Urbasolar : « Nous avons préparé un cadre pour une trajectoire ambitieuse, avec ou sans nous » (S. Andrieu et A. Mine)

Stéphanie Andrieu et Arnaud Mine, les deux fondateurs de l’entreprise montpelliéraine Urbasolar, producteur d’électricité photovoltaïque, passent le relais de la gouvernance au groupe Axpo, qui avait acquis la société à l’été 2019. La transition est assurée et ils racontent leur départ.
Cécile Chaigneau
Arnaud Mine et Stéphanie Andrieu, les deux fondateurs de l’entreprise montpelliéraine Urbasolar, quittent l'entreprise racheté par l'énergéticien suisse Axpo.
Arnaud Mine et Stéphanie Andrieu, les deux fondateurs de l’entreprise montpelliéraine Urbasolar, quittent l'entreprise racheté par l'énergéticien suisse Axpo. (Crédits : DR)

Le 13 septembre, La Tribune annonçait que Arnaud Mine et Stéphanie Andrieu, les fondateurs de l'entreprise montpelliéraine Urbasolar en 2006 et respectivement président et directrice générale, passaient la main. La nouvelle n'était qu'une demi-surprise : Urbasolar avait été rachetée par l'énergéticien suisse Axpo en juillet 2019 et il est fréquent que la passation entre les anciens et les nouveaux dirigeants durent environ deux ans.

Axpo intègre les activités éolienne et solaire dans deux divisions internes. La division Solaire sera dirigée par Antoine Millioud à compter du 1er octobre, et ce dernier est dans le même temps nommé P-dg de Urbasolar.

S'ils n'avaient pas officiellement pris la parole le 13 septembre, les deux entrepreneurs montpelliérains, bien connus dans l'écosystème économique régional, le font au lendemain de cette annonce.

Un comité exécutif pour la transition

C'est bien une page qui se tourne, comme ils l'écrivent dans un communiqué, mais les deux entrepreneurs insistent de concert sur la continuité qu'ils ont pris soin d'instaurer depuis le rachat par Axpo.

« Notre départ se passe dans de bonnes conditions et la continuité est une volonté commune de notre part et celle d'Axpo, déclare Stéphanie Andrieu qui veut rassurer les partenaires et les 450 salariés d'Urbasolar. Je vais d'ailleurs garder un mandat de représentation au titre de Urbasolar dans différentes instances : la CCI Hérault, le Medef et Montpellier Business School. »

Surtout, Arnaud Mine et Stéphanie Andrieu racontent préparer depuis six mois la transition du groupe dans cette nouvelle étape, avec le souhait de ne pas dépasser l'échéance de décembre 2022 : « Nous avons très largement contribué à la mise en place d'une nouvelle équipe de management qui devra écrire la suite de l'aventure ».

« Nous avons beaucoup oeuvré pour faire venir Antoine Millioud, que nous connaissions pour avoir déjà travaillé avec lui, ajoutent-ils. Un comité exécutif est en place depuis neuf mois, avec notamment Gilles Amendola et Paul Keurinck (tous les deux directeur général adjoint, NDLR) qui sont chez Urbasolar depuis plus de dix ans. »

Le comité exécutif comprend également Christophe Alcina, secrétaire général, et Gilles Attolini, directeur financier.

« Un cadre pour une trajectoire ambitieuse »

« En seize années, Urbasolar s'est imposée comme un acteur majeur de la filière photovoltaïque française, rappellent les deux fondateurs de l'entreprise. La société est aujourd'hui présente en France, en Europe - avec notamment des filiales en Espagne, Italie, Pologne et Allemagne - mais aussi en Afrique, dans les Caraïbes, à la Réunion ou encore en Nouvelle-Calédonie. »

L'entreprise montpelliéraine, qui affiche un chiffre d'affaires de 304 millions d'euros (au 30 avril 2022, hors vente d'électricité), revendique un parc de plus d'1 GW et 650 centrales en exploitation (centrales au sol ou centrales flottantes, bâtiments, serres, ombrières), avec des projets emblématiques comme la centrale de Toulouse-Oncopole ou les ombrières de parking de Disneyland Paris. Et elle annonce plus de 6 GW de nouveaux projets en cours de développement, quand l'objectif du groupe Axpo pour sa filiale solaire est de développer 10 GW de centrales photovoltaïques en Europe à horizon 2030.

Alors qu'ils s'apprêtent à laisser les clés (ils se disent encore « en pointillés dans l'entreprise jusqu'en novembre »), les deux entrepreneurs augurent un bel avenir à Urbasolar : « Nous partons avec le sentiment du travail accompli et ce qui nous importe, c'est la pérennité d'Urbasolar : or nous pensons avoir préparé un cadre pour une trajectoire ambitieuse avec ou sans nous. Dans trois ans, Urbasolar passera de 300 MW installés chaque année aujourd'hui à un volume de 800 à 1.000 MW, et de 450 à un millier de salariés ».

Investissements green

S'ils lâchent les manettes d'Urbasolar, Stéphanie Andrieu et Arnaud Mine ont déjà posé les jalons de leur « vie d'après ». Propriétaire du bâtiment qui accueille le siège d'Urbasolar à Montpellier, ils ont acheté un autre immeuble, actuellement en rénovation, qui hébergera une partie des effectifs à partir de juin 2023, « avec l'idée de créer un campus de l'énergie solaire ».

Leur nouvelle vie comportera deux autres volets. Celui de business-angels, sur des investissements green : « Ce qui nous intéresse ce sont les aventures entrepreneuriales, les activités à impact, tout ce qui est lié au développement durable et à la lutte contre le changement climatique ».

Ils annoncent ainsi avoir investi dans le projet Wood Building Industry, porté par le promoteur Vestia et qui consiste à créer une usine de constructions modulaires en bois à Alès. « Nous avons aussi investi dans le projet Phoenix Mobility qui fait du retrofit automobile à Grenoble, ajoutent-ils. Nous allons conclure un investissement dans une biotech en PACA, et nous investissons aussi sur de l'industrie spatiale et ans plusieurs entreprises françaises d'informatique quantique. »

Enfin, les deux entrepreneurs veulent également mettre leur expérience au service des promoteurs immobiliers (à Montpellier, Marseille ou Paris) en apportant la composante énergie à leurs projets de construction : « Il y a une sensibilité à ces sujets, sans réticence, mais ce n'est pas le métier des promoteurs ».

Pas de création de nouvelle entreprise à l'horizon ? Non, répondent-ils, insistant sur leur envie de se positionner désormais sur le conseil...

Cécile Chaigneau

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