
Avec 4.161 défaillances (redressements judiciaires et liquidations judiciaires) et 118 procédures de sauvegarde) enregistrés à fin mars 2023 sur douze mois glissants, l'Occitanie se positionne en 4e position derrière l'Ile-de-France, l'Auvergne-Rhône-Alpes et PACA, juste devant la Nouvelle-Aquitaine « avec qui elle se dispute habituellement cette 4e place », commente Max Jammot, responsable du Pôle d'études économiques chez Ellisphère, spécialiste de l'information économique, légale et financière sur les entreprises. Au niveau national, il annonce 44.772 ouvertures de redressements judiciaires et liquidations judiciaires et 1.223 procédures de sauvegarde.
Le nombre de redressements et liquidations judiciaires augmente de plus de 60% en Occitanie (61,9%), tout comme dans les Hauts-de-France, la Bretagne et le Centre-Val-de-Loire. Au niveau national, 55,1% des défaillances se concentrent en Ile de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, PACA et Occitanie. Ellisphère indique que ces 4.161 procédures représentent 13.619 emplois menacés.
« Sur la période 2014-2015, nous étions à un niveau de défaillances de 4.476, et les quatre années suivantes, nous étions globalement sur une moyenne de 2.500, rappelle Max Jammot. Puis la pandémie est survenue. Les défaillances se sont accrues modérément sur la période 2020-2021 à 3.739 procédures. Avec ce niveau de 4.161 défaillances, on peut dire que globalement, on se rapproche du niveau de défaillances de la période 2014-2015. Beaucoup s'attendaient à une véritable explosion des défaillances mais on assiste là à un retour à la normale et c'était attendu, tant au niveau national qu'en Occitanie. »
Pour les procédures de sauvegardes, les plus forts impacts sont enregistrés en Ile-de-France (surtout dans les services aux entreprises) et en Occitanie (surtout dans la construction), régions dans lesquelles les ouvertures de procédure de sauvegarde augmentent de +90%.
Le BTP en tête
Dans le détail, les 4.161 redressements judiciaires et liquidations judiciaires se répartissent de la manière suivante en Occitanie : l'Hérault enregistre 967 défaillances (+45,2%), la Haute-Garonne 940 (+81,5%), le Gard 502 (+49%), les Pyrénées-Orientales 443 (+67,2%), l'Aude 284 (+73,2%), le Tarn 247 (+88,5%), le Tarn-et-Garonne 208 (+74,8%), les Hautes-Pyrénées 129 (+37,2%), le Gers 113 (+61,4%), l'Aveyron 109 (+67,7%), le Lot 95 (+55,7%), l'Ariège 93 (+52,5%) et la Lozère 31 (+121,4%).
« La plus forte évolution sur un an concerne la Lozère, où le secteur industriel n'y représente que 5% environ des entreprises présentes, décrypte Max Jammot. Il est vraisemblable que le tissu économique, constitué de TPE, a été fragilisé et n'a pu absorber les coûts et surcoûts des matières premières ou de l'énergie. »
Compte tenu du profil du tissu économique français, 89,3% des défaillances concernent des TPE, et c'est la même chose en Occitanie (90,5%).
Du point de vue sectoriel et comme au niveau national, les secteurs les plus concernés par les défaillances d'entreprises sont le BTP (1.093 défaillances en Occitanie), suivi des services aux particuliers (813), des services aux entreprises (389), de la distribution (374), des moyens de transport dédiés aux particuliers (225), et de l'agroalimentaire (166).
« Les principales défaillances en Occitanie sont celles de Scopelec (coopérative spécialisée dans l'installation et l'entretien des réseaux de télécommunications, NDLR), de Moigere (commerce d'alimentation, enseigne Intermarché à Moissac, NDLR), Sigfox (internet des objets, NDLR), Iacono (commerce de détail de matériels audio et vidéo et vente à distance, NDLR).
« Un trend qui risque de s'accélérer »
Au-delà de ce premier trimestre 2023 qui trace une courbe à la hausse, à quoi faut-il s'attendre pour le reste de l'année 2023 ? Si Max Jammot se refuse à être alarmiste, les indicateurs conjoncturels n'invitent pas à l'optimisme...
« On devrait atteindre les 59.000 défaillances en 2023 au niveau national alors qu'avant la pandémie, on tablait sur 50.000 à 52.000 procédures par an, indique-t-il. Beaucoup de paramètres se combinent : instabilité géopolitique, inflation, hausse de l'énergie, prix des matières premières,... On est donc sur un trend qui risque de s'accélérer sur le second semestre 2023. On passerait clairement un gap, et ce serait une évolution impactante pour l'économie. Ce que nous appréhendons, c'est la rentrée de septembre, même si les remboursements des PGE se passent plutôt bien... »
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