Covid-19 et échanges transfrontaliers : l’urgence d’un consensus dans les décisions s’impose

Symboles de la libre circulation des biens et des personnes dans tout l’espace de l’Union européenne, les frontières avaient été fermées au printemps dernier pour lutter contre la propagation du Covid-19. Une situation qui avait mis en exergue les limites de la coopération transfrontalière, notamment en matière de politique économique. Avec la décision de l’Espagne d’obliger les voyageurs provenant de pays à risque, dont la France, à présenter dès le 23 novembre un test PCR négatif à leur arrivée, la délicate question d’harmonisation des mesures de contrôle du Covid-19 refait surface.
(Crédits : DR)

Avec la crise du coronavirus et toutes les incertitudes qui l'accompagnent, une chose est sûre pour tout le monde : toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. En matière d'échanges transfrontaliers, le constat est identique : alors que certains secteurs d'activité tirent clairement leur épingle du jeu, comme l'agroalimentaire ou encore la logistique, d'autres secteurs subissent de plein fouet les conséquences économiques de la pandémie.

« Indéniablement, toutes les entreprises sont impactées par la crise sanitaire en Europe, analyse Philippe Saman, directeur général de la Chambre de commerce et d'industrie française à Barcelone. Les secteurs les plus touchés demeurent l'événementiel ou encore le tourisme. Dans la zone transfrontalière entre la France et la Catalogne, le tourisme a été fortement impacté durant la période estivale du fait des recommandations des autorités de part et d'autre de la frontière à privilégier le tourisme national. Les effets économiques des annulations de réservation ont eu des effets immédiats. »

La CCI France à Barcelone est une association privée d'entreprises et d'entrepreneurs qui a pour vocation la mise en relation et l'accompagnement au développement sur les marchés espagnol et français. Elle compte quelque 450 membres.

À la suite du premier confinement survenu au printemps dernier, nombreux sont les entrepreneurs français à avoir décidé de rentrer en France pour notamment se rapprocher de leur famille ou encore bénéficier des aides financières exceptionnelles déployées par la France.

Trouver rapidement un consensus dans les décisions

Face à la « cacophonie des décisions » et des mesures prises dans les différents pays européens, ayant mis en difficulté de nombreux travailleurs et entreprises transfrontaliers, notamment dans la zone transfrontalière France-Espagne, Philippe Saman plaide pour « qu'un consensus soit rapidement trouvé entre toutes les décisions ».

« L'Union Européenne a là une opportunité extraordinaire de prendre le dessus pour mettre en place des politiques communes cohérentes, aussi bien à l'intérieur d'un même pays qu'à l'intérieur des territoires transfrontaliers », indique-t-il.

L'« Alliance européenne pour les citoyens transfrontaliers », présentée en marge du 1er Borders Forum, dédié aux frontières européennes et qui s'est tenu les 9 et 10 novembre derniers, va dans ce sens : « Si la crise a d'abord provoqué des mesures frontalières non coordonnées, elle a aussi révélé les interdépendances et suscité de multiples formes de coopération, de solidarités transfrontalières, qu'il faut maintenant organiser et renforcer, par des politiques publiques européennes et nationales tenant pleinement compte de la spécificité des territoires transfrontaliers », insistent les signataires de l'alliance.

Une volonté qui semble aujourd'hui difficile à mettre en place. La preuve, l'Espagne a décidé d'imposer, à partir du 23 novembre prochain à tous les voyageurs internationaux en provenance de pays à risque, de présenter un test PCR négatif de moins de 72 heures à leur arrivée dans le pays. La France fait partie de la liste des pays visés, avec plus de 45 000 nouveaux cas positifs détectés en 24 heures (entre le 16 et le 17 novembre 2020).

Une décision dénoncée par la Chambre de commerce française de Barcelone : « Cette mesure entravera, sans aucun doute, les échanges de personnes et de biens. Elle aura, de plus, un impact significatif sur l'économie et ralentira l'activité de nos entreprises ».

« La logistique et d'approvisionnement a bien tenu le coup »

A Perpignan, le marché international de Saint-Charles, première plateforme européenne d'importation et d'exportation de fruits et légumes principalement venus d'Espagne et du Maroc, n'a pour sa part connu aucun coup d'arrêt ou subi la fermeture des frontières. Au contraire, les échanges se sont particulièrement amplifiés durant le premier confinement.

« Le transport de marchandises n'a jamais été interrompu entre l'Espagne et la France, explique Cyril Gornes, directeur général de Saint-Charles International. Entre mars et mi-juin, nous avons constaté une hausse de notre activité. Au niveau européen, des corridors verts ont été mis en place pour s'assurer que tous les produits de première nécessité, comme les denrées alimentaires et les médicaments, puissent continuer à circuler sans aucune difficulté dans tout l'espace européen. La pandémie n'a donc pas eu d'impact sur nos échanges transfrontaliers avec l'Espagne. La seule difficulté rencontrée était liée aux conditions de travail de nos chauffeurs qui ont dû faire face à la fermeture des aires d'autoroutes en début de crise. Malgré tout, la filière logistique et d'approvisionnement a bien tenu le coup. »

Pour rappel, la plateforme de Saint-Charles International commercialise chaque année quelque 1,6 million de tonnes de fruits et légumes, dont « 60 % sont acheminés en France auprès principalement de grossistes et d'acteurs de la grande distribution et 40 % sont envoyés sur les marchés européens tels que l'Allemagne, la Suisse, et l'Italie », précise Cyril Gornes.

Cent pour cent du transport se fait par la route depuis l'arrêt controversé du « train des primeurs » qui reliait Perpignan à Rungis et dont la remise sur les rails avait été annoncée, sans précision sur la date, par le Premier ministre Jean Castex, en juillet dernier.

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Commentaires 2
à écrit le 21/11/2020 à 21:46
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Y pas d'histoires de consensus ! On rétablit les frontières et on contrôle (ça créera des emplois au moins)... comme partout ailleurs sur la planète .

le 09/12/2020 à 16:44
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pour moi une conséquence concrète si panoramix veut fermer la frontière: 80 km pour aller à l’hôpital de Perpignan sur une route tortueuse à souhait. alors que Puigcerda a un hôpital tout neuf à 10 km Sans parler de la famille encore séparée par la ...

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