Pour booster l'entrepreneuriat, l'Occitanie joue collectif

Lors de la table-ronde organisée le 9 février par l'Institut Montpellier Management avec PEPITE et le Master Accompagnement entrepreneurial, en présence de plus de 200 participants, les divers débatteurs issus de la formation, de l'accompagnement ou du financement ont détaillé les forces de l'écosystème entrepreneurial en Occitanie. Tout en pointant l'urgence, dans un contexte mouvant, de faire sans cesse évoluer les pratiques.
Les débatteurs : K. Messeghem, M.-T. Mercier, F. Hervé, C. Igual, J.-C. Gallo, S. Sammut et une étudiante, S. Baggio, C. Pommier, F. Nauton et C. Nicot

La société française se convertit toujours plus à l'entrepreneuriat, comme l'indique la création de 554 000 entreprises en 2016, soit une hausse de 6 % en un an à laquelle participe amplement l'Occitanie, et notamment chez les jeunes : déjà un millier d'étudiants-entrepreneurs, dont 40 au sein de l'Institut Montpellier Management. "C'est bien la preuve que les porteurs de projets ne se fixent plus de limite d'âge, ce qui est en soi un facteur de dynamisme en plus", note Karim Messeghem, directeur du LabEx Entreprendre, en introduction de la table-ronde.

La force d'un écosystème

Si l'Occitanie tire son épingle du jeu, c'est par la force de son écosystème entrepreneurial, qu'auscultent plusieurs des intervenants : "un bon maillage du territoire en outils d'accompagnement, permettant de faire émerger des projets et des partenariats techniques où que l'on se trouve" pour Fabien Hervé (CréAude), "une interconnexion entre les acteurs de la recherche, de l'accompagnement, les réseaux tels que LeadeR Occitanie et les start-ups", selon la conseillère régionale Marie-Thérèse Mercier, "une capacité à mettre tout le monde autour de la table, avec par exemple des financeurs complémentaires aux banques tels que Créalia et Soridec dès lors qu'il faut apporter des capitaux aux entreprises innovantes", pour Sébastien Baggio (Banque Populaire du Sud"), ou encore "un dynamisme qui a su perdurer malgré le déplacement du pouvoir économique au fil des années, qui est passé des chambres de commerce aux Départements, puis aux Agglos et à la Région", observe Jean-Claude Gallo (Objectif Languedoc-Roussillon).

"C'est une région "positive", au sens où elle est peu chère, où il y a beaucoup de potentiel à valoriser dans ses universités et ses écoles, et où toutes les facettes de l'économie de demain sont déjà adressées par nos dispositifs, résume Christophe Nicot, directeur de Madeeli. Il existe un fort potentiel au-delà de la création d'entreprises avec le "repreneuriat" : un grand volume d'entreprises sont dirigées par des personnes âgées de 50 ou 55 ans, et la reprise de ces sociétés constitue aussi pour des jeunes une opportunité de se lancer."

De nécessaires évolutions

Toutefois, dans une économie mondialisée et donc hyperconcurrentielle, cette chaîne des acteurs économiques régionaux ne peut se contenter de l'existant, car "on ne mesure plus les écosystèmes économiques par le PIB, mais par le ranking international : c'est un enjeu pour les jeunes créateurs qui veulent faire de l'Occitanie une terre visible à l'international", prévient Catherine Pommier (Transferts).

L'efficacité de l'écosystème impose aussi de ne pas se limiter aux discours glorifiant la culture start-up. "La culture entrepreneuriale, ce n'est pas seulement l'innovation, c'est avant tout du commerce et de la conquête de clients", rappelle Christelle Igual (Synersud), à qui Françoise Nauton (Kaliop) fait écho: "Les licornes dont on parle tant sont des entreprises qui se sont construites par des capitalisations sans commune mesure avec la réalité économique : Facebook est à peine rentable, et Twitter ne l'est toujours pas. La région doit valoriser ses propres modèles".

Comment faire mieux ? "Rester centré sur le besoin de l'entreprise" (Sébastien Baggio), "ne pas bloquer les nouveaux entrants dans le milieu de l'accompagnement" (Christelle Igual), "faire évoluer l'offre d'accompagnement et les modes de financement tous les trois ans" (Catherine Pommier), "passer en mode agile, en favorisant une organisation basée sur la culture de projets" (Françoise Nauton). Ou tout simplement trouver le juste milieu, entre "des structures d'autant plus efficaces qu'elles sont spécialisées", et "la recherche de la taille critique européenne, qui impose de repenser sans cesse son organisation et son périmètre d'intervention", souligne Karim Messeghem, en clôture des échanges.

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