À Montpellier, le Pacte de Milan s'aligne sur les Nations-Unies

Lors de la 2e journée du Sommet du Pacte de Milan, qui se déroule à Montpellier du 7 au 9 octobre, les 100 maires présents ont affirmé un de leurs objectifs : réécrire le texte à l'aune des 17 objectifs de développement durable fixés par l'ONU pour 2030, afin d'avoir un dispositif universel sur le sujet. Cinq maires ont débattu des bonnes pratiques à mutualiser en terme d'alimentation urbaine.
Le débat entre responsables et maires de Montpellier, Ouagadougou, Quelimane, Cordoba et New York City
Le débat entre responsables et maires de Montpellier, Ouagadougou, Quelimane, Cordoba et New York City (Crédits : Ville de Montpellier)

Pour la deuxième journée du sommet organisé à Montpellier, le Pacte de Milan (ou "Pacte de Politique Alimentaire de Milan") a démontré sa vitalité : le texte, signé par 47 villes en 2015, en compte désormais plus de 200, dont la moitié sont représentées dans la capitale héraultaise. En 2019, l'organisation va accueillir plus de 25 nouvelles villes signataires, qui parapheront le pacte lors de l'ultime journée du sommet, le 9 octobre.

Tendre vers "un langage universel"

Le sommet de Montpellier intègre de nombreux ateliers (production alimentaire, gaspillage, nutrition, etc.), avec cet objectif décrit par Anna Scavuzzo, première adjointe de Giuseppe Sala, maire de Milan et président du Pacte éponyme : "échanger sur une centaine de propositions en trois jours, car il faut ramener les bonnes pratiques vers nos villes et améliorer la mutualisation de nos compétences avec les chercheurs, les ONG et les associations : nous avons besoin de créer des systèmes alimentaires partagés".

Techniquement, les 100 maires présents à Montpellier annoncent qu'ils vont réécrire en partie le Pacte de Milan, de sorte à le décliner dans le cadre des 17 "objectifs de développement durable" (ODD) définis par l'ONU à horizon 2030, sur des sujets tels que la pauvreté, les inégalités, le climat, la dégradation de l'environnement, la prospérité, la paix et la justice. "Nous voulons avoir un langage universel pour le Pacte de Milan", justifie Philippe Saurel, maire de Montpellier, qui présente également aux maires présents son "Manifeste pour une ville écologique et humaniste" : "Nous sommes une des premières villes à agir en ce sens, avec des fonds de 15 M€ dans le budget 2020, dédiés à la lutte contre les passoires thermiques et à la valorisation des programmes d'énergie solaire", poursuit-il.

"Il nous reste dix ans pour agir dans le cadre de l'agenda 2030 de l'ONU, mais comment ? Vous intervenez à la bonne échelle car 3,5 milliards d'habitants vivent dans les villes, qui génèrent 70 % des émissions de CO2. C'est la bonne échelle car c'est aussi le lieu des solutions concrètes, et des partenariats, or nous avons de partenariats multi-parties pour changer de modèle", affirme Thomas Lesueur, commissaire général au développement durable, en s'adressant aux maires présents.

De nouveaux outils de gouvernance

Un premier débat entre responsables et maires de villes signataires du Pacte de Milan a permis d'identifier des bonnes pratiques dans l'alimentation urbaine en vue de possibles mutualisations. En Afrique, un certain nombre de pistes explorées visent à changer les habitudes alimentaires locales.

"Nous avons observé qu'un grand nombre de personnes se nourrissent dans la rue, avec des repas fabriqués avec de hautes teneurs en sel et en sucre. Nous avons lancé de grands programmes pour lutter contre ces habitudes, mais notre niveau de vie reste très bas. C'est un critère à prendre en compte dans nos politiques car c'est aussi ce qui pousse les gens à s'alimenter ainsi", indique Armand Béouindé, maire de Ouagadougou (Burkina Fasso).

"52 % des habitants sont mal nourris, mais nous connaissons aussi la surconsommation. Nous avons lancé un programme innovant pour utiliser les déchets alimentaires en les transformant en engrais. Nous aidons les agriculteurs pour qu'ils changent leurs pratiques et évoluent vers des productions plus durables. Nous les accompagnons jusque sur les marchés, nous travaillons sur la présentation des produits et sur les aspects sanitaires, de sorte à pouvoir améliorer toute la chaîne", décrit Manuel de Araujo, maire de Quelimane (Mozambique).

Ailleurs, l'action politique se focalise sur la mise en place de nouveaux instruments juridiques et de gouvernance. Il s'agit d'amplifier un autre des objectifs poursuivis par le Pacte de Milan : focaliser l'attention des citoyens sur les bonnes pratiques.

"Notre plus forte action est d'avoir sacralisé deux tiers des espaces naturels pour l'agriculture, la viticulture, l'arboriculture et l'environnement, et un tiers pour l'urbanisation, à l'échelle de la Métropole. Nous le traduisons sous forme coercitive : les 31 communes ont l'obligation de ne pas construire dans ces zones protégées. C'est un document inédit qui va régir la Métropole pour les 50 ans à venir. Notre but est de tendre aussi vers l'autosuffisance alimentaire, en valorisant les circuits courts, le marché d'intérêt national (MIN), etc. Si nos cantines sont passées à 20 % de produits bio, ce sera 50 % en 2020. 100 % serait mentir : la transition écologique doit se faire dans un cadre légal, républicain, qui respecte les équilibres, dont les équilibres humains", juge Philippe Saurel.

"Notre ville est le deuxième producteur alimentaire juste après l'armée, avec 230 millions de repas et 700 M$ de dépenses dans les cantines, les EHPAD, les administrations, etc. L'échelle new-yorkaise nous permet donc d'impacter des millions de personnes mais aussi d'autres villes de toute taille. Nous voulons faire de New York une ville-phare sur la gouvernance de sorte que chacun ait accès à une nourriture saine. Nous voulons générer un certain niveau de richesse afin que les communautés défavorisées y aient aussi accès. Si nous travaillons sur les process d'achats et de réduction des déchets alimentaires, il faut aussi sur les déterminismes sociaux, pour aider ces personnes à se responsabiliser sur le sujet", explique Erin McDonald, adjointe au maire de New York City, Bill de Blasio.

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