"Nous voulons favoriser la création de champions de l’industrie du futur"

Après 7 années de mandat à la tête de l’UIMM Méditerranée Ouest, Luc Martin a passé la main à Pierre-Damien Rochette, le directeur général de Rochette Industrie à Béziers. Dans le contexte économique fragilisé, le nouveau président parle industrie du futur, agilité et collégialité. Entretien.
Cécile Chaigneau
Pierre-Damien Rochette, nouveau président de l'UIMM Méditerranée Ouest.
Pierre-Damien Rochette, nouveau président de l'UIMM Méditerranée Ouest. (Crédits : UIMM)

L'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Méditerranée Ouest - qui couvre les départements de l'Aude, de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales - vient de changer de président. Luc Martin, le président du groupe Optitec, passe la main, pour un mandat de deux ans renouvelables, à Pierre-Damien Rochette, directeur général de Rochette Industrie (fabricant de pièces complexes en usinage et de sous-ensembles mécaniques et hydrauliques pour les marchés du pétrole et de l'aéronautique, basé à Béziers - 170 salariés, 24 M€ de chiffre d'affaires). L'UIMM Méditerranée Ouest compte 170 adhérents.

Vous prenez la présidence de l'UIMM Méditerranée Ouest (Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales) pour deux ans. Quelle va être votre priorité ?

Pierre-Damien Rochette : « D'abord défendre et protéger nos adhérents au regard de la crise Covid. Il existe aujourd'hui de nombreux dispositifs de soutien, et nous devons les aider à en comprendre le fonctionnement et les orienter du mieux possible. Pour cela, nous allons travailler avec les autres UIMM de la région Occitanie sur une plateforme juridique et sociale commune. L'UIMM Méditerranée Ouest dispose de deux personnes pour répondre à ces questions, mais ce n'est pas suffisant pour répondre au nombre de sollicitations qui augmentent. Alors nous travaillons avec l'UIMM de Marseille mais nous avons aussi un projet de mutualisation avec l'UIMM Midi-Pyrénées qui a déjà une plateforme, c'est-à-dire une hotline à laquelle répondent des juristes. »

Vous réorganisez le fonctionnement de la structure, avec notamment des vice-présidents qui seront très opérationnels. Pourquoi ?

« L'idée, c'est de rendre l'UIMM plus agile, comme doivent l'être nos entreprises, et d'insuffler plus de collégialité. J'ai souhaité la création d'un bureau qui sera la passerelle entre le comité de pilotage actuel et le conseil d'administration. Ce bureau compte des vice-présidents d'antennes : Luc Martin à Montpellier pour avoir une continuité, Julien Saloum (Meca Precis) à Perpignan, moi-même à Béziers-Sète, et nous n'avons encore personne sur Narbonne. Le bureau sera aussi composé de vice-présidents "métiers" : Agnès Jullian (Technilum) sur le développement industriel et les contacts avec la Région Occitanie, Philippe Beille (Duo) sur la commun-marketing, Caroline Dars-Denise (DHR d'Horiba) sur le social et juridique, et Etienne Lea (Captel) sur emploi-formation. L'objectif, c'est de mieux se connaître les uns les autres. »

Votre ambition porte aussi sur deux autres axes. Lesquels ?

« Un des axes majeurs aujourd'hui, c'est l'industrie du futur. Le gouvernement a donné un coup de pouce pour qu'on modernise nos outils. Mais nous voulons favoriser la création de champions qui seront labellisé "Industrie du futur" en mettant à disposition de nos adhérents des coaches, des experts, avec un volet financement, pour les accompagner dans les meilleures conditions et les inciter à investir sur la transition numérique de leur outil industriel. Par exemple, Rochette Industrie vient d'être labellisé "Industrie du futur", mais le problème, c'est que nous avons lancé des investissements il y a un an qui ne seront pas pris en charge et on commence seulement à avoir des financements de la labellisation. Il faut travailler cette réactivité avec la Région qui pilote les financements. Je propose qu'ils se fassent automatiquement, qu'on instaure des contrôles et que l'entreprise rembourse si elle n'a pas fait ce qui était prévu. En France, ce qui ne nous rend pas compétitif, c'est la masse salariale. Tant qu'il n'y aura pas de changement, il faudra utiliser des robots pour toutes les tâches qui ne nécessitent aucune valeur ajoutée. Il faut faire en sorte de rapatrier de l'activité et donc de l'emploi, même si, quand on rapatrie une production depuis un site low-cost, on rapatrie moins d'emplois qu'il n'y en avait sur ce site... Et je ferais en sorte qu'on donne l'exemple et digitalisant davantage à l'UIMM aussi. Enfin le 4e challenge, ce sera de faire rayonner notre territoire. Quand on regarde depuis chez nous, l'implantation d'une usine semble compliquée du point de vue foncier et ressources humaines, mais croyez-moi, quand on se compare, on réalise que ce n'est pas le cas ! Sur l'ex-Languedoc-Roussillon, il y a encore peu d'industrie donc on reste attractifs. Le faire savoir, ce sera beaucoup de communication et de politique. Mais il faut faire savoir, par exemple via des ambassadeurs, qu'ici, on n'est pas saturé ! »

Où en est le Fablab de la Station M à Baillargues ?

« Il est opérationnel, même si on attend encore quelques financements de la Région Occitanie. Nous l'inaugurerons bientôt. Il faudra ensuite le faire connaitre et le faire vivre. Il s'agit d'un espace pour accompagner les porteurs de projets dans leur démarche d'innovation. »

Dans quel état de santé sont vos entreprises adhérentes aujourd'hui ? Avez-vous eu connaissance de situations alarmantes ?

« Pour l'instant non... Nous avons pu observer une accélération des licenciements dans certaines entreprises - celles de l'aéronautique, notamment, n'ont pas trop le choix - mais pas de procédure de sauvegarde ou de liquidation... Mais ce qui est sûr, c'est que dès qu'il va falloir rembourser le PGE, ça va être compliqué. Il faut que l'activité redémarre vite. On est au début de la crise ! Ce qu'on peut faire, c'est informer les chefs d'entreprises... Par exemple, le dispositif de prêt de personnels entre entreprises existe mais il n'est pas suffisamment bien animé et pour que ça se fasse, il faut se connaître entre dirigeants. D'où notre nouvelle organisation et le travail des vice-présidents, qui auront pour mission d'aller sur le terrain, de rencontrer les adhérents mais aussi les institutionnels. »

Vous faites vous-même partie du cluster ITS Fusion, qui rassemble une dizaine d'entreprises industrielles sur le territoire biterrois. Quel est son rôle aujourd'hui ?

« Au départ, il s'agissait d'entreprises qui avaient pour point commun de travailler pour Cameron (fabricant de vannes et têtes de puits pour forage pétrolier, NDLR) et voulaient se diversifier dans l'aéronautique. Mais aujourd'hui, alors que le secteur de l'aéronautique devient très compliqué, l'idée, c'est d'opérer une nouvelle diversification sur la transition énergétique, les énergies nouvelles, etc. »

Cécile Chaigneau

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