Qui est Thomas Brée, le nouveau président de la FNAIM Hérault, presque novice de l’immobilier ?

C’est une figure nouvelle (et un regard neuf) qui émerge dans le secteur de l’immobilier héraultais. Thomas Brée, mi-Normand et mi-Savoyard, directeur de l’agence France Gestion Immobilier à Montpellier depuis un peu plus de deux ans seulement, est désormais le président de la FNAIM Hérault. Rien dans son parcours ne semblait pourtant l’y prédestiner. Portrait.
Cécile Chaigneau
Thomas Brée, nouveau président de la FNAIIM Hérault pour les trois prochaines années.
Thomas Brée, nouveau président de la FNAIIM Hérault pour les trois prochaines années. (Crédits : DR)

Il n'est ni de la région, ni issu du secteur de l'immobilier, où il exerce depuis un peu plus de deux ans environ. Si le métier attire des gens à la trajectoire pas toujours linéaire, il compte aussi bon nombre de professionnels de longue date. Or le nouveau président de la FNAIM de l'Hérault, élu le 9 septembre dernier pour trois ans et succédant à Norbert Bachevalier, a derrière lui un parcours très hétéroclite. Thomas Brée déboule pourtant dans le jeu aussi à l'aise que s'il y avait grandi depuis toujours.

Le nouveau président du syndicat d'agents immobiliers, âgé de 55 ans, est un Normand d'origine qui a passé quelque vingt-cinq années dans la région des Deux-Savoies. Il est aujourd'hui à la tête de l'agence France Gestion Immobilier, dans le cœur de Montpellier, agence qu'il a rachetée en avril 2019 à Dominique Bon, qui fut le cofondateur, avec Michel Troncin, du groupe Pragma.

Mais Thomas Brée a eu plusieurs vies, plutôt éloignées du monde de l'immobilier. Et on le comprend rapidement : relever le défi de l'inconnu et de la page blanche est un moteur pour lui...

« Happé par la politique »

Ses premières amours professionnelles l'amènent dans la sphère politique. Diplômé d'une maîtrise en sciences politique et d'une maîtrise de l'information et de la communication, celui qui se destinait initialement au journalisme raconte avoir été « happé par la politique ». Douze années durant, il travaille aux côtés de Bernard Bosson, maire centriste d'Annecy (1983 à 2007) en Haute-Savoie, plusieurs fois député de Haute-Savoie, deux fois ministre (délégué aux Affaires européennes de 1986 à 1988, de l'Équipement, des Transports et du Tourisme de 1993 à 1995). Quand Bernard Bosson est battu aux législatives de 2007, il se retire de la vie politique. Et son directeur de cabinet Thomas Brée aussi.

« C'était un choix et je n'ai aucun regret, raconte aujourd'hui Thomas Brée. Tout comme ce fut un choix d'aller à ce moment-là vers l'entreprise. J'étais un vrai apparatchik de la politique et j'ai enchaîné directement sur un poste de DG dans la construction de maisons individuelles. C'était une opportunité : créer cette activité, les Maisons Oxygène, pour le promoteur alsacien Vivianys qui voulait s'implanter dans les Deux Savoies. J'ai aimé le défi économique qui consistait, en 2008, à aller chercher sa place sur un marché alors en pleine crise. J'y suis resté trois ans. »

Tranche de vie suivante : Thomas Brée crée une entreprise de coaching en 2013 à Annecy, baptisée Demaiterre. Ses clients sont des hommes politiques qu'il accompagne dans leur candidature à tout type d'élections. Rapidement, il cible aussi les chefs d'entreprise, « friands de conseils stratégiques ».

Développer un groupe de presse

Deux ans et demi après, nouveau virage. Alain Veyret, P-dg du groupe de presse  SOPREDA2 (l'hebdomadaire économique L'Eco Savoie Mont-Blanc et le mensuel féminin Active), également conseiller général de Haute-Savoie, le sollicite pour prendre la fonction de directeur général de son groupe. Objectif : faire du journal un vrai groupe de presse régional. Durant plus de trois ans, Thomas Brée pilote le rachat de plusieurs titres en région (à Genève, à Bourgoin-Jallieu, à Bourg-en-Bresse) et développe le groupe de presse avec appétit.

« J'adorais manager les journalistes et faire grandir le groupe avec eux, souligne-t-il. On est allé sur le numérique tout en gardant papier, on a développé l'événementiel. En janvier 2018, je propose de racheter le groupe mais Alain Veyret n'est pas prêt, donc je pars. »

Son idée : racheter une entreprise. Et c'est le hasard d'une fête familiale en Normandie qui met sur son chemin Dominique Bon, qui s'apprête à vendre son agence immobilière à Montpellier. L'affaire se conclut en avril 2019. Et voilà Thomas Brée devenu Montpelliérain. Un novice à la tête d'une agence immobilière détentrice d'un beau portefeuille de gestion locative et de transactions immobilières.

« J'apprends le métier, j'obtiens la carte professionnelle grâce à une unité de valeur en droit obtenue avec ma maîtrise. Et surtout, je profite des 42 heures de formation obligatoire (sur trois ans, NDLR) car j'ai tout à apprendre ! »

Triple page blanche

« Je n'arrive avec vraiment aucun a priori, assure-t-il aujourd'hui. Je démarre en 2019 sur une triple page blanche : professionnelle, géographique et de réseau ! Norbert Bachevalier me fait rentrer dès juin 2019 au conseil d'administration de la FNAIM Hérault et je vais à la rencontre des confrères. Ça a été la meilleure école ! »

Ce qu'il dit aujourd'hui du métier d'agent immobilier, c'est qu'« on est sur un métier qui est chahuté et qui doute de ses fondamentaux en raison de l'ubérisation, et, depuis le déconfinement du 11 mai 2020, en raison des comportements des clients devenus irrationnels ! ».

Ceux qu'il qualifie d'irrationnels, ce sont des Parisiens qui viennent vivre à Montpellier avec un important pouvoir d'achat, ce qui fait augmenter les prix et pénalise le pouvoir d'achat des locaux... Quant à l'effet déconfinement, c'est une accélération de ces vocations d'agents immobiliers qui fleurissent partout et prospèrent via les réseaux de mandataires, grignotant des parts de marchés de plus en plus grandes.

« C'est à la FNAIM de rappeler notre professionnalisme, nos obligations de formation, l'importance de l'agence physique de proximité à laquelle je crois beaucoup, lance le nouveau président du syndicat. Il faut accepter cette concurrence mais notre démarche, en tant que syndicat, c'est d'amener les agents mandataires à la formation obligatoire. Aujourd'hui, on chasse chez eux en allant chercher des agents à qui on propose des dispositifs attractifs dans nos agences. Ce sera un de mes combats ! »

La FNAIM de l'Hérault compte, à ce jour, 261 adhérents. Elle est la première chambre syndicale sur la région Occitanie et la 6ème sur 57 sur le territoire national. L'autre combat de Thomas Brée sera donc de séduire parmi les presque 1.000 agents immobiliers qui n'en font pas partie.

« Je vais faire du prosélytisme en vantant les avantages de la FNAIM, à savoir la formation et l'assistance juridique, ainsi que la logique de la marque commerciale qui est une valeur de référence. »

« Un esprit d'ouverture »

Il y a quelques jours, Thomas Brée a rencontré le maire et président de la Métropole de Montpellier, Michaël Delafosse, venu exposer à la FNAIM le futur dispositif d'encadrement des loyers que la métropole va expérimenter à compter de juillet 2022.

« Je respecte tout engagement politique et je respecte parfaitement la démarche de Michaël Delafosse qui fait ce qu'il avait annoncé. Mais attention : à mettre Montpellier sous cloche, on peut générer une augmentation du prix au m2. Le parc immobilier se referme sur l'ancien, il va falloir vivre avec l'existant. Quand on annonce un encadrement des loyers, vous croyez que les investisseurs vont venir acheter à Montpellier ? Et parmi les propriétaires, il y a en déjà qui s'inquiètent, certains qui sont déjà passés sur Airbnb... Donc le parc locatif est chahuté ! »

Celui qui a visiblement convaincu ses pairs au point d'être élu à la tête de la FNAIM le promet : « Je ne resterai pas recroquevillé sur le métier, je veux éclairer les politiques et les autres acteurs sur la réalité de la profession ».

Richard Thelene, le dirigeant du groupe Thelene Immobilier à Montpellier, confirme l'intérêt que la profession a eu à accueillir Thomas Brée : « C'est toujours positif de voir arriver quelqu'un qui a envie d'apprendre le métier, de comprendre les bonnes pratiques, quelqu'un qui veut de suite faire partie du syndicat professionnel. C'est signe d'un esprit d'ouverture, de quelqu'un qui ne prétend pas tout savoir ! Et quand on arrive d'autres horizons, on apporte un œil neuf. Thomas Brée a cette capacité d'écoute et aussi cette volonté de ne pas décider seul. Il est très légitime dans sa démarche. Il a le savoir-être, l'éloquence, des qualités humaines, et c'est un gros travailleur ».

Thomas Brée n'a pas perdu de temps. Cet été, il a ouvert une 2e agence à Montpellier, rue Sainte-Anne, et lancé la marque "Kozy ! - l'immobilier confort", une marque destinée à mieux valoriser l'activité de transactions de France Gestion Immobilier. Le "néo-agent immobilier" n'est pas à un défi près...

Cécile Chaigneau

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