionnalisation pour des jeunes jusqu'à 30 ans avec prime différenciée selon l'âge : 5.000 euros pour les jeunes mineurs et 8.000 euros pour les majeurs jusqu'à 30 ans. Jusqu'à présent, cette aide était de 2.200 euros seulement.  Le reste à charge pour l'employeur est nul la première année pour les jeunes de moins de 21 ans. Et de 21 ans à 30 ans, ça lui coûte 150 € la 1e année. Auparavant, l'aide était limitée aux jeunes de niveau bac maximum et aujourd'hui on est monté au niveau master. Il n'y a donc plus de barrage lié au niveau de diplôme. Et le chef d'entreprise n'a rien à faire car c'est le CFA ou l'OPCO qui s'occupe des démarches... La 2e revalorisation porte sur l'aide aux emplois francs pour des recrutements entre le 15 octobre 2020 et le 31 janvier 2021. Pour un recrutement en CDI, la prime de 5.000 euros est revalorisée à 7.000 euros la première année, puis 5.000 euros les années suivantes, dans la limite de trois ans. Pour un recrutement en CDD d'au moins six mois, la prime de 2.500 euros passe à 5.500 euros la première année, puis 2.500 euros l'année suivante dans la limite de deux ans.

La Tribune : Quelles sont vos attentes ?

Richard Liger : Nous n'avons pas d'objectif. La réussite se mesurera au fait de ne pas avoir un trou d'air, notamment en matière d'apprentissage. Après une excellente année 2019, nous avons constaté fin septembre une baisse au niveau régional - et national - de 14 % des contrats d'apprentissage. Ce n'est pas encore catastrophique car on sait que les jeunes peuvent entrer au fil de l'eau mais il faut être vigilants.

La Tribune : Dans quels secteurs observez-vous ce ralentissement dans l'apprentissage ?

Ève Deloffre : Sur la soixantaine de CFA existant sur l'Hérault, il y a un peu moins de 1.000 places disponibles, notamment dans le tourisme, le sanitaire et social, le BTP, l'agriculture, et bien sûr l'hôtellerie-restauration. Cette mesure sur l'apprentissage, la plus emblématique, est gagnant-gagnant car permet au jeune d'entrer sur le marché du travail et à l'entreprise d'embaucher un jeune qui ne lui coûtera rien et de le former de manière à ce qu'il soit prêt quand l'activité redémarrera. C'est préparer l'avenir !

La Tribune : Avec la crise à gérer, malheureusement, la préoccupation des entrepreneurs est-elle bien de recruter ? Et de recruter des jeunes ?

Richard Liger : La revalorisation des primes à l'embauche d'alternant va jusqu'au 28 février donc ça laisse le temps. C'est le moment de faire connaitre ces possibilités car si on annonce que les restaurants vont pouvoir rouvrir en janvier 2021, avoir un apprenti qui ne coûte rien permet de se préparer sans handicaper le niveau de sa trésorerie. Par ailleurs, il y a des gens qui partent à la retraite et ça peut être intéressant de former des jeunes pour assurer le transfert de compétences.

Cécile Chaigneau

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