L’économie occitane a détruit plus d’emplois en un trimestre qu’elle n’en a créés en un an

Mauvais signal. Selon l’INSEE, durant le 1e trimestre 2020, l’économie régionale en Occitanie a détruit plus d’emplois (37 000) qu’elle n’en avait créé en un an… Autres records négatifs historiques enregistrés : une chute de 43,5 % de l’intérim et le nombre important de demandeurs d’emplois sans activité (432 200 fin mai), même si ce chiffre est en baisse. Point positif : une nette reprise de la consommation depuis la fin du confinement.
Cécile Chaigneau
Le recul de l'emploi intérimaire en Occitanie est plus marqué dans la construction, avec une baisse de - 68 %, soit la plus forte baisse des régions de France métropolitaine pour ce secteur.

La mauvaise nouvelle de la note conjoncturelle établie par l'INSEE en juin vient du côté de l'emploi : incontestablement, la crise liée à l'épidémie de Covid-19 stoppe la bonne dynamique de l'emploi et au cours du 1e trimestre 2020, l'économie en Occitanie a perdu 37 000 emplois salariés par rapport au trimestre précédent (- 1,8 %). L'économie régionale détruit ainsi en un trimestre davantage d'emplois salariés qu'elle n'en a créés en un an (35 700 créations nettes en 2019).

Tous les départements sont concernés par ces pertes d'emplois (et c'est le cas partout sur le territoire national) mais les pertes les plus importantes sont enregistrées dans les Hautes-Pyrénées et l'Ariège (- 2,8 %), l'Aude (- 2,4 %) et l'Hérault (- 2,3 %).

Premier secteur touché : l'emploi intérimaire qui enregistre en Occitanie un recul historique de - 43,5 % (40,4 % au niveau national), soit 24 000 intérimaires de moins sur le trimestre. L'Hérault connaît la baisse la plus forte (- 51,4 %). Le recul concerne tous les secteurs d'activité employant des intérimaires, mais en Occitanie, il est plus marqué dans la construction (- 68 %), soit la plus forte baisse des régions de France métropolitaine pour ce secteur (60,5 % en moyenne nationale). Baisse également enregistrée mais à un moindre niveau dans l'industrie (- 37,9 %) et le tertiaire (- 30,3 %).

L'hébergement et la restauration les plus touchés en perte d'emplois

En dehors de l'intérim, l'économie régionale perd 13 000 emplois (- 0,7 %). Sans surprise, ce sont les secteurs de l'hébergement et de la restauration qui sont les plus touchés. La fermeture des établissements pour raisons sanitaires a entraîné la perte nette de 4 600 emplois par rapport au trimestre précédent.

Autres secteurs impactés : les services aux particuliers (- 2,5 %), le transport et l'entreposage (- 1,0 %), et les activités immobilières (- 1,7 %). Dans le commerce en revanche, la diminution de l'emploi (hors intérimaires) reste contenue (- 0,5 %). Et dans les services aux entreprises, toujours hors intérim, l'emploi progresse de 0,3 % sur le 1e trimestre.

La crise sanitaire interrompt également la croissance de l'emploi dans la construction, avec une baisse (hors intérim) de - 0,4 % - les départements les plus touchés étant le Gard, l'Hérault, les Pyrénées-Orientales et l'Ariège - et dans l'industrie, (- 0,3 %, soit une perte nette de 600 emplois hors intérimaires).

Une baisse en trompe l'œil du taux de chômage

En moyenne sur le premier trimestre, le taux de chômage de la région Occitanie s'établit à 9,2 % après 9,6 % le trimestre précédent. Mais l'INSEE évoque « une baisse en trompe l'œil du taux de chômage ».

« Ce recul du taux de chômage résulte d'une forte baisse du nombre de personnes sans emploi se déclarant disponibles ou en recherche active d'emploi pendant la période de confinement. En effet, un certain nombre de personnes sans emploi ont pu cesser de chercher un emploi car le secteur dans lequel elles souhaitaient exercer leur activité était à l'arrêt. L'impossibilité de quitter son domicile a pu conduire certaines personnes à se considérer comme non disponibles pour occuper un emploi ou empêcher certaines démarches de recherche. Enfin, les difficultés d'organisation du quotidien liées à la garde d'enfants ont pu également entraîner une moindre disponibilité et freiner la recherche d'emploi. »

À l'inverse, avec le non renouvellement des contrats intérimaires et à durée limitée et le gel des embauches en CDI, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité inscrits à Pôle Emploi (catégorie A) s'accroît de 20,7 % par rapport à mai 2019 en Occitanie (+ 23,3 % en France métropolitaine) pour atteindre, fin mai, les 432 200 personnes sans activité en région, soit 74 000 demandeurs supplémentaires en un an (+ 14,4 % en Ariège, + 32,2 % en Lozère, + 25,4 % en Haute-Garonne et + 21,4 % dans l'Hérault).

L'aéronautique dans l'œil du cyclone

Heureusement, au mois de juin, l'activité semble avoir repris en Occitanie (comme au niveau national), avec une baisse estimée par l'INSEE à - 13 % par rapport à une situation normale, contre - 31 % au cœur de la crise en avril.

« Dans la construction, la perte d'activité économique aurait presque été divisée par deux et ne serait plus que de 31 %, reflétant la reprise des chantiers, précise l'INSEE. Dans l'industrie, la perte d'activité se réduirait à 14 % contre 19 % en mai et 32 % en avril. Dans les services marchands, elle serait de l'ordre de 13 %. »

La Haute-Garonne davantage impactée, avec une baisse estimée à - 15 %. Le département souffre de l'impact sévère infligé au secteur de l'aéronautique. Les restrictions de voyage ayant pratiquement éliminé les vols intérieurs et internationaux de voyageurs dans le monde entier durant presque tout le mois d'avril, la demande adressée aux constructeurs s'effondre.

« Airbus annonce début juillet un plan de restructuration pour tenir compte de cette baisse de cadence, rappelle l'INSEE. Le plan prévoit la suppression d'environ 15 000 postes d'ici l'été 2021, dont 5 000 en France. Dans la métropole de Toulouse, 3 500 postes sont a priori concernés par ce plan. (...) L'impact sur la chaîne d'approvisionnement aéronautique dans son ensemble est particulièrement fort et a motivé la mise en œuvre d'un plan national de soutien à la filière. »

Créations d'entreprises en recul

À l'exception d'une hausse de 4,9 % dans le Lot en mars, les créations d'entreprises reculent dans tous les départements de la région pendant les mois de paralysie de l'activité (mars, avril, mai), avec des baisses d'ampleur variable, allant en mars de - 8 % en Ariège à - 33 % dans l'Hérault, en avril de - 39 % en Lozère à - 70 % dans les Pyrénées-Orientales, et en mai de - 7 % en Lozère à - 44 % dans les Pyrénées-Orientales. En Haute-Garonne, les créations d'entreprises diminuent un peu moins, alors que dans l'Hérault, les baisses sont un peu plus marquées.

De février à mai, avec le confinement, les permis de construire chutent de 8,2 % en Occitanie (- 9,7 % au niveau national). Suite au confinement, le nombre de logements commencés chute de 8,7 % en mai par rapport à fin février. Mais selon la Cellule économique régionale de la construction d'Occitanie, 93 % des chantiers ont rouvert au 29 juin et 72 % ont retrouvé une activité normale.

La consommation repart

En Occitanie, comme en France, la reprise des transactions par carte bancaire est amorcée à partir du 13 avril, avec la réouverture de certains commerces.

Avec le début du déconfinement, la semaine du 11 mai enregistre une hausse fulgurante des transactions bancaires, dépassant même les montants observés la même semaine de l'année 2019.

En Occitanie, le rattrapage se poursuit les semaines suivantes, les montants des transactions restant constamment supérieurs à ceux des mêmes périodes de 2019. Les transactions progressent de 8 % dans la région du 15 au 21 juin (+ 4 % au national) avec un rebond particulièrement prononcé en Haute-Garonne et dans l'Hérault, dans le Tarn-et-Garonne et les départements du littoral méditerranéen.

Cécile Chaigneau

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