Attractivité économique : les territoires cherchent (désormais) des projets à impact

L’agence Geolink Expansion, spécialisée dans l’attractivité économique territoriale, témoigne d’une tendance forte : favoriser le développement économique autour de projets à impact positif durable. Alors que l’agence applique son "score-impact" depuis un peu plus de deux ans, elle publie une première étude pour en évaluer les effets.
Cécile Chaigneau
(Crédits : DR)

Qualifier des projets candidats à une implantation sur un territoire au-delà des traditionnels indices de performance économique et donc de l'habituel prisme quantitatif de la création d'emplois et des besoins en m2, en considérant désormais les critères d'impact économique, écologique et social. C'est le chemin emprunté depuis plusieurs années par Geolink Expansion, agence basée à Lattes, près de Montpellier, qui accompagne les territoires pour booster leur attractivité économique et favoriser l'implantation d'entreprises. Elle vient de publier une étude sur « le développement économique à impact - tendances 2022 ».

Le "triple impact", c'est à dire la recherche d'un modèle économique, écologique et social, « ressort aux avant-postes de la période actuelle, tant pour les entreprises en phase d'investissement que pour les territoires en quête d'un développement local raisonné », conclut l'étude.

Rareté des ressources humaines, zéro artificialisation nette, transition écologique ou encore la réindustrialisation. Les nouveaux enjeux et impératifs imposent en effet aux élus et acteurs du développement économique d'imaginer des stratégies nouvelles pour attirer ou retenir des activités économiques et repenser l'aménagement de leur territoire.

Feuille de route de l'impact local

Afin de répondre à ces nouvelles priorités stratégiques des territoires, Geolink Expansion a mis en place une notation permettant de mesurer l'impact d'un projet sur un territoire. Sur la base d'entretiens approfondis avec les investisseurs potentiels, Geolink Expansion a bâti un scoring qui s'appuie sur une série de critères rangés dans les trois grandes familles : économique, écologique et sociale.

« Face aux enjeux de transition écologique et alimentaire, d'inclusion sociale, de redynamisation commerciale et de reconquête industrielle, les territoires nous challengent tous les jours pour rebattre les cartes et consolider leurs écosystèmes locaux, observe Gwénaël Le Guennec, CEO de Geolink Expansion. Notre expertise permet de capter des milliers de données et de signaux d'investissement par le biais de ses plateformes numériques, et ainsi de diagnostiquer les écosystèmes locaux, de préparer des feuilles de route pour "l'impact local"... Qu'on parle de transition alimentaire et agricole, de reconquête industrielle, d'immobilier et lieux de travail de demain, de transformation écologique et énergétique, de santé, de redynamisation des centres-villes ou encore de mutation du secteur touristique, l'objectif reste le même : orienter les entreprises à la recherche d'un terrain d'expérimentation en phase avec ses enjeux. »

« Le grand réveil »

Et Gwénaël Le Guennec l'assure, le changement de paradigme dans les territoires est en route : « Nous travaillons sur cette approche depuis quelques années, mais cette prise de conscience n'était pas partagée par tous les développeurs dans les territoires. Le grand réveil est intervenu avec le Covid et les changements politiques. Les collectivités locales doivent se demander quel impact elles veulent à la fin de l'année, à cinq ans ou à dix ans, et donc réfléchir à ce qui leur manque pour atteindre tel ou tel objectif et déclencher des répercussions pérennes et durables sur leur territoire... En créant des scores d'impact sur les différents aspects d'un projet économique, on évalue sa capacité à s'intégrer dans un écosystème et donc à travailler avec des prestataires locaux ou à exploiter des matières premières locales, sa capacité à s'insérer sans usage excessif du foncier, les possibles recrutements de personnes en situation de fragilité, etc. Cela signifie qu'un projet d'usine avec 50 emplois sera peut-être moins bien noté qu'une entreprise de l'ESS ».

De là à refuser l'implantation d'un projet industriel, il y a certainement un pas que les territoires ne franchiraient pas, mais le niveau d'accompagnement d'un projet mal noté pourrait aujourd'hui être révisé, et « dans la pile de dossiers, certains projets qui n'étaient pas dans les radars reviennent », indique Gwénaël Le Guennec, qui souligne, à titre d'exemple, qu'un changement de paradigme est ainsi à l'œuvre à l'agence de développement économique du Grand Lyon « qui était dans une culture de l'emploi ».

« C'est une évolution significative pour nous aussi car cela nous amène à devoir discuter plus avec les élus ou les DGS plutôt qu'avec les seuls techniciens du service économique », ajoute-t-il.

Les enjeux de société et les facteurs d'attractivité des entreprises et des talents étant aujourd'hui intimement liés, « il est donc indispensable d'avoir une approche très large et de travailler sur la qualité de vie sur le lieu de travail mais aussi en dehors, notamment autour de la mobilité, du logement, des commerces et des loisirs de proximité, de la dynamique RSE, etc., qui sont quelques-uns des 16 points à prendre en compte pour définir une stratégie raisonnée adaptée aux besoins réels du territoire », déclare Gwénaël le Guennec.

+ 45% de projets à impact

Au seul mois d'avril, les équipes de Geolink Expansion annoncent avoir détecté 120 projets à impact, un nombre qui a augmenté de près de 45% sur les dix-huit derniers mois : « Parmi les entreprises que nous avons accompagnées dernièrement, Phenix qui lutte contre le gaspillage alimentaire, YpHen qui propose une technologie de dépollution des sols par des champignons, ou encore StaffMe, première plateforme française de mise en relation entre jeunes freelances et entreprises pour la réalisation de prestations ponctuelles, sont autant de facettes de ce que peut représenter l'impact pour un territoire », note Gwénaël Le Guennec.

L'étude de Geolink Expansion présente des cas concrets : pour la collectivité urbaine Paris Ouest La Défense (POLD), Geolink Expansion a été choisi pour co-construire le premier schéma de développement à impact du territoire en associant élus, grands groupes, startups, PME, associations et écoles. L'agence accompagne la Communauté de communes de Marche et Combraille (Nouvelle-Aquitaine) dans la définition de ses filières d'excellence tourisme et agriculture. Et le Syndicat mixte de développement local (SYDEL) Pays Cœur d'Hérault (Clermontais, Lodévois Larzac et de la Callée de l'Hérault), qui mène actuellement une réflexion autour de son attractivité, travaille avec Geolink Expansion à la définition d'une stratégie RH et RSE avec les entrepreneurs et partenaires locaux.

Tourisme à impact en Occitanie

Parmi ses récentes collaborations, Geolink Expansion se félicite de la prochaine implantation d'une usine par la foodtech HappyVore (ex-Les Nouveaux Fermiers), spécialisée dans la production de viande végétale, à Chevilly, en région Centre Val de Loire (pour qui travaille Geolink), et qui sera la plus grande usine de production dédiée au simili carné en France.

« A la création de l'entreprise, ils étaient deux et aujourd'hui, ils annoncent une centaine d'emplois à moyen terme, avec un impact social car il y a une volonté de faire de l'insertion sociale, détaille Gwénaël Le Guennec. Ils s'implantent sur un ancien site agroalimentaire, ce qui signifie pas de consommation supplémentaire de m2. La présence d'un vivier de compétences a beaucoup joué dans leur choix. »

En Occitanie, des projets à impact voient notamment le jour dans le secteur touristique : « On trouve de l'oenotourisme, du cyclotourisme, ou encore des projets de slow-tourisme en lien avec la nature (+ 23% de projets en 2021, NDLR), et on observe que la ruralité sort du lot, puisque ça représente 42% des projets sur lesquels on travaille », précise Gwénaël Le Guennec.

Les tendances 2022


  • Sur le front de l'emploi, les résultats sont encourageants, mais il existe d'importantes disparités : « On peut estimer que 70% des créations d'emplois générées par des investissement exogènes sont liées à l'implantation de quelques mega et gigafactory, du type de celle menée par le groupe Verkor dans les Hauts-de-France (annoncée en février 2022) ».

  • Les territoires ruraux ont enregistré, sur les 12 derniers mois, une progression de plus 15% des investissements avec un pic concernant le tourisme et les loisirs (+36%), l'alimentation et les circuits courts (+21%), l'écologie industrielle territoriale (+34%).

  • Les territoires urbains sont « de plus en plus nombreux à repenser leur politique d'accueil en favorisant des approches sociétales pour consolider des chaines de valeur dans les domaines de la santé (+22%), de l'industrie culturelle et créative (+7%), de l'alimentation (+13%) ou des greentech (+14%) ». En revanche, les projets d'investissement y sont en baisse, en raison d'un ralentissement dans le tertiaire.

  • Les territoires littoraux ou maritimes mettent en place des écosystèmes industriels innovants autour de l'alimentation (+13%), des énergies marines renouvelables (+12%), de la santé (+22%) ou encore des emballages propres (+14%).

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.