Dans le cadre des accords GPEC signés chez IBM France, des plans de départs volontaires de fin de carrière et pré-retraite sont mis en œuvre tous les ans afin de gérer une pyramide des âges vieillissante. Selon Yannick Édouard, délégué CFE-CGC à Montpellier et trésorier du CSE grand Sud chez IBM France, cela se traduit chaque année par quelque 300 à 400 départs non contraints.
Cela a ainsi concerné 40 salariés du site montpelliérain début 2020. Sur ce site, qui emploie aujourd'hui 450 salariés, sont rassemblées les activités du centre accueil clients, de supply-chain et de réparation de serveurs et data-centers. A son apogée dans les années 1980, le site a compté jusqu'à 3.300, « et sur les dix dernières années, on est passé de 1.000 à 450 », précise Yannick Edouard.
Le syndicaliste et tous les salariés sont inquiets, car le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui va être présenté au CSE le 16 décembre prochain est bien plus vaste que les plans de départs habituels...
« Là, le risque, c'est qu'il y ait un volet de départs contraints, confie Yannick Edouard. Nous n'avons qu'une fourchette pour le moment mais le PSE devrait concerner 1.251 personnes en France. L'objectif étant de réduire les effectifs de 25%... A Montpellier, une centaine de salariés pourraient être concernés. La moyenne d'âge étant assez élevée, on espère que ce sera des départs de fin de carrière non contraints, mais nous n'avons pas trop de visibilité aujourd'hui et il est possible que certains soient licenciés, auquel cas ce serait plutôt des jeunes. »
Nom de code : NewCo
La réduction des effectifs s'inscrit de surcroît dans un contexte particulier : début octobre, le géant informatique américain avait annoncé qu'il allait se délester de son activité historique (activités d'hébergement et de gestion de services et d'infrastructures) en la basculant dans une nouvelle société (nom de code, NewCo) qui serait créée fin 2021, pour mieux se focaliser sur le marché porteur du cloud et de l'intelligence artificielle.
« A Montpellier, une cinquantaine de personnes pourraient basculer chez NewCo tout en restant affectés géographiquement au même endroit, quoi que la question pourra se poser dans deux ans, déclare Yannick Édouard. Les syndicats sont inquiets : les clients resteront-ils dans cette nouvelle entreprise qui sera plus petite ? NewCo sera-t-elle rentable ? Aujourd'hui, IBM réalise un chiffre d'affaires mondial de 75 milliards de dollars. NewCo, elle, sera autour de 20 milliards et donc OPAble... Enfin, autre inquiétude : IBM vient de racheter Red Hat (spécialisée dans le développement et la distribution de solutions open source pour les entreprises, NDLR) pour 34 milliards de dollars, mais elle devra alors supporter cette dette, alors qu'elle sera amputée d'une activité qui lui rapporte ! »
« Rendre la mariée plus belle » ?
Les premiers départs du PSE devraient intervenir au 1e juin 2021 et les négociations pour la scission démarrer à la mi-mai pour une scission opérée fin 2021.
« Mais ça pourrait être plus tôt, souffle Yannick Édouard. On attend notamment des informations sur le projet industriel. La direction assure que le PSE n'est pas lié à la scission mais bien sûr que les deux sont liés... On se demande si le but du PSE n'est pas de rendre la mariée plus belle, c'est à dire d'alléger les effectifs pour que ce soit plus rentable. »
Sollicitée, la direction montpelliéraine répond « Nos décisions en matière de personnel sont prises afin de fournir le meilleur accompagnement à nos clients dans l'adoption d'une plateforme de cloud hybride ouverte et de capacités d'IA et nous investissons dans ces domaines. Nous continuons également à faire des investissements importants dans la formation et le développement des compétences des IBMers afin de répondre au mieux aux besoins de nos clients ».
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