Implantations à l’étranger : les entreprises d’Occitanie vont surtout aux USA

Au cours de l’été, Pramex International et la Banque Populaire ont publié le baromètre des implantations des start-ups, PME et ETI françaises à l’international en 2017. L’Occitanie se hisse sur la 3e marche du podium, et ses entreprises choisissent pour la majorité de mettre un pied outre-Atlantique, délaissant la Chine.
Cécile Chaigneau
(Crédits : Thomas White)

Le baromètre 2018 intitulé « Start-up, PME et ETI à la conquête du monde », publié cet été par Pramex International (conseil en implantation internationale) et la Banque Populaire, donne une photographie des implantations des sociétés françaises à l'étranger. Il n'est toutefois pas exhaustif : au plan national, il recense 859 projets, représentant, selon Pramex, environ 40 % des projets d'investissement* réalisés par des sociétés françaises à l'étranger en 2017.

Au niveau national, les États-Unis sont restés de loin la première destination d'implantation des entreprises françaises (toutes catégories confondues) à l'étranger en 2017, avec 16,4 % des implantations, devant l'Europe (8,4 % en Espagne, 7,1 % au Royaume-Uni, 6,9 % en Allemagne, 5,8 % en Italie).

62 projets issus de l'Occitanie

Sur les 13 départements de l'Occitanie, l'étude identifie 62 projets d'implantations d'entreprises régionales, ce qui place la région au 3e rang national (7,4 % des projets) derrière l'Île-de-France (51,7 %) et la région Auvergne-Rhône-Alpes (11 %), et devant les Hauts de France (6,8 %) et la Bretagne (5,9 %). En queue de peloton, se trouvent la Corse (0,5 %) et la Normandie (0,3 %).

« Je dirais que l'Occitanie compte en moyenne une centaine d'opérations par an, et en 2017, nous avons accompagné une vingtaine de ces projets d'implantation à l'étranger, observe Frédéric Grange, délégué régional Pramex International. Nous accompagnons les entreprises régionales d'Occitanie essentiellement pour de la création de filiale, Nous sommes des prestataires administratifs et nous les assistons sur les aspects juridique fiscal, financier, ressources humaines, etc., ce qui simplifie la vie des entreprises et leur permet de garder le contrôle de leur filiale. Car lorsqu'on n'intervient pas, elles font appel à des prestataires locaux qu'il faut piloter à distance. »

En 2017, ce sont les départements de la Haute-Garonne et de l'Hérault qui détiennent le plus grand nombre d'entreprises s'implantant à l'étranger, respectivement 30 et 15 projets. Pramex a par ailleurs recensé 6 projets dans les Pyrénées-Orientales, 5 dans le Gard, 2 dans le Tarn-et-Garonne, 2 dans l'Aude, 1 dans l'Aveyron et 1 dans le Lot.

Ambitions américaines

L'Europe reste la première destination des entreprises d'Occitanie (44 %), derrière l'Amérique du Nord (29 %), l'Asie (15 %), l'Afrique (8 %) et l'Amérique du Sud (5 %).

Les incertitudes créées par l'élection de Donald Trump et l'exacerbation des tensions commerciales n'ont pas refroidi les ambitions des entreprises d'Occitanie : les trois premières destinations par pays sont les États-Unis, l'Espagne et le Royaume-Uni, avec une prégnance des premiers encore plus forte que sur la France entière : « 1 projet sur 4 (24 %) a eu lieu aux États-Unis en 2017, contre 1 projet sur 6 (16,4 %) au plan national ».

Deux explications logiques à cette tendance : « la typologie des sociétés d'Occitanie qui s'internationalisent, c'est à dire des sociétés technologiques dont le premier marché au monde sont les États-Unis », selon Frédéric Grange, et des fonds d'investissement qui y poussent les start-ups afin de mieux valoriser leurs investissements.

Concernant l'Espagne, voisin frontalier de l'Occitanie, le baromètre constate que « les entreprises françaises continuent de s'implanter massivement en Espagne en réorientant toutefois leurs projets vers Madrid, avec 46 % des projets, au détriment de Barcelone, avec 35 % des projets, à cause de l'incertitude de l'avenir de la Catalogne ».

Désaffection pour la Chine

« En revanche, les BRIC déçoivent », observe le baromètre. En effet, au niveau national, la Chine n'arrive qu'en 5e position (6,2 % des projets) et le Brésil en 10e position (2,9 % des projets).

En Occitanie, les implantations dans les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), représentent seulement 10 % des projets, contre 13 % au plan national. Particularité régionale : « Il semble que la Chine, qui reste le 1e pays émergent visé par les entreprises françaises, attire moins les sociétés occitanes. Au plan national, la Chine représente 50 % des projets réalisés dans les BRIC, quand elle est, pour les projets d'implantation d'Occitanie, au même niveau que le Brésil et l'Inde, qui sont eux-mêmes faibles ».

L'Asie du sud-est attire peu les sociétés d'Occitanie, à l'exception de Singapour, qui concentre tous les projets dans cette zone (6 % des projets d'Occitanie, contre 3,5 % au plan national) et joue ainsi le rôle de hub régional pour les sociétés occitanes.

« La Chine est peu représentée car c'est plutôt un marché de biens de consommation, qui concerne donc plus volontiers des ETI. Or il existe peu d'ETI en Occitanie, note Frédéric Grange. Quant aux PME, elles rechignent à aller dans un pays si lointain. Mais j'y ai cependant implanté beaucoup d'entreprises du vin car le marché agroalimentaire chinois est important. »

Les start-ups en force

Selon le baromètre, la part des primo-investisseurs à l'étranger issus de la région Occitanie s'élève à 22 % des projets d'implantation, contre 32 % sur le plan national.

77 % des projets réalisés par les entreprises d'Occitanie sont des bureaux commerciaux (contre 69 % au national). Par ailleurs, 13 % sont des acquisitions (35 % au national) effectuées à 75 % par des ETI, et 87 % sont des créations de filiale. Deux données qui reflètent là aussi la typologie des entreprises régionales : peu d'industrie donc peu d'implantations industrielles, peu d'ETI donc peu d'acquisitions.

Le nombre des implantations de start-ups françaises à l'étranger a continué de croître (263 projets, soit 30 % des projets, représentant une progression de 25 %), « illustrant à plein l'effet French Tech sur l'internationalisation de ces entreprises », note l'étude.

L'Occitanie n'est pas de reste quant à ce phénomène puisque 38 % des entreprises qui s'internationalisent sont des start-ups, contre 45 % en PACA (la région la plus marquée) et 37 % en Île-de-France. En Haute-Garonne, 43 % des 30 projets d'implantation à l'étranger étaient des start-ups (soit 13) et dans l'Hérault 60 % des 15 projets (soit 9 start-ups).

« Les start-ups qui vont très vite à l'international, commente Frédéric Grange. Quand elles ont une innovation, elle est tout de suite mondiale et les start-ups doivent couvrir les différents pays rapidement. D'autant que les investisseurs financiers leur demandent une forte valorisation à horizon de cinq ans. On a observé tout un mouvement de start-ups, notamment sur Montpellier. Sur l'ex-Languedoc-Roussillon, on n'a pas d'industrie, donc ce sont surtout des start-ups ou entreprises technologiques qui s'internationalisent. Aujourd'hui, ça s'équilibre avec Toulouse, longtemps assommée par l'aéronautique, qui connaît aussi désormais ce même effet start-ups. »

* Seuls les projets créateurs d'emplois ont été retenus, excluant donc les simples flux financiers, les projets de franchisés, les extensions de filiales existantes et les opérations menées par les grands groupes français, précise Pramex.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 29/08/2018 à 13:04
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Pourquoi se délocaliser sur l'UE quand on peut le faire ailleurs? Publicitairement parlant les USA sont bien plus performant, il arrive a nous faire croire a n'importe quoi!

à écrit le 29/08/2018 à 9:21
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What else ? Avec TRump l'économie américaine exulte, parier sur la Chine sérieusement remise en question ou sur l'europe en déclin croulant sous la corruption n'est décidément pas raisonnable.

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