Med Vallée à Montpellier : son préfigurateur Philippe Domy jouera la carte du fédérateur

Créer à Montpellier un pôle économique autour de la santé, du bien-être, de l’alimentation et de l’environnement qui donne une visibilité à la Métropole et booste son attractivité. Telle est l’ambition du maire de la Ville et président de la Métropole, Michaël Delafosse, qui vient de confier les clés de la préfiguration de ce vaste projet à une personnalité de la société civile : Philippe Domy, ancien directeur du CHU de Montpellier. Entretien.
Cécile Chaigneau
Philippe Domy, ancien directeur du CHU de Montpellier, est le préfigurateur de la Med Vallée, nommé par Michaël Delafosse.
Philippe Domy, ancien directeur du CHU de Montpellier, est le préfigurateur de la Med Vallée, nommé par Michaël Delafosse. (Crédits : DR)

Michaël Delafosse, le maire de Montpellier et président de la Métropole, en a fait l'annonce officiellement au conseil métropolitain du 23 novembre : il confie à Philippe Domy, ancien directeur du CHU de Montpellier, la mission de préfigurateur de son projet de Med Vallée. « Philippe Domy, qui effectuera cette mission à titre gracieux, va nous accompagner dans la définition du projet, qui doit être novateur, a déclaré l'édile. Il faut aller chercher ce à quoi nous n'avons pas pensé. Philippe Domy a carte blanche. La feuille de route devrait être gravée dans le marbre d'ici la fin du 1e semestre 2021. » Ce projet était la proposition économique phare de son programme de campagne. Inspirée de Sophia Antipolis à Nice et située au nord de Montpellier, la Med Vallée a vocation à devenir un pôle d'attractivité économique autour de la santé, mais aussi du bien-être, de l'alimentation et de l'environnement, mobilisant chercheurs et acteurs économiques.

La Tribune : Quel est votre parcours ?

Philippe Domy : Je suis parisien d'origine. J'ai été chef d'établissement durant toute ma carrière, le dernier ici, au CHU de Montpellier, et j'ai pris ma retraite fin 2015. J'ai beaucoup bougé. Après des études de droit et l'École nationale de santé (devenue aujourd'hui l'École des hautes études en santé publique, NDLR), j'ai exercé en Alsace, dans le Nord, en région parisienne, en Picardie, à Paris (hôpitaux Saint-Antoine et Kremlin-Bicêtre, NDLR), à nouveau dans le Nord puis dix ans au CHU d'Amiens. Avant d'arriver à Montpellier en 2010.

La Tribune : Michaël Delafosse dit qu'il vous a choisi notamment pour votre très bonne connaissance des acteurs locaux et votre qualité de fédérateur. Qu'a-t-il vu en vous ? Et pourquoi avoir accepté cette mission ?

Philippe Domy : En tant que membre du conseil de surveillance, Michaël Delafosse a pu analyser quelles étaient mes facteurs de réussite dans le management d'un des plus grands CHU en France, d'autant que j'ai pris mes fonctions dans un contexte difficile, avec de gros problèmes de management et un déficit structurel important. Il fallait redonner une vision et de visibilité à ce CHU, ce qui a pu être fait dans un délai assez court, avec une vraie dynamique de développement. Pendant cette mission, j'ai été très sensible à la nécessité de créer des facteurs favorables à la fédération des énergies entre établissements, mais aussi avec l'université et les grands instituts de recherche pour créer un climat local propice à la coopération et à la mise en œuvre de projets ambitieux. Et il fallait avoir, pour le CHU, une ambition nationale et une visibilité européenne. Aujourd'hui, Montpellier est bien classée en recherches hospitalo-universitaires, la confiance est rétablie et les acteurs se sont remis à croire en l'avenir... Michaël Delafosse a pensé que je pouvais l'aider à la mise en œuvre de la Med Vallée, qui est dans la droite ligne de ce à quoi on aspirait au CHU. Et j'ai accepté la mission car je considère que j'ai été comblé par ma fin de carrière à Montpellier et c'est la moindre des choses de renvoyer l'ascenseur.

La Tribune : Le projet de la Med Vallée est plus large que la seule santé. Quels sont les arguments que Montpellier peut faire valoir dans la balance ?

Philippe Domy : On sent bien la complémentarité des sujets santé, bien-être, alimentation et environnement. Le projet est au croisement de trois filières d'excellence montpelliéraines. La santé d'abord, avec la faculté de médecine, 1.400 chercheurs, l'Institut du cancer de Montpellier (ICM - ndlr) et l'hospitalisation privée. Le secteur compte environ 200 entreprises et un potentiel de 7.500 emplois. En agro-alimentation, le territoire de Montpellier compte 28 établissements de recherche, plus de 600 exploitations sur 14.000 ha de terres et 1.000 emplois, des entreprises agro-innovantes et des entreprises de transformation alimentaire, soit 350 emplois. C'est un secteur qui pèse lourd... Enfin sur l'environnement, l'Université de Montpellier est considérée dans le classement de Shanghai comme une des meilleures au monde, et on compte entre 6.000 et 7.000 emplois dans les entreprises du secteur.

La Tribune : Quels sont les enjeux et les objectifs de la Med Vallée ?

Philippe Domy : La Med Vallée doit être un soutien à la recherche et à l'innovation, et en même temps un outil de mise ne place d'offre de services pour la création et le développement des entreprises. Il y a également l'enjeu d'un rééquilibrage urbanistique au nord de Montpellier, où se trouvent d'ailleurs le CHU, l'ICM, les grands laboratoires comme l'Inserm ou le CNRS, Agropolis, etc., avec des conséquences structurantes en matière de dessertes routières ou de communication. L'objectif, c'est de donner une visibilité internationale à la métropole de Montpellier, de bien mettre en valeur le potentiel en innovation, recherche, soins et dynamique de l'écosystème afin d'attirer sur le territoire des entreprises, des investisseurs, des talents, et ainsi stimuler le développement économique et créer de la valeur et des emplois. Pour ça, il faut créer des synergies entre les acteurs, décloisonner les univers, favoriser l'interdisciplinarité santé-alimentation-environnement-numérique, et favoriser l'engagement sociétal des entreprises.

La Tribune : Comment allez-vous procéder pour ce travail de préfiguration ?

Philippe Domy : Tout d'abord, il ne s'agit pas d'avoir une attitude dogmatique... En premier lieu et même si le diagnostic est posé, il faut réaliser un inventaire des forces en présence, des acteurs et de leurs complémentarités. Il faut fédérer les acteurs et créer une dynamique collective. Évidemment, la préfiguration, c'est l'animation d'une équipe et non l'action d'un seul homme ! Certains services de la Métropole vont être mis à disposition pour soutenir cette mission et je vais travailler en étroite collaboration avec Hind Emad (vice-présidente de la Métropole, en charge du développement économique, NDLR). Je serai l'ensemblier, le pilote, l'animateur et le gardien des horloges ! Michaël Delafosse est attaché à ce que durant son mandat, le changement se voit. On n'est pas dans le slogan mais bien dans une démarche pragmatique.

La Tribune : Quel est le calendrier de cette préfiguration ?

Philippe Domy : Je commencerai à travailler sur cette préfiguration en janvier. Il faudra ensuite compter un bon semestre de mise en œuvre. Notre désir partagé, c'est d'aller vite tout en étant pragmatique dans la démarche. Favoriser des expérimentations, repérer des projets en gestation ou au stade conceptuel et faire la preuve de concept.

Cécile Chaigneau

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