Fragilités sociales et attractivité résidentielle : les singularités du chômage en Occitanie

Dans une étude publiée le 14 novembre sur l’emploi et le chômage par zone d’emploi en Occitanie, l’INSEE pointe une spécificité territoriale propre à la région - des fragilités face au chômage malgré un emploi souvent dynamique - mais aussi d’importantes disparités selon si on se trouve dans l’une des deux métropoles ou dans une zone à fragilité sociale marquée.
Cécile Chaigneau
Parmi les 30 zones d'emploi de France métropolitaine qui enregistrent les plus forts taux de chômage en 2018, 12 sont situées en Occitanie.

« Par la croissance de l'emploi, l'Occitanie est, après la Corse, la 2e région la plus dynamique de France métropolitaine entre 2011 et 2016. Mais ce dynamisme de l'emploi se conjugue avec le 2e taux de chômage le plus élevé en 2018, après les Hauts-de-France. »

Dans cette étude, publiée le 14 novembre par l'INSEE, s'exprime toute la singularité de la région : un taux de chômage de 10,6 % en 2016 (8,8 % en France métropolitaine) malgré une croissance de l'emploi de + 4,4 % entre 2011 et 2016 (contre + 1,9 % en France métropolitaine). Avec des situations diverses selon les zones d'emploi de la région.

Parmi les 30 zones d'emploi de France métropolitaine qui enregistrent les plus forts taux de chômage en 2018, 12 sont situées en Occitanie. Et selon l'INSEE, « la crise économique de 2008 n'a que peu modifié les disparités géographiques en matière de taux de chômage ».

Sur les zones à forte attractivité résidentielle, comme les métropoles de Montpellier et Toulouse (qui concentrent 4 habitants de la région sur 10), le taux de chômage résulte pour partie du dynamisme économique du territoire qui attire nombre de nouveaux habitants mais qui ne peuvent pas tous s'insérer sur le marché du travail en raison d'une offre insuffisante.

Du fait de son attractivité, la région souffre ainsi de chômage frictionnel, une partie des personnes nouvellement arrivées sur le marché du travail se retrouvant en recherche d'emploi.

« Parmi ces nouveaux arrivants dans la région Occitanie, 36 % sont diplômés du supérieur en 2014, contre 23 % parmi les chômeurs déjà résidents », précise l'INSEE.

Des contrastes entre Toulouse et Montpellier

Ainsi, sur la zone d'emploi de Toulouse, le taux de chômage est proche de celui de la France métropolitaine (de 7,9 % en 2007, il est passé à 8,5 % en 2018), alors que l'emploi y est nettement plus dynamique, avec une part de chômeurs de longue durée « très faible » mais « un taux de récurrence d'inscription à Pôle Emploi qui traduit la difficulté à trouver un emploi stable ».

Selon l'INSEE, la zone d'emploi de Toulouse est la mieux positionnée de la région en matière de productivité du travail, la présence d'entreprises à forte productivité étant favorable à la création d'emplois.

Du côté de la capitale languedocienne, l'étude souligne que « comparée à Toulouse, la zone de Montpellier abrite une plus forte proportion de population dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, facteur qui pèse fortement sur le niveau de chômage : en effet, plusieurs mécanismes, comme l'enclavement de certains de ces quartiers, la faiblesse des réseaux que leurs habitants peuvent mobiliser dans le cadre de la recherche d'emploi ou les effets de réputation et de discrimination par l'adresse, contribuent à y maintenir un chômage élevé ».

Le taux de chômage sur la zone d'emploi de Montpellier est passé de 10,5 % en 2007 à 11,9 % en 2018. Les minimas sociaux dans les revenus disponibles y sont importants, et les ménages moins mobiles.

Spécificité de la zone : la durée moyenne des postes de travail qui y est assez faible, le phénomène pouvant s'expliquer par une saisonnalité de l'emploi plus marquée que dans des zones comparables, en lien avec le tourisme estival.

Même si la zone demeure attractive, « la création très fréquente de nouveaux établissements par des centres de décision extérieurs à la zone contribuant au dynamisme de l'emploi », la forte augmentation de la population en âge de travailler contribue aussi à maintenir un chômage élevé, tous les nouveaux arrivants ne pouvant s'insérer sur le marché du travail.

Précarité et fragilités sociales

Dans les zones à fragilité sociale marquée (qui regroupent un tiers des habitants de la région), ces difficultés « contribuent davantage encore à la persistance d'un chômage élevé ». C'est le cas des zones d'emploi de Montauban (taux de chômage 2018 : 10,6 %) dans le Tarn-et-Garonne, de Foix-Pamiers (10,7 %) et de Saint-Girons (11,9 %) dans l'Ariège, de Castres-Mazamet (9,9 %) dans le Tarn, de Carcassonne (10,9 %) et de Limoux (11,5 %) dans l'Aude, d'Alès (15,4 %) et de Bagnols-sur-Cèze (11,3 %) dans le Gard.

Quatre zones proches du littoral figurent également parmi les zones à fragilités sociales : Nîmes (12,3 %) dans le Gard, Perpignan (14,6 %) dans les Pyrénées-Orientales, Béziers (13,8 %) et Sète (13,7 %) dans l'Hérault.

Dans les territoires les plus touristiques, comme dans les zones de Narbonne (14 %), Céret (15,1 %) ou d'Agde-Pézenas (16,5 %), les caractéristiques de l'emploi, marqué par une forte saisonnalité, contribuent également à maintenir un chômage élevé. Les opportunités d'emploi y sont faibles en dehors de la saison touristique, et le taux de survie des entreprises très faible, le « 2e le plus faible de France métropolitaine pour Agde-Pézenas, après Sarlat-la-Canéda (Dordogne, ndlr) », selon l'INSEE.

Ils échappent au paradoxe occitan

Enfin, des territoires à l'ouest et au nord de la région Occitanie échappent au paradoxe occitan, affichant un emploi peu dynamique mais un chômage modéré. Il s'agit notamment des zones d'emploi de Auch (taux de chômage 2018 : 7,1 %) dans le Gers et de Rodez (5,6 %) dans l'Aveyron, ainsi que du département de la Lozère (5,7 %).

« Dans ce groupe, Figeac se démarque par une forte évolution de l'emploi sur la période 2011-2016, précise l'étude de l'INSEE. La zone est en effet davantage orientée vers l'industrie, en particulier avec des activités dans l'aéronautique. Son marché du travail échappe au "paradoxe occitan". »

Les raisons identifiées ? Essentiellement des migrations résidentielles qui n'y sont pas aussi élevées que dans le reste de la région, en particulier en Lozère, et « des zones qui se caractérisent par de faibles taux de peu diplômés parmi les actifs ».

Cécile Chaigneau

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