"6 M€ de pertes de recettes, et ça peut encore se dégrader", craint Stéphan Rossignol, maire de La Grande Motte

Pour la station balnéaire de La Grande Motte (Hérault), qui enregistre chaque année quelque 2 millions de nuitées marchandes et 600 000 nuitées de résidences secondaires, le tourisme est un ressort économique de premier plan. Et la crise économique générée par le Covid-19 potentiellement une catastrophe annoncée… Entretien avec le maire (réélu le 15 mars) Stéphan Rossignol, à quelques semaines du début des vacances d’été.
Cécile Chaigneau
Stéphan Rossignol, maire de la station balnéaire de La Grande Motte, espère un retour des touristes au plus tôt.
Stéphan Rossignol, maire de la station balnéaire de La Grande Motte, espère un retour des touristes au plus tôt. (Crédits : DR)

A combien se chiffrent les pertes engendrées par la crise sanitaire du Covid-19 sur les recettes de la Ville ?

Stéphan Rossignol : « A environ 6 M€ à ce jour, et ça peut encore se dégrader suivant la saison que nous aurons. Par exemple, le casino représente 120 000 € de recettes sur les jeux par semaine (il a rouvert le 2 juin, NDLR). Il faut compter aussi ce que rapportent le golf, les droits de terrasse, les stationnements payants, les droits de mutation sur les transactions. Également les taxes de séjour. On va voir si les touristes reviennent, et on sait déjà que les deux hôtels Accor vont rouvrir le 1e juillet. On enregistre aussi d'importantes pertes de recettes sur l'exploitation du Palais des congrès sur le segment du tourisme d'affaires, qui représente 30 à 35 % du tourisme à La Grande Motte. Le prévisionnel 2020 était exceptionnel mais toutes manifestations ont été annulées jusqu'en septembre... »

Vous avez initié une pratique innovante de la plage en attendant le déconfinement, la plage « organisée ». Quel retour d'expérience en faites-vous ?

« Entre le 21 mai et le 2 juin, en accord avec le préfet, nous avons en effet mis en application l'idée d'une "plage organisée" sur la plage du Couchant, soit 2 000 m2 balisés et divisés en 66 emplacements de de 2, 4 ou 6 personnes, réservables gratuitement en ligne 48 heures à l'avance pour une demi-journée. Cela représentait environ 500 personnes par jour. Cette plage était la seule où on pouvait poser sa serviette ! Ça a été un vrai succès médiatique ! Et les gens sont venus de loin, des Cévennes ou d'Avignon... Au départ, certains s'inscrivaient mais ne venaient pas. On a ensuite fait du surbooking et la plage a été peine à 95 %. Les personnes ont rempli un questionnaire de satisfaction et 99 % étaient satisfaites. Ce système a montré qu'en cas de pandémie future, on pourrait retrouver plus rapidement la plage. »

Ce dispositif vous a-t-il donné des idées pour l'avenir ? Pourrait-il perdurer et installer une conception de plage plus tranquille pour un public ciblé ?

« C'est vrai que les gens qui ont bénéficié de la plage ont trouvé agréable d'avoir de l'espace et de la quiétude, sans avoir l'impression d'être "parqués". Mais il ne faut pas oublier que la plage est publique et gratuite. Et que le dispositif à un coût : il suppose une surveillance nuit et jour pour éviter le démontage du matériel, et du personnel de l'office du tourisme pour accueillir les gens. Et puis on ne peut pas venir en concurrence des 15 plages privées (paillotte, NDLR) qui paient une concession élevée. A ce jour, aucune n'est ouvertes, elles sont en train de monter les structures et ouvriront au mieux fin juin... Mais on ne sait pas si la maladie reviendra. Cette plage aura donc été un laboratoire expérimental pour montrer que ce principe permettrait de faire revenir les gens sur les plages dans conditions sanitaires sécurisées. Je rappelle qu'à La Grande Motte, ce sont 8 personnes sur 10 qui vont à la plage en juillet, août et septembre. »

Où en est aujourd'hui le projet d'aménagement urbain Ville-Port (65 M€, prévoyant la construction de deux bassins et d'un nouveau quartier, bordé d'une promenade de 1,5 km) ?

« On est encore dans les phases d'études, et elles ont été suspendues durant le confinement. Ce projet n'est évidemment pas du tout remis en cause, d'autant que l'État compte sur ce type de projets majeurs pour relancer l'économie. L'État nous a laissé entendre qu'il nous aiderait plus que prévu sur ce projet. Nous allons faire le point avec la SPL qui est maître d'œuvre cette semaine. Le planning initial prévoyait le creusement des deux bassins fin 2021, mais avec la crise, ce sera probablement décalé au 1e semestre 2022... Par ailleurs, on attend la mise en œuvre du plan d'urgence annoncé par le Premier ministre (4,5 Mds € pour amortir les pertes de recettes des collectivités locales, NDLR), même si ça ne compensera pas tout. »

Quid de vos ambitions d'activer la rénovation des logements, qui ne correspondent plus aux attentes des touristes aujourd'hui ?

« La Grande Motte avait été retenue parmi 13 stations estivales et de montagnes (par Atout France et la Banque des Territoires en juin 2018, pour une expérimentation de la rénovation des hébergements touristiques et la réalisation d'économies d'énergie, NDLR). Il ne s'agit pas de subventions mais plutôt d'un accompagnement de la collectivité et des propriétaires de logements. Nous avons retenu de mettre en place un dispositif de home-staging pris en charge financièrement par la ville et l'office du tourisme, accompagné par la Région Occitanie, soit 4 000 € pour chaque logement.  Ensuite, le propriétaire s'engage à faire les travaux de rénovation avec l'accompagnement de la Banque des Territoires pour l'obtention de prêts garantis. Tout ça a été suspendu par le Covid. On voulait le lancer cette année, mais ce sera reporté à 2021. »

Cécile Chaigneau

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