Ségur de la santé : 1,6 milliard d’euros pour l’Occitanie, dont 250 millions pour le CHU de Montpellier

Le Premier ministre Jean Castex était en déplacement à Montpellier le 5 novembre, notamment pour présenter la déclinaison du plan d’investissement du Ségur de la santé pour l’Occitanie : une enveloppe de 1,6 milliard d’euros sur dix ans, dont 250 millions pour le seul CHU de Montpellier. Au total, 267 établissements bénéficieront de subventions Ségur, dont 61 hôpitaux et 178 Ehpad. Détails.
Cécile Chaigneau
Le Premier ministre Jean Castex était au CHU de Montpellier le 5 novembre 2021, pour présenter la déclinaison du plan d'investissement du Ségur de la santé en Occitanie.
Le Premier ministre Jean Castex était au CHU de Montpellier le 5 novembre 2021, pour présenter la déclinaison du plan d'investissement du Ségur de la santé en Occitanie. (Crédits : Cécile Chaigneau)

Le Premier ministre Jean Castex était en déplacement à Montpellier le 5 novembre, pour présenter les projets d'investissement soutenus par l'État en région Occitanie dans le cadre du Ségur de la Santé. Le 9 mars dernier, à Cosne-Cours-sur-Loire, il avait annoncé un plan national de soutien à l'investissement en santé de 19 milliards d'euros. Après six mois de concertations menées par les Agences régionales de santé, la liste des projets soutenus par l'État dans chaque territoire a été établie.

Pour la région Occitanie, c'est une enveloppe de 1,6 milliard d'euros sur dix ans qui va venir en soutien à des projets de rénovation, modernisation ou construction pour 267 établissements, à savoir 61 établissements de santé, 178 Ehpad et 28 établissements pour personnes en situation de handicap.

« Le Président de la République nous a demandé de faire un effort massif en faveur de l'investissement hospitalier, et il y en a besoin, a lancé Jean Castex. Ce que j'ai vu ici ce matin, dans un bâtiment de réanimation cœur-poumons, ce n'est pas de la mauvaise gestion mais la manifestation concrète du sous-investissement dont l'hôpital a fait l'objet depuis des décennies. Si on compare avec les précédents plan Hôpitaux de 2007 et 2012, c'était 600 millions d'euros en Occitanie... On a changé de braquet ! »

A ce stade, 60% de l'enveloppe de 1,6 milliard d'euros ont été définis, selon la répartition suivante : 1,42 milliard d'euros pour le secteur sanitaire et 220 millions d'euros pour le secteur médico-social (en associant les fonds nationaux et le Fonds d'intervention régional de l'ARS, des dotations budgétaires qui pourront être complétées par des cofinancements du conseil régional et des conseils départementaux), mais aussi 179 millions d'euros pour l'investissement du quotidien des 584 Ehpad et 291 établissements sanitaires et médico-sociaux publics et privés (dont 80 millions d'euros déjà délégués en 2021). Enfin, 427 millions d'euros iront au désendettement des établissements sanitaires.

Les CHU mais aussi les hôpitaux de proximité

Selon Pierre Ricordeau, le directeur général de l'Agence régionale de Santé (ARS) Occitanie, le choix des projets à soutenir s'est appuyé sur deux guides de lecture : « Les projets répondent-ils aux besoins de santé du territoire ? Et vont-ils permettre de rattraper les retards d'investissement sur la vétusté d'équipements, de répondre aux nouvelles attentes des usagers, d'améliorer la qualité de vie des professionnels de santé et d'avancer sur les nouvelles technologies ? ».

« Depuis le printemps 2021, nous travaillons de façon large et concertée, en tenant compte des spécificités de l'Occitanie : une région vaste, avec des zones urbanisées, un littoral, des montagnes, avec une forte croissance démographique, un fort vieillissement, et une population plus défavorisée qu'au niveau national, précise-t-il. Nous avons aussi tenu compte des enseignements de la crise sanitaire du Covid qui a mis en évidence des priorités nouvelles et des besoins dans les territoires. Le socle de cette stratégie, c'est de garantir l'accès à la santé sur tous les territoires. »

Les investissements porteront donc sur les CHU mais aussi sur les plus petits établissements, hôpitaux généraux, hôpitaux de proximité (voir encadré ci-dessous), « soit plus 75% des investissements qui concernent des établissements de petites tailles et hôpitaux de proximité », selon le cabinet du Premier ministre.

Cinq projets prioritaires sanitaires régionaux ont été identifiés : le CHU de Montpellier (Hérault), le centre hospitalier (CH) de Montauban (Tarn-et-Garonne), les CH de Millau et Saint-Affrique (Aveyron) et le CH d'Auch (Gers), auquel s'ajoute le CH de Tarbes et Lourdes (Hautes-Pyrénées) avec un soutien de 210 millions d'euros hors Ségur.

L'aide la plus conséquente d'Occitanie

« Tous les établissements de santé ne sont pas au même niveau, et je ne suis pas par hasard à Montpellier aujourd'hui, a poursuivi Jean Castex. A Montpellier, un ambitieux projet a fait l'objet d'un Livre blanc. J'ai noté que vous vous tourniez vers les activités d'avenir avec la Med Vallée. L'État accompagnera le CHU de Montpellier à hauteur de 250 millions d'euros, dont 20 millions pour la reprise de dette (qui s'établissait à 236,5 millions d'euros au 31 décembre 2020, NDLR). C'est l'aide la plus conséquente de la région. Mais c'est là que les besoins étaient les plus importants. Les CHU de Toulouse et Nîmes bénéficieront aussi d'un accompagnement significatif (51,5 millions pour le CHU de Nîmes et l'Ehpad Serre Cavalier, 90,4 millions pour le CHU de Toulouse, NDLR). »

Le CHU de Montpellier est le 7e hôpital de France en termes de ressources humaines, d'activité de soins et de recherche : 2.576 lits, 5 services ou secteurs d'urgences, des plateaux techniques d'imagerie interventionnelle, 5 blocs opératoires de plus de 50 salles réalisant 45.000 interventions par an, 12.000 professionnels de santé et 362 millions d'euros d'achats par an.

Selon Thomas Le Ludec, directeur général du CHU de Montpellier, « le dernier plan de grande ampleur qu'ait connu l'établissement remonte aux années 1970-1980 », l'établissement de santé n'ayant pas bénéficié des plans Hôpital 2007 et Hôpital 2012.

Alors en février dernier, le CHU de Montpellier avait présenté son Livre blanc, explicitant un ambitieux plan d'investissement d'ici à 2035 : quelque 900 millions d'euros pour moderniser un établissement aux infrastructures vieillissantes, notamment sur la sécurité ou les conditions d'accueil des patients, mais aussi pour regrouper certaines activités dans un nouveau bâtiment de 100.000 m2 au nord de la ville. Un plan d'investissement en deux temps : une phase de modernisation jusqu'en 2030, suivi d'une construction majeure, celle du "Grand Lapeyronie".

Le Livre blanc précisait que « le besoin d'accompagnement du CHU de Montpellier pour la réalisation de son schéma directeur immobilier est évalué à 355 millions d'euros », hors reprise de la dette, 205 millions d'euros d'aides devant être sollicités sur la décennie 2020-2030 et 150 millions d'euros pour la construction du Nouveau Lapeyronie.

Lire aussi 6 mnCe que prévoit le plan à 1 milliard d'euros du CHU de Montpellier

« Réaliser 96% de notre schéma directeur »

« Le Premier ministre a fait des annonces fortes avec un niveau de subvention qui va nous permettre de réaliser 96% de notre schéma directeur, ce qui est énorme et inédit, a réagi Thomas Le Ludec. Le schéma directeur, c'est une décennie de modernisation du site existant qui est vieillissant et d'extensions. C'est aussi préparer la construction du grand Lapeyronnie. Nous sommes dans cette philosophie d'apporter plus de confort, au bénéfice des patients et des professionnels de santé... Le site Gui de Chauliac deviendra un hôtel d'entreprises dans le cadre de la Med vallée. »

De son côté, le maire de Montpellier et président de la Métropole, Michaël Delafosse, se félicite de ce soutien : « Le CHU va recevoir 250 millions d'euros, plus importante aide de la région, pour se moderniser après avoir été tenu à l'écart, une décennie durant, des plans de soutien étatiques. (...) Sans compter le soutien important apporté par le président de la République au projet Med Vallée, confirmé par le Premier ministre, pour faire de Montpellier une place forte de la reconquête de notre souveraineté sanitaire ».

« C'est un effort de la Nation qui montre la priorité que nous devons collectivement donner à ce secteur stratégique, a scandé Jean Castex. La santé est la première des politiques sociales ! »

Casse de l'hôpital : un (réel) mea culpa de Jean Castex ?

Avant cette conclusion, le Premier ministre s'était longuement étendu sur l'état dégradé du système de santé français : « Il y a des tensions dans les services de soin, plus de postes vacants, le turn-over s'est accéléré, et c'est inquiétant... Cela concerne aussi le secteur médico-social, les Ehpad, les établissements recevant des personnes en situation de handicap. Le métier est difficile mais nous devons tout faire pour en restaurer l'attractivité et la continuité. Depuis des décennies, nous avons sous-investi ce sujet, nous avons sans doute trop considéré la ressource humaine comme un coût et non comme un investissement. Nous avons trop régulé notre système de soins ».

Rappelons que Jean Castex est considéré par certains comme l'artisan de réformes à l'origine de la casse de l'hôpital public. C'est notamment lui qui fut l'un des fervents promoteurs de la tarification à l'acte et de la restructuration du système hospitalier entre 2005 et 2007, alors qu'il était directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins au ministère de la Santé. Ses détracteurs lui mettent ainsi sur le dos l'introduction de la notion d'objectifs dans l'hôpital et une rationalisation des coûts...

Outre la réforme du numerus clausus (votée en 2019 et mise en œuvre en 2021 par le gouvernement, avec l'objectif de former plus de 10.000 médecins dans les cinq ans) et l'augmentation du nombre de places dans les instituts de formation d'infirmiers et aide-soignants, le Premier ministre assure que « ça ne suffit pas » et rappelle que le Ségur de la Santé a également prévu une revalorisation des personnels, avec une enveloppe de 9 milliards d'euros. Soit, en Occitanie, la revalorisation de « plus de 131.000 sages-femmes, infirmiers, aides-soignants ou autres personnels non-médicaux des établissements de santé et médico-sociaux, près de 7.500 médecins de l'hôpital public et plus de 10.300 étudiants paramédicaux, étudiants en médecine et internes » indique l'ARS.

« Rattrapage ? Oui, mais encore fallait-il le faire, se défend Jean Castex. J'ai aussi demandé que soit re-créés 15.000 postes à l'hôpital. On nous dit que des lits ferment ? Cela vient du fait que nous ne trouvons pas de personnels pour les pourvoir et non de moyens budgétaires sur lesquels nous mégoterions ! »

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Parmi les projets qui seront subventionnés...

  • CH de Perpignan : 49 millions d'euros
  • CH de Lunel : 15 millions d'euros
  • CH de Narbonne : 7,7 millions d'euros
  • CH d'Uzès : 4,2 millions d'euros
  • CH de Florac : 3,6 millions d'euros
  • CH d'Alès et Bagnols-sur-Cèze (2 sites) : 3,2 et 4,3 millions d'euros
  • CH de Gaillac : 1,1 millions d'euros
  • CH de Revel : 6,2 millions d'euros
  • CH de Villefranche-de-Rouergue : 20,9 millions d'euros (sur le pôle gérontologique)
  • Développement d'une offre de soins de suite et de réadaptation des patients atteints d'un handicap visuel à Ramonville : 480.000 euros
  • Dispositif HandiSanté porté par le CH de Perpignan : 265.000 euros (crédits d'investissement) et 140.000 euros (fonctionnement)
Cécile Chaigneau

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