Ecozoom : les experts-comptables reçoivent l’économiste Marc Touati

Le 30 mars, les experts-comptables de la région de Montpellier (ex-Languedoc-Roussillon et Aveyron) ont livré leur 6e mouture, plutôt encourageante, du baromètre Ecozoom de l’économie régionale. Invité-vedette de cette soirée, qui a réuni 400 participants : l’économiste Marc Touati.
Cécile Chaigneau
Roger Varobieff (Répar’Store), Philippe Barré (expert-comptable), Philippe Lamouroux (président des experts-comptables de la région de Montpellier), Marc Touati (économiste) et Bernard Kimmel (Arcadie).

Les experts-comptables de la région ordinale de Montpellier (Languedoc-Roussillon et Aveyron, soit 996 experts-comptables)  avaient rassemblé environ 400 acteurs économiques le 30 mars, au Domaine de Verchant, pour leur présenter leur baromètre Ecozoom.

Pour cette 6e édition d'Ecozoom, les experts-comptables avaient convié, en invité-vedette, l'économiste Marc Touati, président du cabinet d'analyse économique ACDEFI (Aux commandes de l'économie et de la finance), auteur de plusieurs ouvrages*.

« Les crises sont toujours des phases d'opportunités, lâche-t-il. Les années 2017 et 2018 seront des années difficiles. Les pays riches ne sont plus les maîtres du monde, produisant moins de 40 % de la richesse mondiale. Les pays émergents ont émergé depuis longtemps...  La Chine et l'Inde continuent de tirer la croissance mondiale. L'euro a longtemps été trop fort pour être une arme économique, et la zone euro reste fragile. »

Selon l'économiste, les clefs de la croissance sont la R&D et l'innovation : il faut « optimiser l'existant en utilisant le progrès technologique », préconise-t-il.

Invitant les dirigeants d'entreprise à investir maintenant du fait des taux d'intérêt bas, il leur propose une recette anti-crise : « une stratégie de niche et/ou un effort de communication et/ou une stratégie de R&D et/ou une stratégie de croissance internationale ».

16 000 entreprises régionales à la loupe

Pour la première fois, le baromètre Ecozoom, mesurant l'activité et l'emploi dans les TPE et PME régionales, a été élaboré sur la base de l'outil statistique de la profession, Statexpert (lancé en 2015), alimenté par les flux des télédéclarations fiscales et sociales.

« C'est une base de données qui enregistre 240 000 déclarations de TVA chaque mois, 120 000 déclaration sociales par trimestre, plus d'un million de liasses fiscales annuelles », souligne en préambule Philippe Lamouroux, le président de l'Ordre des experts-comptables de la région de Montpellier.

Les chiffres du 4e trimestre 2016 (T4 2016), compilés par Statexpert, portent sur 16 000 entreprises régionales (elles sont 30 000 en Occitanie), et les analyses sont menées à périmètre constant. Elles étaient commentées par Philippe Barré, expert-comptable parisien et chef de projet Statexpert.

Une croissance qui se maintient

L'indice trimestriel d'activité révèle une croissance qui est restée bien orientée pour les entreprises régionales (+ 1,6 %), soit une croissance identique à celle observée à l'échelle de l'Occitanie, et légèrement supérieure à celle de l'ensemble des entreprises françaises (+ 1,4 %).

« Déjà en 2015, les performances des entreprises régionales étaient significativement supérieures au national, observe Philippe Barré. Sur les huit trimestres 2015-2016, sept ont connu une croissance positive. Je ne connais pas d'autres régions en France qui aient connu un tel dynamisme ! »

Avec quelques nuances toutefois selon la taille de l'entreprise : ce sont les plus grandes structures qui tirent la croissance de la région (comme sur le reste du territoire).

« Les entreprises affichant plus de 500 000 € de chiffre d'affaires annuel ont vu leur indice trimestriel de chiffre d'affaires progresser de plus de 2 % au cours du 4e trimestre 2016, alors que celui des entités réalisant moins de 250 000 € de chiffre d'affaires ont vu le leur se contracter de près d'1 %. Ce qui signifie que les TPE continuent de souffrir... »

Trois départements moteurs

Cette croissance moyenne masque cependant également des réalités contrastées selon les départements de la région : au T4 2016, tous les départements ont vu le chiffre d'affaires de leurs entreprises progresser (+ 1,2 % dans l'Hérault, l'Aude et les Pyrénées-Orientales, + 0,4 % en Lozère), à l'exception du Gard, dont l'activité a stagné. Quant à l'Aveyron, il a affiché, pour la première fois depuis deux ans, la plus forte croissance de la région (+ 1,8 %).

Sur 2015 et 2016, trois départements ont été systématiquement en croissance : l'Hérault, le Gard et les Pyrénées-Orientales, qui sont également ceux qui accueillent le plus d'entreprises.

Enfin, l'analyse de l'activité selon les secteurs suivis (agriculture-sylviculture-pêche, hébergement-restauration, industrie manufacturière, commerce, construction) révèle une croissance homogène, à l'exception de la construction.

Investissements en yo-yo

L'indice trimestriel d'investissement souligne un effet yo-yo qui se perpétue : après un léger rebond au T3 2016 (+ 1,1 %), les investissements des entreprises régionales se sont sensiblement contractés au T4 2016 (- 3,6 %) tandis qu'ils augmentaient de 1,3 % à l'échelle nationale et de 5 % à l'échelle de la région Occitanie.

« Dans un contexte plus tendu, les TPE-PME de la région ne croient pas en l'avenir et font preuve de prudence en matière d'investissement », commente Philippe Barré.

Enfin, l'emploi salarié dans les TPE de moins de 9 salariés a affiché, au cours du T4 2016, sa plus forte croissance (+ 2,6 %) depuis la création de cet indice par l'Ordre des experts-comptables, début 2015. Ce qui affiche une performance meilleure dans la région qu'à l'échelle de la France (+ 1,5 %) et même de l'Occitanie (+ 2,3 %).

Dans les entreprises de 10 salariés et plus, les effectifs continuent d'augmenter mais leur croissance par trimestre ne cesse de ralentir depuis le début 2016 : + 3,9 % au T1, + 2,7 % au  T2, + 2,3 % au T3 et + 1,5 % au T4 (quand la progression est de 3,4 % en Occitanie, et 2,8 % en France au T4 2016).

L'urgence d'innover

Les experts-comptables avaient invité deux chefs d'entreprises à commenter ce baromètre économique.

« Ces chiffres ne sont pas alarmants, mais il n'y a pas de quoi sauter au plafond, observe Roger Varobieff, co-fondateur de Répar'Store à Saint-Jean-de-Védas (un réseau de 160 franchisés, et un chiffre d'affaires de 25 M€). Dans le monde du bâtiment, il y a eu une vraie perte de vitesse dans notre région. On est tout juste revenu au niveau de 2008... Nous opérons sur un secteur traditionnel, et il nous a fallu mettre en place des moyens et réfléchir à un nouveau modèle pour adapter notre métier aux besoins des clients. La croissance ne reviendra que si l'innovation est là. »

De son côté, Bernard Kimmel, fondateur et dirigeant d'Arcadie (épices et plantes aromatiques biologiques) à Méjannes-les-Alès dans le Gard (un CA 2017 qui devrait monter à 17 M€, soit croissance de 30 %, 92 salariés) s'inquiète de l'organisation du dialogue entre les politiques et les entreprises du fait de la récente fusion des régions.

« Le lien entre politique et économie passe par les organisation d'entrepreneurs bénévoles qui sont les interlocuteurs des politiques de la région, souligne-t-il. Ces organisations ont été entrainées dans le tourbillon de la fusion, mais il n'est pas sûr qu'il y ait autant de bénévoles et aussi disponibles pour aller à des réunions aujourd'hui plus lointaines... »

Alors que se profile le renouvellement à la tête de l'État, les deux hommes s'accordent par ailleurs sur un point : la nécessité de réconcilier le monde de l'éducation et de l'université avec celui de l'entreprise.

* Son dernier livre : La fin d'un monde (septembre 2016 - Editions Hugo&Cie).

Cécile Chaigneau

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